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différentes fources. Atkins embraffe COULEUR ouvertement (6) cette opinion. Mais DES NEGRES. la difficulté eft de fçavoir au fond fi elle peut s'accorder avec le récit de Moïfe, qui fait fortir nettement tous les hommes d'une même fouche. Labat ne répand pas beaucoup de jour fur la question, en nous apprenant (7) que fuivant la tradition des Négres, Noé avoit trois fils, l'un blanc, l'autre bazané, le troifieme noir; & qu'ils eurent chacun une femme de leur couleur. Cette fuppofition expliqueroit fort bien pourquoi les trois poftérités font différentes; mais elle nous laiffe dans le même embarras fur la différence des trois peres.

Quelque parti qu'on prenne, il faut admettre que la différence des couleurs vient de celle des fens ou du tissu des tégumens du corps. Le Docteur Pechlin prétend que la noirceur dans les Négres ne vient pas de la peau même, mais de l'épiderme. Il s'appuie fur fes propres obfervations, qui fe trouvent confirmées par celles de Riolan. Cependant l'Académie Royale des Sciences de Paris croit avoir découvert que cette couleur n'eft ni dans

(6) Voyage de Guinée par Atkins, p. 39. (7) Afrique Occidentale, Vol. II. p. 268.

DES NEGRES.

COULEUR la peau ni dans la chair, & qu'elle eft dans un petit réticule, compofé de fibres extrêmement douces & délicates, qui fe trouve placé entre l'épiderme & la peau réticule, qui eft blanc dans les Blancs & noir dans les Négres. L'Académie avoue que ce réticule noir ne paroît pas à la plante des pieds d'un Négre, ni à la paulme de fes mains, & que ces deux parties font blanches dans tous les Négres. Mais la queftion n'eft pas dans quelle partie la noirceur fe trouve, ni fi le réticule des Négres eft noir. Ce qu'on cherche, c'eft la caufe de la noirceur, & pourquoi ce réticule feroit noir dans les Négres & blanc dans les Blancs.

Labat, fans prendre aucun parti, propofe feulement quelques obfervations, qu'il a faites lui-même fur cette matiere, pendant qu'il demeuroit aux Indes Occidentales (8).

I. Il affure que fi les Négres fe brûtlent par quelque accident, la peau qui leur renaît aux parties brûlées est tout-à-fait blanche. Que devient alors le réticule?

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II. Que les Négres, dans leurs maladies, perdent entierement leur cou

(8) Ibid, p. 260. & fuiv.

COULEUR

leur, & deviennent pâles, à propor tion de la violence & de la longueur DES NEGRES. du mal. On en a vû d'une telle pâleur, qu'à peine les diftinguoit-on d'un Blanc de foible complexion.

III. Que le corps des Négres, après leur mort, devient plus noir qu'il n'étoit pendant leur vie, quoiqu'il ait été fort pâle dans le couts de la maladie.

IV. Que les enfans des Négres, en naiffant, font de la même couleur que ceux des Blancs, à l'exception des parties naturelles qu'ils ont noires, & d'un cercle noir à la racine des ongles.

V. Que dans l'Ifle de Biffao, ou Biffaux, en Afrique, on a vû une Négreffe blanche, née de parens noirs (9), mariée à un Négre de qui elle eut plufieurs enfans noirs.

Quelques-unes de ces obfervations détruifant ce que les autres paroiffent établir, on conçoit que Labat n'en a pû prendre droit de décider la queftion.

Revenons à notre récit. L'habillement populaire, dans cette partie de l'Afrique, eft fort fimple, & prefque le même pour toutes les Na

(9) Voyez ci-deffus l'article de Brue.

HABILLE

MENT DES
NEGRES.

A

MENT DES

NEGRES.

HABILLE- tions. Suivant Jobson, celui des hommes confifte dans une chemise & des hautes-chauffes. La chemise eft de coton bleu ou blanc. Elle tombe jufqu'aux genoux. Les manches en font fort larges; mais ils les relevent fur leurs épaules, lorfqu'ils ont quelque usage à faire de leurs bras. Leurs hauteschauffes font ramaffées, comme un couffin, par derriere & au long des cuiffes. Ils ont les jambes nues. Pour chauffure, ils portent fous les pieds une femelle de cuir, boutonnée autour du gros orteil, & au-deffus du talon. Par-deffus ces habits, ils ont la tête, les membres & tout le corps chargés de grifgris. Ils portent communément une épée fur l'épaule.D'autres une zagaye longue de trois pieds, & d'autres un arc & des fléches. Mais ils ont tous un couteau attaché au côté (10).

Les femmes n'ont pour tout habillement, qu'un pagne ou une piece de coton, qui les couvre depuis la ceinture jufqu'aux genoux. Toute la partie fupérieure du corps eft nue; mais pour l'ornement, elles fe marquent & fe peignent le dos de diverfes cou

(10) Jobson, ubi fup. p. 49.

HABILLE

leurs. Quelquefois néanmoins, elles fe paffent (11) une autre piece de coton MENT DES autour des épaules.

D'autres Voyageurs font la même peinture de l'habillement des Négres, avec très-peu de différence. Le Maire dit que les pauvres n'ont qu'une piece de coton d'un demi-pied de largeur, pour couvrir feulement leur nudité que cette piece eft foutenue par une corde, qui leur fert de ceinture, & qu'ils la laiffent pendre devant & derriere comme un ornement dont ils

fe croyent fort parés ; que la chemise (12) ou la robe de coton, qui eft en ufage parmi les gens de qualité, eft de plufieurs couleurs, & de la forme d'une (13) robe de Cordelier, avec des manches fort longues & fort larges ; que n'étant pas pliée autour (14) du cou elle n'a qu'un trou pour y paffer la tête, comme les chemises des femmes en Europe; qu'elle ne defcend que vers le milieu des (15) cuiffes; que les hautes-chauffes font de la même étoffe, & tombent depuis la

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(11) Ibid. p. 55.

(12) Barbot dit que ces étoffes font rayées de différentes couleurs,

(13) Jannequin dit, p. 36, que la forme eft celle

d'un furplis de Diacre.

(14) Barbor dit que les unes font pliffées, & que d'autres ne le font pas.

(15) Barbot les fait def cendre jufqu'aux talons.

NEGRES

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