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La Syntaxe est la partie qu'il faut principalement traiter dans une Grammaire, parce que c'est sans contredit la partie la plus nécessaire; et c'est à quoi je me suis appliqué dans ma Grammaire et dans cet Abrégé. Les jeunes gens, en y apprenant les principes de notre langue, y trouveront plusieurs remarques qui leur faciliteront l'étude de la langue latine. Bien des gens se persuadent qu'on peut, sans avoir des principes, parler et écrire correctement notre langue, que l'usage seul suffit pour cela. Comment un jeune homme, s'il n'a point de principes, pourra-t-il distinguer, si telle expression qu'il entend, ou qu'il lit, est bonne ou mauvaise? Quiconque a étudié notre langue, conviendra qu'il n'est guere possible de la bien parler et écrire, sans être guidé par des principes. On entend dire tous les jours aux jeunes gens, et même à de grandes personnes, Il a tombé, il a parti, je trouvai, je causai, je rencontrai ce matin M. votre frere. J'ai va un quelqu'un qui m'a parlé de vous. Voilà du bon pain, des belles maisons. J'ai vu des magnifiques appartemens. Je n'ai point lu des livres aussi agréables, comme celui-ci, etc. et mille autres fautes semblables. Comment sans principes peut-on écrire correctement quelque. que, quelque, tel que, même, tout, leur, etc. etc.

...

Ceux qui liront le détail où je suis entré à ce sujet, et dans ma Grammaire, et dans cet Abrégé, verront que ce détail est nécessaire, Le français que nous mettons dans les décli

naisons latines à côté de chaque cas, ne donnet-il pas de fausses idées aux jeunes gens ? Suivant cet arrangement de, du, de la, des, sont la marque du génitif ou de l'ablatif; mais je le demande, ces mots sont-ils la marque du génitif ou de l'ablatif dans les phrases suivantes? Du pain, de bons fruits, des légumes et de l'eau suffisent pour ta nourriture de l'homme. J'ai mangé du pain, des légumes, de trèsbons fruits, et j'ai bu de Peau, de la biere, du vin et des liqueurs fort agréables.

Si au contraire, on dit aux jeunes gens, que les noms et les pronoms sont dans la phrase ou nominatifs, ou vocatifs, ou régimes, comme je l'explique page 73, il me semble qu'ils ne sont plus dans le cas de se tromper, et de prendre de fausses idées. Ces notions me paroissent d'autant plus vraies, qu'elles sont simples et applicables à toutes les langues.

Je differe encore des autres Grammairiens sur ce qui regarde les verbes ; les définitions que j'en donne, sont, si je ne me trompe simples, naturelles, et à la portée de tout le monde. Voyez page 20. Ce n'est point l'envie de donner quelque chose de neuf qui me les a fait adopter, c'est que je les crois plus natu- . relles et plus vraies que celles qu'on nous a données jusqu'ici. 1.° Est-il facile de faire entendre à un enfant ou même à une grande personne peu familiarisée avec les termes de Grammaire, est-il facile de leur faire comprendre, que courir, danser, sauter, agir etc. sont des verbes qui ne sont point actifs

que ce sont des Verbes neutres ? Ils entendent dire tous les jours: Cet enfant est continuellement en action, il court, il danse, il saute, etc:

2. Les définitions qu'on nous donne des Verbes actifs et neutres sont-elles justes? Voici celles de M. Restaut. Le Verbe actif est un Verbe par lequel on exprime une action qui passe hors du sujet qui en est le principe: Le Verbe neutre est un Verbe, lequel, ou n'exprime pas d'action, ou en exprime une qui ne passe pas hors du sujet qui agit.

Suivant M. Restaut, parler à quelqu'un médire de quelqu'un ne sont pas des Verbes actifs; ce sont des verbes neutres : cependant ces Verbes me paroissent exprimer des actions qui passent hors des sujets qui en sont les principes. Quand je dis : Votre frere m'a parlé ce matin. L'action de parler a passé hors du sujet, votre frere, puisque j'ai entendu ce qu'il m'a dit. De même quand on dit: Ceux qui médisent de leur prochain se rendent odieux et mé prisables; l'action de médire ne passe-t-elle pas hors du médisant, qui est le sujet ; et celui qui est l'objet de la médisance n'en ressent-il pas quelquefois des effets fort préjudiciables? Je m'en tiendrai à ce peu d'observations, on en trouvera plusieurs autres dans la Préface de la Grammaire, édition de 1763.

Jetraite en même temps ce qui regarde l'accord de l'article, de l'adjectif, du pronom et du verbe : j'évite par là des longueurs et des répétitions ennuyeuses: il me paroît d'ailleurs que ces mots se trouvant presque toujours réu

nis dans la même phrase, il vaut mieux en présenter les regles sous un même point de vue.

On trouvera à la page 87 une liste d'adjectifs, qui, placés avant les substantifs, signifient autre chose que quand ils ne sont mis qu'après. Sans cette connoissance, un jeune homme ne prend pas bien le sens d'une expression, et il est exposé à faire des équivoques qui apprêtent à rire.

Je donne aussi des remarques sur la prononciation, sur l'orthographe, les accents, la ponctuation et les autres notes gram.naticales qui rendent l'écriture correcte.

Dans cette septieme Edition, j'ai placé de suite l'explication des différentes parties qui composent le discours, et j'ai renvoyé à la Syntaxe plusieurs remarques sur les profioms. Par ce moyen on pourra lire et étudier de suite ce qui regarde la Syntaxe. J'ai aussi diminué les Abréviations, et multiplié les à linea. En un mot, j'ai retouché avec soin cette derniere Edition, et je n'ai rien négligé pour la perfectionner; j'ai voulu par-là témoigner au Public ma sincere reconnoissance, pour le favorable accueil qu'il a bien voulu faire aux premieres.

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