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(Depuis La Fontaine). FRANÇAIS. Benserade, fab. 175. Fables en chansons, L. IV. fab. 47. LATINS. Jaius, Bibl. Rhetor. T. I pag. 751. Desbillons, L. V. fab. 5.

NOTES D'HISTOIRE NATURELLE.

LE CERF est un de ces animaux innocens et tranquilles qui ne semblent faits que pour embellir et animer la solitude des forêts, et occuper loin de nous les retraites paisibles de ces jardins de la nature. Sa forme élégante et légère, sa taille aussi svelte que bien prise, ses membres flexibles et nerveux, sa tête parée plutôt qu'armée d'un bois vivant, et qui, comme la cime des arbres, tous les ans se renouvelle; sa grandeur, sa légèreté, sa force, le distinguent assez des autres habitans des bois.

LA VIGNE est, après le bled, la branche la plus considérable de l'agriculture. Son bois vil, tortueux, informe, produit la plus excellente boisson. Elle est originaire d'Asie, d'où elle fut apportée en Europe. Selon les livres saints, ce fut le restaurateur du genre humain qui le premier façonna la vigne, et fit sur lui-même l'essai de la douce et dangereuse liqueur qu'elle produit. La Mythologie, ne croyant pas cette origine assez noble pour une découverte aussi précieuse, a créé son Bacchus pour lui faire honneur de cette invention.

OBSERVATIONS DIVERSES.

Par respect pour les commentateurs, nous avons réuni sous une même indication, les fables analogues à ce sujet, et celles qui se rapportent à la fable 9 du livre VI ( le Cerf se voyant dans l'eau),

(1) Et telle qu'on en voit en de certains climats. Par exemple dans l'Italie, où elle n'est point rampante, ni soutenue par de foibles échalas, mais où, comme dit Virgile dans son élégant Traducteur,

Ses robustes rameaux

Par des noeuds redoublés embrassent les ormeaux.

(Georg. Liv. III. p. 169. )

(2) La meute en fait curée. C'est la portion qui revient aux Chiens, de la bête prise à la chasse. Régnier, dans une de ses satyres,

Car j'eus au son des plats l'ame plus altérée
Que ne l'auroit un Chien au son de la curée.

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(3) De pleurer. C'est une opinion généralement admise, que le Gerf pleure à ses derniers momens.

A quelques larmes près, il mourut constamment,

a dit Furetière (fab. 14).

(4) Un écrivain moderne attaque le même vice, ce vice honteux et barbare de l'ingratitude, dans un apologue qui ne manque point de rapports avec celui-ci.

Le Chene et le Pourceau.

Au pied d'un Chêne superbe,
Dom pourceau, toujours grognant,
S'en alloit toujours grugeant
Le gland qui tomboit sur l'herbe;
Etonné de cette humeur
Du disciple d'Epicure,
Notre Chêne avec douceur
Lui dit animal grondeur,
En prenant ta nourriture,
Au moins, à ton bienfaiteur,
Daigne épargner le murmure.
A ce portrait, vils ingrats,
Vous avez baissé la tête,
Je ne sais ce qui m'arrête;
Mais, je ne vous nomme pas,
Quoique ma liste soit prête.

Ta

FABLE XVI.

Le Serpent et la Lime.

(Avant La Fontaine). ORIENTAUX. Lockman, fab. 28 (le Chat). GRECS. Esope, fab. 187 et 81 (la Belette). LATINS. Phèdre, Liv. IV. fab. 7. Anonyme, fab. 51. Camerarius (la Belette).

ON
conte (1) qu'un Serpent, voisin d'un Horloger
[C'étoit pour l'Horloger un mauvais voisinage],
Entra dans sa boutique, et cherchant à manger,
N'y rencontra pour tout potage

Qu'une Lime d'acier qu'il se mit à ronger.
Cette Lime lui dit, sans se mettre en colère :
Pauvre ignorant! Eh! que prétends-tufaire ?
Tu te prends à plus dur que toi,
Petit Serpent à tête folle :

Plutôt que d'emporter de moi

Seulement le quart d'une obole,

Tu te romprois toutes les dents :
Je ne crains que celles du temps (2):

Ceci s'adresse à vous, esprits du dernier ordre,
Qui n'étant bons à rien, cherchez surtout à mordre:
Vous vous tourmentez vainement.

Croyez-vous que vos dents impriment leurs outrages Sur tant de beaux ouvrages?

Ils sont pour vous d'airain, d'acier, de diamant.

(Depuis La Fontaine). FRANÇAIS. Fables en chansons, L. II. fab. 20. Voyez aussi un recueil de vers en l'honneur de Marot, imprimé à Lyon, sans date, sous le titre les Disciples et Amis de Marot, contre Sagon, la Hueterie, etc. vers le milieu du livret.

OBSERVATIONS DIVERSES.

Une Lime qui parle ! On se fait difficilement à cette illusion. Homère anime les forges de Vulcain; à sa voix, les instruments du Dieu se meuvent d'eux-mêmes mais Homère s'est bien gardé de faire parler des tenailles. Ne faisons pas plus de grâce à La Fontaine que nous n'en eussions fait à Homère; ils sont tous deux si fort audessus de nos éloges et de nos critiques! Disons qu'il y avoit bien d'autres acteurs à substituer à celui-ci. Mais ajoutons que cette fable étant un présent de l'antiquité, La Fontaine a cru devoir en conserver jusqu'au merveilleux qui outre la vraisemblance: comme sur certains antiques on laisse religieusement subsister la rouille qui les dépare.

Ajoutons que l'application de la Lime à un écrit n'est pas heureuse la Lime sert à polir l'ouvrage, elle n'est pas l'ouvrage ellemême.

(1) On conte. C'étoit-là l'exorde ordinaire aux anciennes fables, observe le rhéteur Théon : par-là on sauvoit l'invraisemblance du récit.

(2) Je ne crains que celles du temps. Non, divin La Fontaine ! le temps même n'a rien de redoutable pour l'écrivain qui te ressemble. Sans doute, il détruit tout, et ses ravages sont rapides autant qu'inévitables: mais tout son pouvoir expire contre les monuments du génie. « Rien, dit un philosophe, ne peut leur nuire : aucune durée n'en effacera ni n'en affoiblira le souvenir, et le siècle qui le suivra et les siècles qui s'accumuleront les uns sur les autres ne feront qu'ajouter encore à la vénération qu'on aura pour eux: Nec poterit ferrum nec edax abolere vetustas.

FABLE XVII.

Le Lièvre et la Perdrix.

(Avant la Fontaine). LATINS. Phèdre, Liv. I. fab. 9. Avien, fab. 26.

IL

ne se faut jamais moquer des misérables :
Car qui peut s'assurer d'être toujours heureux (1) ?
Le sage Esope, dans ses fables,

Nous en donne un exemple ou deux.
Celui qu'en ces vers je propose,

Et les siens, ce sont même chose (2).

Le Lièvre et la perdrix, concitoyens d'un champ, Vivoient dans un état, ce semble, assez tranquille, Quand une meute s'approchant,

Oblige le premier à chercher un asyle:

Il s'enfuit dans son fort, met les Chiens en défaut, Sans même en excepter Brifaut (3).

Enfin il se trahit lui-même

Par les esprits sortant de son corps échauffé (4).
Miraut (5), sur leur odeur ayant philosophé,
Conclut que c'est son Lièvre; et,
c'est son Lièvre; et, d'une ardeur extrême,
Il le pousse; et Rustaut (6), qui n'a jamais menti,
Dit que le Lièvre est reparti.

Le

pauvre malheureux vient mourir à son gîte.
La perdrix le raille, et lui dit :

Tu te vantois d'être si vite:

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