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NOTICE

SUR MADAME DE SOUZA

ET SES OUVRAGES.

To ami qui, après avoir beaucoup connu le monde, s'en est presque entièrement retiré, et qui juge de loin, et comme du rivage, ce rapide tourbillon et l'on s'agite ici, m'écrivait récemment, à propos de quelques aperçus sur le caractère des œuvres contemporaines Tout ce que vous me dites de nos sublimes m'intéresse au dernier point. Vraiment, ils le sont! Ce qui manque, c'est du calme et de la fraicheur, c'est quelque belle eau pure qui guérisse nos palais échauffés. Cette qualité de fraicheur et de délicatesse, cette limpidité dans l'émotion, cette sobriété dans la parole, ces nuances adoucies et reposées, en disparaissant presque partout de la vie actuelle et des œuvres d'imagination qui s'y produisent, deviennent d'autant plus précieuses là où on les rencontre en arrière, et dans les ouvrages aimables qui en sont les derniers reflets. On aurait tort de croire qu'il ya faiblesse et perte d'esprit à regretter ces agréments envolés, ces fleurs qui n'ont pu naître, ce semble, qu'à l'ex

trème saison d'une société aujourd'hui détruite. Les peintures nuancées dont nous parlons supposent un goût et une culture d'ame que la civilisation démocratique n'aurait pas abolis sans inconvénient pour elle-même, s'il ne devait renaitre dans les mœurs nouvelles quelque chose d'analogue un jour. La société moderne, lorsqu'elle sera un peu mieux assise et débrouillée, devra avoir aussi son calme, ses coins de fraicheur et de mystère, ses abris propices aux sentiments perfectionnés, quelques forêts un peu antiques, quelques sources ignorées encore. Elle permettra, dans son cadre en apparence uniforme, mille distinctions de pensées et bien des formes rares d'existences intérieures; sans quoi elle serait, sur un point, très au-dessous de la civilisation précédente, et ne satisferait que médiocrement toute une famille d'àmes. Dans les moments de marche ou d'installation incohérente et confuse, comme le sout les temps présents, il est simple qu'on aille au plus important, qu'on s'occupe du gros de la manœuvre, et que de toutes parts, même en littérature, ce soit l'habitude de frapper fort, de viser haut et de s'ecrier par des trompettes des porte-voix. Les grâces discrètes reviendront peut-elle à la longue, et avec une physionomie qui sera appropriée à leurs nouveaux alentours; je le veux croire; mais, tout en espérant au mieux, ce ne sera pas demain sans doute que se recomposeront leurs sentiments et leur langage. En attendant, l'on sent ce qui manque, et parfois l'on en souffre on se reprend, dans certaines heures d'ennui, à quelques parfums du passé, d'un passé d'hier encore, mais qui ne se retrouvera plus ; et voilà comment je me suis remis l'autre matinée à relire Eugène de Rothelin, Adèle de Sénange, et pourquoi j'en parle aujourd'hui.

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Une jeune fille qui sort pour la première fois du couvent où elle a passé toute son enfance; un beau lord élégant et

sentimental, comme il s'en trouvait vers 1780 à Paris, qui la rencontre dans un léger embarras et lui apparaît d'abord comme un sauveur ; un très-vieux mari, bon, sensible, paternel, jamais ridicule, qui n'épouse la jeune fille que pour l'affranchir d'une mère égoïste et lui assurer fortune et. avenir; tous les événements les plus simples de chaque jour entre ces trois êtres qui, par un concours naturel de circonstances, ne vont plus se séparer jusqu'à la mort du vieillard; des scènes de parc, de jardin, des promenades sur l'eau, des causeries autour d'un fauteuil ; des retours au couvent et des visites aux anciennes compagnes; un babil innocent, varié, railleur ou tendre, traversé d'éclairs passionnés; la bienfaisance se mêlant, comme pour le bénir, aux progrès de l'amour; puis, de peur de trop d'uniformes douceurs, le monde au fond, saisi de profil, les ridicules ou les noirceurs indiqués, plus d'un original ou d'un sot marqué d'un trait divertissant au passage; la vie réelle en un mot, embrassée dans un cercle de choix; une passion croissante, qui se dérobe, comme ces eaux de Neuilly, sous des rideaux de verdure et se replie en délicieuses lenteurs ; des orages passagers, sans ravages, semblables à des pluies d'avril; la plus difficile des situations honnêtes menée à fin jusque dans ses moindres alternatives, avec une aisance qui ne penche jamais vers l'abandon, avec une noblesse de ton qui ne force jamais la nature, avec une mesure indulgente pour tout ce qui n'est pas indélicat : tels sont les mérites principaux d'un livre où pas un mot ne rompt l'harmonie. Ce qui y circule et l'anime, c'est le génie d'Adèle, génie aimable, gai, mobile, ailé comme l'oiseau, capricieux et naturel, timide et sensible, vermeil de pudeur, fidèle, passant du rire aux larmes, plein de chaleur et d'enfance.

On était à la veille de la révolution, quand ce charmant volume fut composé; en 93, à Londres, au milieu des ca

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