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fab. 25. Rimicius, IV, 15. Anonyme, 52, et Romul. 44, dans le Phèdre de Barbou, pag. 129.

ON exposoit une peinture,
Où l'artisan (1) avoit tracé
Un Lion d'immense stature,

Par un seul Homme terrassé.

Les regardants en tiroient gloire.
Un Lion passant (2) rabattit leur caquet:
Je vois bien, dit-il, qu'en effet

On vous donne ici la victoire :
Mais l'ouvrier vous a déçus;

Il avoit liberté de feindre.

Avec plus de raison nous aurions le dessus,
Si mes confrères savoient peindre.,

(Depuis La Fontaine ). LATINS. Desbillons, L. III. fab. 24. FRANC. Benserade, fab. 69. Boileau :

Sans examiner si vers les antres sourds,

L'Ours a peur du passant ou le passant de l'Ours;

Et si, sur un édit des Pâtres de Nubie,
Les Lions de Barca videroient la Lybie,
Ce maître prétendu qui leur donne des loix,
Ce Roi des animaux, etc.

(Satyre VIII.)

Groselier, fable intitulée l'Ours et le Chasseur; l'animal provoque l'homme et le raille sur son titre de Roi (Voyez Fabl. franç. pag. 23). Fables en chansons, L. II. fab. 12. Mandeville, fable dialoguée de l'Homme et du Lion, dans la fable des Abeilles, T. I. remarq. P. L'auteur du Cymbalum mundi prête les mêmes raisonnemens au cheval Phlégon, un des interlocuteurs de son 3e. dialogue, p. 126. C'est de la combinaison de cette moralité avec la fable de La Fontaine, que Voltaire a fait la sienne, intitulée l'Homme et le Lion. -ITAL. Grillo, fav. 46.

OBSERVATIONS DIVERSES.

(1) Où l'artisan avoit tracé. De même dans la fable du Sta

tuaire :

L'artisan exprima si bien

Le caractère de l'idole, etc.

La Fontaine l'a imité des anciens auteurs. Baif, s'adressant à l'Amour:

Tel qu'en ton cœur, Artisan, tu l'avois, etc.

Artisan n'est point le mot: il faudroit artiste. Artisan, ouvrier dans un art mécanique, homme de métier. Artiste, celui qui travaille dans un art où le génie et la main doivent concourir.

(2) Un Lion passant. Lion n'a plus dans ce vers la même mesure qu'il a deux vers plus haut. C'est une de ces légères inexac titudes auxquelles il ne faut pas prendre garde dans les ouvrages de génie, et sur-tout dans ceux de La Fontaine, mais qu'il ne faudroit pas se permettre aujourd'hui. Les éditions nouvelles portent: Un Lion en passant.

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( Avant La Fontaine). GRECS. Esope, fab. 159. Gabrias, 18. — LATINS. Phèdre, L. IV. fab. 3. Camerarius, fab. 157.

CERTAIN Renard gascon, d'autres disent normand(1), Mourant presque de faim, vit au haut d'une treille, Des raisins mûrs apparemment (2),

Et couverts d'une peau vermeille. Le galant en eût fait volontiers un repas.

Mais comme il n'y pouvoit atteindre,

Ils sont trop verds, dit-il, et bons pour des goujats (3). Fit-il pas mieux que de se plaindre (4) ?

(Depuis La Fontaine). FRANÇAIS. Boursault, Lettresou Œuvres mélées, T. III. pag. 373. Fables en chansons, Liv. I. fab. 12. ITAL. Luig. Grillo, fav. 27.

OBSERVATIONS DIVERSES.

(1) Certain Renard Gascon, d'autres disent Normand. Veut-on parler d'un de ces fanfarons, qui, à les entendre, n'ont jamais tort, habiles qu'ils sont à sortir d'un mauvais pas par une saillie? On dit : c'est un Gascon. D'un menteur adroit, cauteleux, qui sait se ménager un sens détourné dans tout ce qu'il dit? c'est un Normand. Les acteurs de La Fontaine sont des animaux, c'est un Renard: son Renard devient donc naturellement un Gascon ou un Normand, comme on voudra.

On lit dans une comédie:

L'intérêt est Normand, et l'honneur est Gascon.

(Comédie du Triomphe de l'Intérêt, dans le Nouvelliste page 66.)

du Parnasse, T. I.

(2) Apparemment. Paroissant être ce qu'ils étoient en effet, du verbe apparere.

(3) Goujats. Ce qu'il y a de plus vil dans le rebut des armées. « On a critiqué ce vers, et l'on a eu raison. Les goujats n'ont que faire là.» (Champfort.)

(4) Fit-il pas mieux ? Il faudroit: ne fit-il pas mieux? « D'ôter ici la négative, ce peut être une commodité pour les poètes; mais ils doivent donner un ton aisé à leurs vers, sans que ce soit aux dépens de la véritable construction ». (Thomas Corneille.)

FABLE XII.

Le Cygne et le Cuisinier.

(Avant La Fontaine). GRECS. Esope, 74. Aphtone, 2.LATINS, Avien 53. Faerne, 25.

ANS une ménagerie

De volatiles remplie,

Vivoient le Cygne et l'Oison :

Celui-là destiné pour les regards du maître,
Celui-ci, pour son goût : l'un qui se piquoit d'être
Commensal du jardin, l'autre de la maison.
Des fossés du château faisant leurs galeries,
Tantôt on les eût vus côte à côte nager,
Tantôt courir sur l'onde, et tantôt se plonger,
Sans pouvoir satisfaire à leurs vaines envies (1).
Un jour le Cuisinier, ayant trop bu d'un coup,
Prit pour Oison le Cygne; et le tenant au cou,
Il alloit l'égorger, puis le mettre en potage.
L'Oiseau, près de mourir, se plaint en son ramage.
Le Cuisinier fut fort surpris,

Et vit bien qu'il s'étoit mépris.

Quoi! je mettrois, dit-il, un tel chanteur (2) en soupe? Non, non, ne plaise aux Dieux que jamais ma main coupe La gorge à qui s'en sert si bien !

Ainsi dans les dangers qui nous suivent en croupe (3), Le doux parler ne nuit de rien.

(Depuis La Fontaine). FRANÇAIS. Fables en chansons, L. III. fab. 23.

NOTES D'HISTOIRE NATURELLE.

CYGNE, le plus beau et le plus grand des Oiseaux aquatiques. Il nage avec une noblesse, une aisance et une grace singulières. Il est d'une blancheur qui a passé en proverbe. Tout son corps est couvert d'un plumage mollet et délicat. On dit que le Cygne a servi de modèle pour perfectionner la fabrique des navires. Son col est très-long et composé de vingt-huit vertèbres, ce qui met le Cygne, lorsqu'il se promène sur l'eau, en état d'atteindre sa proie à une profondeur considérable.

L'OIE, Oiseau domestique très-connu dans nos bassecours, sur nos tables et dans nos jeux. Le mâle se distingue par le nom particulier de Jars.

OBSERVATIONS DIVERSES.

(1) Tantôt on les eût vus côte à côte nager, Tantôt courir sur l'onde, et tantôt se plonger,

Sans pouvoir satisfaire à leurs vaines envies. Traduction aussi élégante que fidelle de ces vers des Géorgiques:

Nunc caput objectare fretis, nunc currere in undas,

Et studio incassum videas gestire lavandi.

(2) Un tel chanteur. La tradition qui accorde au Cygne la faculté de chanter agréablement, a pour autorité tous les poètes

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