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(Depuis La Fontaine ). FRANÇ. Fables en chansons, L. I. f. 17

- LATINS. Desbillons, L. I. fab, 28.

NOTE D'HISTOIRE NATURELLE.

LIEVRE. Voyez Liv. II. fab. 14.

OBSERVATIONS DIVERSES.

(1) Quelque inquisiteur. Délateur faisant métier de dénoncer. (2) Grillon. Petit insecte ou espèce de Cigale, de couleur noire, que l'on entend plus qu'on ne le voit: il habite les champs et les maisons; son cri est aigu et perçant.

(3) Autruche. Gros oiseau, fort haut sur ses jambes, ayant le col très-long, des oreilles extrêmement courtes, les pieds faits comme ceux d'un chameau.

(4) Licornes. Animal sauvage, assez semblable à un petit cheval, portant, selon quelques relations, une corne au milieu du front. Il naît dans la Haute Ethiopie. La corne de cet animal a donné lieu à bien des contes dont on peut voir le détail et la réfutation dans le Traité des Erreurs populaires de Primerose. Ch. 38. Et cornes de Licornes. Cette consonance fait ici un très-bon effet, parce qu'elle arrête l'esprit sur l'idée de l'exagération qu'emploient les accusateurs.

(5) Iront aux Petites maisons. Passeront pour extravagances. Petites maisons, dépôt des foux à Paris.

Dans Faerne, le Lion bannit de ses états tous les animaux sans queue. Le Renard effrayé plioit bagage; un Singe le voit et lui dit : L'édit du roi ne vous regarde pas. Qu'en sait-on, reprend le Renard, peut-être plaira-t-il à sa majesté de me voir, oui moimême, en tête des animaux qui n'ont point de queue.

Innocent ou coupable, tout est égal à la tyrannic. M. l'abbé Aubert a une fable à-peu-près semblable. (Liv. VII. fab. 12.)

FABLE V.

Le Renard qui a la queue coupée.

(Avant La Fontaine). GRECS. Esope, fab.

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Faerne, f. 67. Rimicius, L. III. f. 17. Anonyme, 46, et Romul. 36 (dans l'Append, du Phèdre de Barbou, pag. 126 ).

UN vieux Renard (1), mais des plus fins, Grand croqueur de Poulets, grand preneur de Lapins(2), Sentant son Renard d'une lieue (3),

Fut enfin au piége attrapé.

Par grand hasard en étant échappé,

Non pas franc, car pour gage il y laissa sa queue;
S'étant, dis-je, sauvé sans queue et tout honteux,
Pour avoir des pareils [ comme il étoit habile ],
Un jour que
les Renards tenoient conseil entre eux :
Que faisons-nous, dit-il, de ce poids inutile (4),
Et qui va balayant tous les sentiers fangeux (5)?

Que nous sert cette queue? Il faut qu'on se

la

coupe.

Si l'on me croit, chacun s'y résoudra. Votre avis est fort bon, dit quelqu'un de la troupe;

Mais tournez-vous,

de grace,

et l'on vous répondra.

A ces mots il se fit une telle huée,

Que le pauvre écourté ne put être entendu.

Prétendre ôter la queue eût été temps perdu :
La mode en fut continuée.

(Depuis La Fontaine). FRANÇAIS. Benserade, fab. 166. LATINS. Jaius, Bibl. Rhetor. T. II. pag. 744. Desbillons, Liv. V. fab. 26. ITAL. Luig. Grillo, fav. 29.

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OBSERVATIONS DIVERSES.

(1) Un vieux Renard. Comme dans la dernière fable du troisième livre, il a dit du Rat:

C'étoit un vieux routier; il savoit plus d'un tour.

A sa finesse naturelle se joint la longue expérience qu'amènent les

années.

(2) Grand croqueur de poulets, grand preneur de lapins. Voilà ses exploits on diroit un général au milieu de ses trophées. Un fabuliste moderne a imité ainsi ce vers:

Un coquin de Renard, grand croqueur de lapreaux.

(César de Missy, fab. 20.)

(3) Sentant son Renard d'une lieue. Soit par la terreur qui le devance, soit par son adresse à découvrir au loin le gibier. L'abbé Batteux cite cette description comme un modèle dans la peinture des mœurs (Princ. de littér. T. I. pag. 221). Marot, dans sa fameuse épître à François Ier.:

Sentant la hart de cent pas à la ronde.

(4) Que faisons-nous, dit-il, de ce poids inutile? Il n'a pas osé l'appeler par son nom: précaution oratoire par laquelle il commence par avilir ce qu'il veut supprimer. La Fontaine avoit sous les yeux la fable latine qui dit :

Quid enim... cauda tantæ longitudinis

Prodest? Quò tantum pondus per terram trahis?

(5) Et qui va balayant tous les sentiers fangeux. L'art de la poésie consiste non-seulement à peindre par les sons, mais à répandre de la noblesse et de la pompe sur les objets mêmes qui en paroissent le plus éloignés. Ce double mérite réuni dans ce vers, en fait un des plus beaux de ce recueil. Et qui va balayant. Substituez qui balaye, la magie a disparu. Va balayant exprime d'ailleurs une fonction basse. Tous les sentiers fangeux.

La

La cadence lente et paresseuse de ce vers se fait reconnoître sur-tout à la déclamation: vous ne le lisez pas, vous le chantez.

(6) Mais tournez-vous, de grace. Molière n'auroit pas dit la chose d'une manière plus comique.

J. B. Rousseau fait allusion à cette fable, dans ces vers quí commencent la 3e. Epig. du L. II :

Léger de queue, et de ruses chargé,
Maître Renard se proposoit pour règle.

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(Avant La Fontaine ). GRECS. Esope, fab. 79.

IL étoit une Vieille (1) ayant deux chambrières :
Elles filoient si bien, que les sœurs filandières (2)
Ne faisoient que brouiller au prix de celles-ci.
La Vieille n'avoit point de plus pressant souci
Que de distribuer aux servantes leur tâche.
Dès que Thétis chassoit Phœbus aux crins doré? (3),
Tourets entroient en jeu (4), fuseaux étoient tirés,
Deçà, delà, vous en aurez (5):

Point de cesse, point de relâche.

Dès que l'Aurore, dis-je, en son char remontoit (6), Un misérable Coq à point nommé chantoit :

Aussitôt notre Vieille, encor plus misérable (7), S'affubloit d'un jupon crasseux et détestable (8), Allumoit une lampe, et couroit droit au lit, Où de tout leur pouvoir, de tout leur appétit

Tome I.

S

Dormoient les deux pauvres Servantes. L'une entr'ouvroit un œil, l'autre étendoit un bras,

Et toutes deux, très-mal contentes,

Disoient entre leurs dents; maudit Coq! tu mourras.
Comme elles l'avoient dit, la bête fut gripée :
Le réveille-matin (9) eut la gorge coupée.
Ce meurtre n'amenda nullement leur marché.
Notre couple au contraire, à peine étoit couché,
Que la Vieille craignant de laisser passer l'heure,
Couroit comme un Lutin (10) par toute sa demeure.

C'est ainsi que le plus souvent,

Quand on pense sortir d'une mauvaise affaire,
On s'enfonce encor plus avant :

Témoin ce couple et son salaire.

La Vieille, au lieu du Coq, les fit tomber par-là, De Charybde en Scylla (11).

(Depuis La Fontaine). - FRANÇAIS. Benserade, fab. 164. — LATINS. Desbillons, Liv. IV. fab. 20.

OBSERVATIONS DIVERSE S.

Les êtres raisonnables, comme dans la fable de la Vieille et des deux Servantes, n'offrent pas assez de merveilleux, a dit M. de La Serre (Encycl. in-8°. art. Apologue). Ce seroit là un reproche commun à toutes les fables où il n'entre point d'animaux; ils en sont véritablement les agens naturels, en quelque sorte nécessaires. La poésie se soutient par la fable, et vit de fictions.

(1) Il étoit une Vieille. Ce début ordinaire aux contes du temps passé, et si agréablement parodié dans les vaudevilles modernes, s'adapte très-bien avec le caractère des personnages: c'est là en quelque sorte un style de costume.

(2) Les sœurs filandières. Les Parques occupées, selon les poètes,

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