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<< enfin, elles excitent le prédicateur lui-même à une «< étude plus suivie et plus approfondie de l'homme et « des documents de notre religion. D'un autre cô« té, elles ont l'inconvénient de gêner le libre cours << de la pensée du prédicateur, de diviser l'attention << en lui proposant une trop grande diversité d'objets, « et de ne pas laisser assez d'espace au développement << et à l'application d'une vérité particulière (1).

Scholl. « La Parole de Dieu en est (de l'homélie) plus complétement la base et le fil directeur. Ce « genre de prédication appelle naturellement et sans « effort à une plus grande variété d'enseignements, « et dès lors il est mieux adapté aux besoins divers « des âmes. Il combat cette uniformité dans le choix « de leurs sujets, et ces tendances exclusives aux« quelles les prédicateurs ne sont que trop portés. Il « est plus propre à communiquer la connaissance de « l'Écriture sainte dans son ensemble et dans ses dé« tails, à inspirer le goût de la méditation de cette di«< vine Parole, et à apprendre à ceux qui l'étudient à «< la lire avec intelligence, avec réflexion, et en s'en « faisant sans cesse une application directe et person«nelle (2).

Résumé.

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Cette méthode n'a pas tous les avantages de la méthode synthétique, et elle est susceptible d'abus plus ou moins fâcheux. Ammon vient de nous le montrer. Mais l'absence de certains avantages et la possibilité de certains abus, ce ne sont pas des dé

(1) AMMON, Anleitung zur Kanzelberedsamkeit, page 111.
(2) SCHOLL, Sermons. Londres, 1836. Préface, pages XVI-XVII.

fauts. L'autre méthode aussi n'a pas tous les avantages qu'on peut imaginer; elle n'est pas non plus à l'abri de tous les abus qu'on peut craindre. Ce qu'on peut dire en faveur de celle-ci : 1° c'est qu'elle fait connaître et remet en honneur l'Écriture sainte; 2o c'est qu'elle est accessible à un plus grand nombre d'intelligences et plaît à toutes en remplaçant par des teintes plus vives la teinte grisâtre de l'abstraction; 3° c'est qu'elle combat les tendances exclusives auxquelles les prédicateurs ne sont que trop portés; 4° c'est qu'elle assure à la prédication plus de variété que le genre synthétique.

SECTION DEUXIÈME.

MATIÈRE DU DISCOURS DE LA CHAIRE.

Le chapitre de notre cours sur le texte peut être considéré comme un simple appendice du précédent, sur le sujet. Nous n'avons donc traité, jusqu'ici, que du sujet du sermon. Aujourd'hui nous commençons à traiter de la matière du sermon.

La matière est au sujet ce que l'édifice est au fondement.

Le sujet, c'est la proposition; la matière en est le développement, la substance même du discours, la pulpe du fruit.

L'ordre que nous suivons dans notre cours n'est pas nécessairement celui qu'a suivi la pensée du prédicateur. Nous allons du sujet à la matière : il a pu, dans la préparation de son discours, aller de la matière au sujet, c'est-à-dire qu'il a pu être conduit à l'invention de son sujet par l'invention des idées principales de son sermon; son sujet en est le résumé, la conclusion; et, dans ce cas, son discours semblerait devoir consis

ter à nous rendre compte de la manière dont il est arrivé à cette conclusion.

Il est possible que, dans certains cas, cette forme fût la plus heureuse, la plus persuasive. C'est la forme de quelques morceaux de Pascal.

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On se tromperait néanmoins si l'on croyait que le sermon puisse être à l'ordinaire une confession ou une disquisition. Le chemin par lequel le prédicateur est arrivé à sa conviction personnelle, n'est pas nécessairement celui qu'il fera faire à ses auditeurs.

Plaçons-nous dans la réalité; prenons dans son ensemble, dans la généralité des cas, la position du ministre : il a devant les yeux une vérité qui est certaine pour lui, et qu'il a mission d'expliquer et de prouver à d'autres; en un mot, de même que nous dans notre il va, non de la matière au sujet, mais du sujet à la matière.

cours,

Il peut, pour cela, employer non-seulement une autre marche, mais d'autres moyens que ceux qui l'ont amené lui-même à comprendre et à croire. - [La marche qui nous amène à la foi est providentielle. Dieu se sert de moyens que nous aurions souvent dédaignés. Arrivés au but, ferons-nous faire aux autres tous les détours et retours que Dieu nous a fait faire? Comme prédicateurs, nous devons nous mettre à un point de vue plus général. Nous devons voir ce qui, dans notre expérience, est humain. Nous devons employer des moyens à la portée du plus grand nombre, même des moyens qui n'ont fait aucun effet sur nous. Le secret définitif de la conversion nous échappera

toujours. C'est souvent par ce qui était le plus faible qu'un homme est converti. Il est impossible qu'il n'y ait pas quelque chose de commun dans les moyens de conversion de deux hommes; mais il peut y avoir aussi de grandes différences.]

Quand nous parlons d'expliquer et de prouver, ce n'est pas que nous pensions qu'il y ait des sermons d'explication, où l'on ne prouve point, et des sermons de preuve, où l'on n'explique point.

Un sermon quelconque se résout toujours en démonstration, et une démonstration n'a jamais lieu sans explication formelle ou indirecte, expresse ou sous-entendue; je veux dire que toute démonstration repose sur une explication préalable.

Faire connaître, faire croire, c'est en général la double tâche du prédicateur dans chaque sermon.

Je dis plus : il n'est pas toujours facile de distinguer ou de séparer l'une des choses de l'autre. Faire connaître, c'est souvent faire croire; expliquer, c'est prouver; montrer, c'est démontrer.

La démonstration formelle a prévalu, la démonstration, qui se prévaut d'un de nos aveux pour nous en arracher un autre on néglige de nous représenter la vérité comme une chose que nous puissions reconnaître à première vue, et à laquelle souscrivent sans effort les meilleures parties de notre être ; on ne s'adresse pas à cet esprit, dont il est dit qu'il est « prompt; » (Matthieu, XXVI, 41.) on n'essaye pas sur nous, autant qu'on le devrait, la force intrinsèque de la vérité.

La démonstration elle-même, lorsqu'on choisit cette

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