ATHALIE. Dieu des Juifs, tu l'emportes! Oui, c'est Joas; je cherche en vain à me tromper; Je vois d'Ochozias et le port et le geste; Tout me retrace enfin un sang que je déteste. Athalie sort, les lévites la suivent, et bientôt cette reine expie par sa mort ses horribles forfaits. Les dernières paroles que Joad dit au jeune roi peuvent être considérées comme la morale de cette belle tragédie. JOAD. Par cette fin terrible, et due à ses forfaits, FRAGMENT D'ESTHER, TRAGÉDIE. Le sujet de cette tragédie, comme celui d'Athalie, est tiré de l'Écriture Sainte. Ces deux pièces, considérées les chefs-d'œuvre de Racine, ont été composées pour l'éducation des jeunes demoiselles de la célèbre maison de Saint-Cyra. ESTHER parle de la puissance de Dieu. CE Dieu, maître absolu de la terre et des cieux, Quand il veut, n'est qu'un jeu de sa main redoutable. Dans une des scènes précédentes, Mardochée, oncle d'Esther, dit: Que peuvent contre lui tous les rois de la terre ? a Près de Versailles. Cet établissement nommé Monastère de Saint-Louis, fut fondé par Louis XIV et supprimé en 1793. Napoléon en a fait une école militaire. LES PLAIDEURS, COMÉDIE. LES Plaideurs que Racine a pris des Guêpes d'Aristophane, sont remarquables en ce que la pièce n'est qu'une farce, et qu'elle est écrite d'un bout à l'autre du style de la bonne comédie. D'ailleurs, elle manque absolument d'intrigue et d'intérêt, et ne se soutient que par la gaieté des détails et le comique des personnages. Mais aussi jamais on n'a prodigué avec plus d'aisance et de goût le sel de la plaisanterie : presque tous les vers sont des traits, et tous sont si naturels et si gais, que la plupart sont devenus proverbes. La scène est dans une ville de basse Normandie. ACTE I. SCÈNE I. PETIT-JEAN, traînant un gros sac de procès. a C'est-à-dire: Celui qui se fiera sur l'avenir est bien fou. b Proverbe qui signifie: Souvent la tristesse succède en peu de temps à la joie. Suisse. Nom donné au domestique à qui est confiée la garde de la porte d'une maison, parce qu'autrefois ce domestique était pris ordinairement parmi les Suisses. Ce terme vieillit: on dit maintenant, portier ou concierge. C'est-à-dire: On apprend à s'accommoder aux manières, aux mœurs, aux opinions de ceux avec qui l'on vit, ou avec qui l'on se trouve, quoiqu'on ne les approuve pas entièrement. Tout Picard que j'étais, j'étais un bon apôtre, Et je faisais claquer mon fouet tout comme un autre. On n'entrait pas chez nous sans graisser le marteaua. a On dit ironiquement, C'est un bon apôtre de celui qui fait l'homme de bien mais dont il faut se méfier. b Faire claquer son fouet est une expression figurée et familière qui signifie, Faire valoir son autorité, son crédit, etc. • Voulant se faire passer pour un personnage d'importance, PetitJean s'arroge le Monsieur DE, etc. On comprendra qu'en français la préposition de s'emploie d'une façon particulière pour distinguer les noms propres de nobles, ordinairement empruntés au lieu d'origine, à quelque particularité locale, à une terre, etc. Henri de la Tour d'Auvergne. Madame de Maintenon. Monsieur de Caylus. Dans la plupart de ces dénominations, il y a ellipse d'un titre de noblesse (Madame la marquise de Maintenon. Monsieur le comte de Caylus.) 4 Graisser le marteau, c'est-à-dire, Donner de l'argent au portier d'une maison pour s'en faciliter l'entrée. On dit aussi Graisser la patte à quelqu'un, donner de l'argent à quelqu'un pour le gagner, pour le corrompre. • Il est probable que ce proverbe vient de l'usage qu'ont les Suisses de s'enrôler au service des princes étrangers. "While lawyers have more sober sense Than t' argue at their own expense; To make the best advantages Of others' quarrels, like the Swiss."-Hudibras. C'est-à-dire, à tout hasard. C'est dommage: il avait le cœur trop au métier; Et si bien fait, qu'on dit que son timbre est brouillé. Où je ne comprends rien. Il veut, bon gré, mal gré, a Plaids est un vieux mot dont on a fait plaider, et qui signifie aujourd'hui plaidoirie, audience. b Timbre, qui se dit au propre d'une sorte de cloche frappée par un marteau ainsi que du son qu'elle rend, est ici employé au figuré pour tête, d'où nous vient l'expression timbre felé, et plus familièrement timbre brouillé. C'est-à-dire, certaines oraisons ou prières. d Voyez la page 136, noted. |