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» sacré, mais qui se sont perdues, à la honte des indigne s » successeurs d'hommes exceptionnels.

» Avant d'entrer en matière, M. Jules Janin vous ra>> conte comment Richardson a été conduit à faire subir » tant d'épreuves à la pauvre Clarisse. C'est qu'il voulait » flétrir l'impuissance de la loi, c'est qu'il voulait montrer » la lacune d'une législation qui n'avait pas pensé à » punir le plus odieux de tous les crimes; le crime de la » violence. C'est que cette loi exacte et minutieuse avait » des textes tels, qu'ils tournaient contre ce qu'ils de>> vaient protéger; de sorte que, lorsque vous abordez le » roman, le traducteur ou plutôt l'abréviateur spirituel » de cette longue histoire vous a initié à toutes les pensées » secrètes de l'auteur primitif, et il vous mène lestement » ensuite, pendant mille pages seulement, jusqu'à la fin » de ce drame, qui jadis comportait quatorze volumes. » C'est la rapidité de la vapeur remplaçant la lenteur des » vieilles pataches, et vous faisant franchir en quelques >> heures la distance qui volait autrefois tant de jours à » votre vie.

» Le roman de Clarisse Harlowe, tel que M. Jules Janin » le présente, est bon à être lu par les esprits sérieux. Sans » doute, ce n'est pas un livre à mettre entre les mains des » jeunes personnes; car, à côté des leçons qu'il offre, il » est de nature à exciter les imaginations malades; mais » quel est le roman que l'on donne à lire aux jeunes » filles! Classé comme chef-d'œuvre, annoté, pour ainsi

dire, par l'intéressante analyse qui le précède, il sort » de la classe des livres ordinaires, et il fera réfléchir ceux » qui savent se défendre du danger que présentent cer»tains passages, dont la pensée, du reste, a été nettement » expliquée. A peine cette imitation a-t-elle paru, qu'elle » a été l'objet d'une grande vogue. Le succès du XVIIIe » siècle a rejailli sur l'édition du XIX. Il ne pouvait en

» être autrement. Le nom de Richardson était un aimant »> naturel, et cet aimant s'est augmenté de tout l'attrait » d'un style élégant et spirituel, corroboré d'aperçus in» génieux, fins, délicats et nettement tracés.

>> THÉODORE Anne. »

Dans un livre intitulé: Le Chemin de traverse, M. Jules Janin a cherché à peindre le moyen de faire son chemin dans le monde doré parisien. C'est un long paradoxe où le culte du veau d'or est constamment mis en avant comme grand moyen de réussite.

Toutes les positions sociales y sont passées en revue et pesées selon leurs avantages ou désavantages; mais ce qui nous a le plus frappé, c'est le jugement que M. Jules Janin porte sur le métier de journaliste et sur la presse, lui initié à toutes les arcanes du journalisme et l'un de ses doyens.

Est-ce une raillerie ou une dénonciation sérieuse, quand, en parlant de la presse, il dit:

« C'est une suite prolongée de haines, de discordes, » de batailles, de calomnies, de grincements de dents. » A ce métier, les plus braves pâlissent, les plus infati» gables se fatiguent, les plus abondants s'épuisent et dé» périssent. La presse est une furie qui se dévore le sein, » après avoir tout dévoré autour d'elle. Elle a tué le gé» nie en France, elle a épuisé à son profit l'esprit, la » gaieté, la satire, la chanson, la comédie, le roman, le » poème, le petit et le grand vers, l'ode, tout ce qui fai»sait la France poétique et littéraire; elle a tué les li» vres; elle a remplacé l'ouvrage pensé et fait à loisir par » une facile improvisation d'une heure; le volume con>> sciencieux et durable par une feuille en l'air qui va et >> qui vient comme une chauve-souris le soir, ou comme >> l'hirondelle le matin; avec la presse périodique, rien

» de grand n'est possible, rien de durable n'est possible; » car la presse est une fille honnête sans être plus heu>> reuse, qui est avide de jouissances précoces; car c'est » un enfant prodigue qui mange son bien en herbe; car » c'est la poésie d'une nation qui a tout dit, qui a tout » fait, qui a tout pensé, qui a tout rêvé, qui a tout épui>> sé, même le néant (1). »

En vérité, on serait tenté d'appeler M. Jules Janin l'enfant terrible du journalisme et de la presse !.......

D'après ce que dit M. Jules Janin, ce doit être une société quelque peu sauvage, et l'on serait presque tenté de croire que messieurs les journalistes sont toujours prêts à s'entre-dévorer.

Et cependant, ce sont ces hommes qui prétendent s'ériger en un autre pouvoir dans l'Etat !.....

Gouvernez donc avec ces fureurs d'Oreste, avec ces calomnies, avec ces grincements de dents!!!....

Avec cette Furie qui se dévore le sein, après avoir tout dévoré autour d'elle.

Eucore une fois, M. Jules Janin parle-t-il sérieusement ou bien s'amuse-t-il aux dépens de sa mère nourricière?

(1) Le Chemin de traverse, par M. Jules Janin, t. I, p. 398-99.

FIN DU PREMIRR VOLUME.

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TABLE DES MATIÈRES

CONTENUES DANS LE PREMIER VOLUME.

DEDICACE.
AVANT-PROPOS.
INTRODUCTION.

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JADIS ET AUJOURD'HUI. -M. DE LAMARTINE.

La vocation poétique de M. de Lamartine.
M de Lamartine poëte classique...

M. de Lamartine poëte romantique.

Les Confidences et Raphaël......

Voyage de M. de Lamartine en Orient..

M. de Lamartine législateur romantique et poëte hu-

manitaire....

M. de Lamartine historien...

Rôle de M. de Lamartine en 1848....

Jugements sur M. de Lamartine.

La Chute de l'homme.....

LE MESSIE DE LA RENAISSANCE LITTÉRAIRE. -M. VICTOR HUGO.

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Pages.

V

VII

1

9

15

26

56

66

68

78

101

105

106

Appréciations sur l'école romantique à son début.... 123
Le Rénovateur et son caractère...

L'enfant sublime......

IV. Le vrai et le faux...

V.

VI.

VII.

VIII.

IX.
X.

XI.

-

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La théorie du grotesque...

.....

......

M. Victor Hugo, auteur dramatique...

Madame Émile de Girardin, son jugement sur MM. de
Lamartine et Victor Hugo....

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Le Rhin; M. Victor Hugo élevé à la pairie; les pairs
menacés d'un procès genre romantique

L'homœopathic littéraire....

M. Victor Hugo cherche à détrôner Voltaire.

Les évolutions de drapeau de M. Victor Hugo..

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