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DION.

pour

2

OMME Simonide dit, mon Paffage do cher Soffius Senecion, que la Simonide. Ville de Troye ne fut point mauvais gré aux Corinthiens de ce qu'ils s'étoient joints aux lui faire la guerre, attendu que

Roi de Lycie originaire de

Grecs d'un autre côté le Roi de Lycie, Glaucus, Glaucas, originaire de Corinthe étoit venu à son secours, il eft jufte de même que ni les Grecs, Corinthe. ni les Romains ne fe plaignent de l'Académie, puisqu'ils en font également favorisés, comme on le verra dans ce petit Livre, qui renferme la Vie de Brutus & celle de Dion, car Dion difci l'un ayant été Difciple de Platon, & l'autre ton, & Bruayant été nourri dans fes préceptes & dans fa dans fes prés

ple de Pla

tus, nourri

doc-ceptes.

1. Comme Simonide dit, mon cher Soffius Senecion, que la Ville de Troye ne fut point mauvais gré aux Corinthiens. ] Ariftote dans le IV Chapitre du I Livre de fa Rhetorique, nous confervé un vers de ce paffage de Simonide,

Κορινθίοις δὲ 8 μέμφεται τὸ Ιλιον.

2. Il eft jufte de même que ni les Grecs, ni les Romains në fe plaignent de l'Académie.] Car elle a fait autant pour les uns que pour les autres, puisque fi elle a porté Dion à délivrer la Sicile, elle a auffi excité Brutus à délivrer Rome.

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dans un

tat la puis

doctrine, ils font fortis tous deux comme d'u-
ne même falle d'armes pour executer les plus
grands exploits. Or que tous deux par plu-
fieurs actions toutes femblables
& pour ainfi

3

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dire, germaines, ils ayent rendu ce témoignage 11 faut que à leur guide dans la vertu qu'il faut que la homme d'E puiffance & la fortune fe rencontrent avec la fance & la prudence & la justice, afin que tout ce que fait fortune fe un homme d'Etat puiffe recevoir toute la avec la jufti: beauté & toute la grandeur neceffaires pour dence. le bien des Peuples, c'eft de quoi il ne faut pas s'étonner. Car comme Hippomachus,

rencontrent

ee & la pru

d'exercices,

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le

Un Mattre Maître de Palestre, difoit qu'il connoiffoit de loin ceux qui avoient fait leurs exercices dans 6 à les voir feulement revenir du me, connoit fa falle,

à voir mar. cher un hom

s'il a été éle

vé dans for marché portant de la chair dans leurs mains,

école.

il

3. Qu'il faut que la puissance & la fortune fe rencontrent avec la prudence & la justice, afin que tout ce que fait un homme d'Etat.] C'eft un fentiment de Platon qui eft trèsbeau & très-jufte. C'eft cet affemblage qui fait le parfait homme d'Etat. En vain un homme d'Etat est juste & prudent, s'il n'a la puiffance, & il a inutilement la puislance, fi la fortune ne répond à fes deffeins. Mais d'ordinaire la fource des bons fuccès, c'eft la juftice & la prudence.

Car le veritable homme

4. Four le bien des Peuples.] d'Etat ne doit avoir en vue dans tout fon Miniftere que le bien des Peuples. Sans cela il n'eft pas homme d'E& fes actions ne fauroient avoir ni beauté ni gran

tat,

deur.

5. Car comme Hippomachus, le Maître de Palefire, difoit qu'il connoiffait de loin ceux qui avoient fait leurs tercices dans fa falle. Cela eft encore très ordinaire, un Maître d'exercice, à voir marcher un homme, connoîtra s'il a fait fes exercices, & s'il les a faits chez lui. Car chacun donne à fes Disciples une tournure differente. La comparation que Plutarque en tire eft très-belle & très-jufte. La Raifon, c'eft le Maître de Palestre, qui donne à toutes les actions de fes Eleves une décence une harmenic ". & des manieres qui tiennent du Maître qui

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Raison fat

qui ont ere

il eft de même très-vraisemblable que la Rai-Ce que la fon accompagne toûjours les actions de ceux dans ceux qui ont été bien inftruits & bien élevés, & bien élevés, qu'avec la décence & l'honnêteté, elle leur communique une certaine harmonie & une certaine confonance qui les rend conformes & reconnoiflables.

blance que

D'un autre côté les accidens de la Fortune, que ces deux Perfonnages ont éprouvés, & qui ont été les mêmes plus par avanture que Reffempar leur choix, mettent dans leurs Vies une la Fortune à parfaite reflemblance. Car ils ont été tués l'un mile dans & l'autre avant que d'avoir frappé au but au- Dion & de quel ils avoient dirigé toutes leurs actions, * & fans avoir pû tirer aucun fruit de leurs grands & glorieux travaux. Mais ce qu'il y a de plus

les a formés.

mer

6. A les voir feulement revenir du marché portant de la chair dans leurs mains.] Car telles étoient les mœurs des Grecs 2 les Citoyens alloient eux-mêmes au marché, à la boucherie. Ceux qui ont lû les Caracteres de Theophrafte n'en font pas furpris, ils en ont vu les preu

ves.

7. Qui les rend conformes & reconnoissables.] J'ai ajoûté cette ligne qui m'a paru neceffaire pour rendre plus fen fible la comparaison de la Raison avec le Maître de Pa leftre. L'un & l'autre reconnoiffent ceux qu'ils ont formés. Car comme le Maître de Paleftre donne à fes écoliers un air qui fe répand dans toutes leurs actions, & qui les rend reconnoiflables; de même la Raifon donne à fes Difciples des manieres qui fe répandent dans toutes leurs actions, & leur communiquent une décence & une harmonic qui font connoître l'école où ils ont été élevés.

8. Et fans avoir pâ tirer aucun fruit de leurs grands & glorieux travaux.] ἐκ πολλῶν καὶ μεγάλων αγώνων καταθέσθαι Sundevres. Ce mot, xaratista, m'eft fulpect. car je ne l'ai jamais vû ailleurs dans le fens que Plutarque lui donne ici, sirer du fruit de fes travaux, ou fe reposer de Les travaux.

les Vics de

Brucus.

avertis de

un fantôme.

Apparitions d'Esprits niées par

gens.

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merveilleux & de plus furprenant, c'est que Tous deux les Dieux les firent avertir tous deux de leur leur fin par fin, envoyant à l'un & à l'autre un Fantôme horrible qui fe presenta devant eux. Cependant il y a beaucoup de gens qui nient ces Fantômes beaucoup de & ces apparitions d'Esprits, & qui foûtiennent que jamais Fantôme, ni Spectre, ni Efprit ne fe font apparus à aucun homme qui ait été dans fon bon fens, & qu'il n'y a que les enfans, les petites femmes foibles, & les hommes à qui la maladie a affoibli le cerveau, qui se trouvant dans quelque alienation d'esprit, ou dans quelque dispofition du corps très-alterée & très-vicieuse, s'impriment dans la fantaisie des imaginations vaines & étranges, & tombent dans cette fuperftition qu'ils ont en eux quelque mauvais Genie. Mais fi Dion & Brutus, hommes graves, fort verfés dans la Philofophie, tous deux incapables de fe laiffer abuser & furprendre par aucune paffion, ont été fi émus du Fantôme qui leur apparut, qu'ils ont raconté cette vifion à leurs amis je ne voi nous empê pas que nous puiffions nous empêcher de rere l'appari- cevoir cette opinion, quelque abfurde qu'elle paroiffe, qu'il y a des Demons envieux & ma

Nous ne

fautions

cher de croi

tion des Es

prics.

10

lins,

9. Mais fi Dion & Brutus, hommes graves, fort verfés dans la Philofophie.] Il eft certain que le témoignage de deux hommes graves eft d'un grand poids fur les chofes qui paroiffent les plus incroyables. Cependant ce n'eft pas parce que Dion & Brutus ont dit avoir vu un Fantô me qu'il faut croire ces fortes d'apparitions d'Esprits, car on pourroit fort bien douter du prétendu Fantôme vû par Ees deux hommes, & ne laiffer pas de croire qu'il y en mais il faut les croire fur des témoignages plus fûrs & plus infaillibles.

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10. Je ne voi pas que nous puissions nous empêcher de recevoir nette opinion, quelque abfurde qu'elle paroiffe.] Cette opinion

n'eft

malins &

s'opposent

aux bonnes actions des. hommes.

lins, qui par envie s'attachent aux plus gens Esprits de bien, & qui pour s'opposer à leurs bonnes envieux qui actions, leur jettent dans l'esprit des frayeurs & des troubles, de peur que s'ils demeurent fermes & inébranlables dans la vertu, ils n'obtiennent après leur mort une meilleure vie que la leur. Mais cette matiere doit être reservée pour un autre Traité, prefentement dans ce douzième de nos Paralleles déduifons la Vie du plus ancien.

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fa en premie

fille d'Her

Le vieux Denys après s'être emparé du Le vieux Royaume de Sicile, époufa la fille d'Hermo- Denys épou crate de Syracufe. Comme fa Tyrannie n'étoit res noces la pas encore bien cimentée, les Syracufains femocrate. foûleverent contre lui & commirent contre fa femme de fi grandes infolences & des indignités fi affreufes, qu'elle fe fit mourir. Mais ce Prin- Elle fe fit ce, ayant recouvré & mieux affermi fa domi- mourir. nation, époufa en même temps deux femmes, deux femmes l'une du païs de Locres, appellée Doris, & jour. l'autre de Syracufe même, nommée Ariftomaque, fille d'Hipparinus, qui étoit le plus confiderable & le plus puiffant de la Ville, & qui avoit commandé avec Denys lorsqu'il avoit été nommé pour la premiere fois Général des

n'eft nullement abfurde 9

trou

& il n'y a point d'homme fage qui puiffe s'empêcher de la recevoir. Mais Plutarque détourne ici la queftion; car il ne s'agit pas de favoir s'il y a des Esprits malins & envieux qui s'opposent aux hommes les plus vertueux pour les empêcher de faire le bien, c'eft une verité inconteftable, enfeignée par la Religion; mais il s'agit de favoir fi ces Esprits fe presentent aux hommes fous ces figures horribles, & je ne croi pas qu'on puiffe le revoquer en doute après tous les témoignages irreprochables qu'en fournit l'Antiquité. Il est vrai que fur cela il y a fouvent de grands abus, tous ceux qui difent avoir vu, n'ont pas vu.

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11 epoura

le même

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