OBSERVATIONS DIVERSE S. (1) Pour porter des herbes au marché Tous ces mots semblent être bannis de la langue poétique. Voyez comme le génie sait les naturaliser, les ennoblir! Dira-t-on que Virgile ait déroge lorsqu'il a exprimé la même idee dans ces vers: Sæpè oleo tardi costas agitator aselli Vilibus aut onerat pomis, etc. (Georg. L. I. v. 273) (2) Belle nécessité d'interrompre mon somme ! Voilà donc le plus grand malheur dont il ait à accuser le Destin, celui de ne pouvoir dormir tout à son aise! Ce sérieux mêlé à sa plainte la rend vraiment burlesque. (3) Croit-il étre le seul qui ne soit pas content ? Hélas! non. Comment se fait-il au contraire, demanderons-nous avec Horace, que personne ne vit satisfait de la condition à laquelle la raison on le sort l'a soumis? (L. I. Sat. Ire.) FABL E X I I. Le Soleil et les Grenouilles. (Avant La Fontaine). ORIENTAUX. Sanbader, fab. 6. GRECS. Gabrias, f. 20. LATINS. Phèdre, Liv. I. fab. 6. Camerar. et manusc. de la biblioth. de Saint-Victor (dans le Phèdre de Laurent, pag. 25). Aux noces d'un tyran tout le peuple en liesse (1) Esope seul trouvoit que les gens étoient sots Le Soleil, disoit-il, eut dessein autrefois Aussitôt on ouït, d'une commune voix, Se plaindre de leur destinée Les citoyennes des étangs, Que ferons-nous s'il lui vient des enfants? A l'eau du Styx (2). Pour un pauvre animal, Grenouilles, à mon sens, ne raisonnoient pas mal (3). (Depuis La Fontaine). FRANÇAIS. Benserade, fab. 149. LATINS. Desbillons, Liv. III. fab. 30. fav. 21. ITAL. Luig. Grillo, OBSERVATIONS DIVERSES. (1) Tout un peuple on liesse. En réjouissance. Ainsi, dist P'anurge, que je regardois en grand liesse ce beau feu. (Pantagr. L. II. ch. 14.) Ce mot est bien plus vieux que Rabelais. Villon: L'ung me fait paour (peur); l'autre joye et lyesse. (Grand Testam. page 46.) (2) A l'eau du Styx. Fleuve des enfers: Victimes que le Styx, bordé de noirs roseaux, a dit M. l'abbé Delisle. (Trad. des Georg. L. IV. p. 327.) pauvres Grenouilles, à mon sens, etc. Il faudroit: pour de animaux. (Avant La Fontaine), ORIENTAUX. Pilpay, Contes Indiens, T. II. pag. 176. · GRECS. Esope, fab, 173. Gabrias, fab. 42. LATINS. Phèdre, Liv. IV. fab. 18. Anonyme, fab. 10. Faerne (Puer et Scorpius). Camerar. pag. 200. FRANÇAIS. Marie de France. (Ysopet; l'Homme, le Renard et le Serpent). ESOPE conte qu'un manant (1), Un jour d'hiver se promenant Le Villageois le prend, l'emporte en sa demeure; Il l'étend le long du foyer, Le réchauffe, le ressuscite. L'animal engourdi (3) sent à peine le chaud, Il lève un peu la tête, et puis siffle aussitôt, Un tronçon, la queue, et la tête. L'insecte, sautillant, cherche à se réunir; Mais il ne put y parvenir. Il est bon d'être charitable : Mais envers qui? c'est là le point (5). (Depuis La Fontaine). FRANÇAIS. M. Villemain, dans le Fablier de la Jeunesse, par Berenger, Liv. II. fab. 98.— LATINS. Desbillons, Liv. II. fab. 42. Le Beau, Carmina, p. 17.-ALLEM. M. Lessing, Liv. Il. fab. 3. —ITAL. Luig. Grillo, fav. 33. OBSERVATIONS DIVERSES. (1) Manant. Ce mot en vieillissant a perdu son acception primitive: il n'est plus qu'une épithète injurieuse. Ici il veut dire résidant à la campagne, un villageois. (2) Quel sera le loyer. On dit le loyer d'une maison, et le prix ou salaire d'une action. (3) L'animal engourdi, etc. «Les serpens ne perdent pas leur venin pour être engourdis par le froid, ni l'ambitieux ses vices pour les couvrir sous une froide dissimulation ». (Charron.) Le même philosophe a dit en un autre endroit : « Il y a plusieurs vices en nous cachés qui ne se sentent qu'à force de les violenter; ainsi que le serpent venimeux qui, engourdi de froid, se laisse manier sans danger». ( de la Sagesse, L. I. ch. 1.) (4) Il lève un peu la téte, etc. Comparez à ees beaux vers ceux de Virgile, sur le même sujet :Sæpe sub immotis præsepibus, etc., ainsi traduits en français par M. l'abbé Delisle. : Quelquefois sous la crêche une affreuse Vipère, Vas, cours, soulève un tronc, saisis-toi d'une pierre: Mais envers qui? c'est-là le point. Maxime importante. On lit de même dans nos livres sacrés : Quand vous faites du bien, voyez à qui vous le faites: si benefeceris, vide cui benefeceris. Il est honorable à la sagesse humaine de se rencontrer dans son langage avec la sagesse suprême. Pour mesurer la distance que La Fontaine a laissée entre lui et ses imitateurs, mettons en regard de cet apologue une des plus jolies fables qui aient été faites dans ce siècle : celle de l'Enfant et du Serpent, par M. Poinsinet le jeune, qui l'a imitée de Lessing. Cette charmante composition pleine de facilité, de mollesse et de philosophie, se trouve dans le Fablier français, page 129. On peut rapporter à ce sujet les fables d'Esope, 276 et 117. Un Serpents; à peine éclos, ils dévorent leur nourrice. Imité par Mérard FABLE XIV. Le Lion malade et la Renard. (Avant la Fontaine). ORIENTAUX. Lockman, fab. 6. GRECS. Esope, fab. 137. Aphtone, fab. 8. LATINS. Faerne, fab. 74. Horat. I. Ep. Iere. v. 72. Burman, append. að Phædr. f. 30. Rimicius, II. 9. Anonyme dans le Phèdre de Barbou, p. 134. Tanaquill. faber ex arab. Lockm. f. 9. Philibert Hegemon, fab. 9. DE par le Roi (1) des animaux, Qui dans son antre étoit malade, Que chaque espèce en ambassade 1 1 |