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la surface, George Sand, au contraire, s'évertue à labourer les intelligences, afin de jeter dans ce sol si profondément remué une semence qui doit produire des fruits empoisonnés. Il enseigne, pour ainsi dire, la démoralisation en professeur, ex cathedra; il met une onction doctorale à nous initier dans tous les mystères du vice et des passions les plus désordonnées; il découvre, il met à nu ce que d'autres ont eu soin de voiler, ne fût-ce que par épicurisme, pour exciter davantage la curiosité ou le plaisir.

Enfin il fallait à la Babel de 1830 un romancier comme George Sand, pour que la confusion pût y être complète.

Heureusement que la France peut opposer à ces femmes auteurs qui ont jeté leur bonnet par-dessus les moulins, d'autres femmes qui savent manier la plume avec autant de bonheur que de délicatesse.

Nous citerons comme modèles : madame Emile de Girardin, à la fois poëte, romancier et critique fin et spirituel; puis madame Standish de Noailles, qui s'est fait un nom parmi les littérateurs de bon goût par son opuscule sur la Vicomtesse de Noailles; puis encore une femme d'un grand mérite, mais modeste, au point qu'elle n'a pas voulu que son livre vit le jour de son vivant. Nous voulons parler de madame Rousseau, qui a écrit le Testament moral, livre utile et charmant tout à la fois.

Toutes ces dames ont honoré leur sexe, tandis que ces femmes affublés de nom d'homme, semblent le renier ou avoir compris qu'elles professent des principes si opposés à leurs devoirs de femme et d'épouse, qu'au lieu d'être un ornement de leur sexe, elles en sont.........., et qu'il ne leur reste qu'à recourir à une virilité apocryphe, qui se trahit à tout moment. C'est, il faut le dire, un étrange travers d'esprit que de ne pas soutenir cette lutte contre les hommes à visière levée, en vraie amazone.

LE CRITIQUE ROMANTIQUE

M. JULES JANIN.

« Comme un autre a dit : L'État, c'est moi!, » Vous vous écriez modestement: La critique, c'est moi!

(Réponse au critique marié, de M. Rolle.)

LE CRITIQUE ROMANTIQUE

I

Le genre de M. Jules Janin.

LE MARIVAUDAGE. LE CRITIQUE MARIE.

Quand on s'est rendu coupable d'avoir écrit un livre comme l'Ane mort et la Femme guillotinée, qu'on a traduit le Voyage sentimental de Sterne, qu'on le comprend, puisqu'on l'admire, on peut passer, à bon droit, pour un romantique pur sang. Et cependant, à côté de ces productions de l'école, il y en a une autre due à la plume du même écrivain et que l'on peut appeler classique : ce livre, c'est le Martyre de la Reine, opuscule charmant qui fit répandre des larmes à une femme qui avait vu de près l'infortunée Marie-Antoinette, et qui, après l'avoir lu, s'écria douloureusement: «Quand on a vu de près >> tant de grâces, tant de charmes, entourés de tant de » grandeurs, le récit de ces infortunes déchire le cœur ; » pauvre reine ! ! ! »

La femme qui s'exprimait ainsi était madame la comtesse de Balbi.

Comment expliquer ceci? Y avait-il donc deux individus dans M. Jules Janin? Non; mais il mangeait à deux râteliers: il amusait les libéraux sceptiques de la Chaussée-d'Antin, et il édifiait le faubourg Saint-Germain, car il puisait à deux caisses à celle du Figaro et à celle de la Quotidienne, et l'on connaît le mot devenu

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