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Consultez CRAPELET, Rem. sur quelques loc. prov., p. 24, 25. ABONDANT, ANTE, adj. D'abondant, loc. adverb., de plus.

Et d'abondant, la vache à notre femme
Nous a promis qu'elle feroit un veau.

CONTES. La Jument du comp. Pierre.

Comme l'observe très-bien Vaugelas, cette locution adverbiale a vieilli. Lamothe-Levayer la trouvait fort bonne; Chapelain, sans la proscrire entièrement, lui préférait la locution de plus qui est seule restée. D'abondant est banni même du palais, où il s'est conservé plus longtemps. Consultez VAUGELAS, Rem. sur la lang. franç., t. I, p. 387. ACADÉMIE, Observ. sur Vaugelas, p. 252.- Dict. de Trévoux.- L'abbé FÉRAUD, Dict. critique de la lang. franç., etc.

ABUS, s. m. Erreur, faute que commet celui qui se trompe, qui s'abuse.

Alléguer l'impossible aux rois, c'est un abus.

Liv. VIII, fab. 3.

Quoique cet emploi du mot abus ne soit pas très-commun, surtout dans le style soutenu, il n'est pas cependant entièrement hors d'usage.

Mais quand le cœur honore un objet adoré,
L'erreur est respectable, et l'abus est sacré.

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ACCORTISE, s. f. Gentillesse, humeur agréable, complaisante, accorte, finesse, agrément.

Il n'a jamais été en son pouvoir de leur ôter la valeur, la fermeté d'âme, ni l'accortise, ni enfin tous ces autres dons que vous tenez d'eux.

Lett. à M. le duc de Guise. Cuv. div., t. II, p. 62.

On a dit aussi accortesse. Voy. CH. POUGENS, Archéol. franç., t. I, p. 6.

Si l'on en croit l'abbé Féraud, les mots accortement, adv. et accortise, s. f. «datent du temps de Pasquier, mais ils ont << bientôt péri. >> Voy. Dict. crit. de la lang. franç. Mes

sieurs de l'Académie prétendent que le substantif accortise, emprunté des Italiens, n'appartient qu'au style familier; mais, malgré cette autorité respectable, je ne crois pas qu'on doive le bannir du style soutenu.

ACCOUTUMANCE, s. f.

L'accoutumance ainsi nous rend tout familier :

Liv. IV, fab. 10.

Ce mot se retrouve dans MONTAIGNE, liv. I, ch. 38. Il a, dans le xvIIe siècle, donné lieu à de grands débats entre les grammairiens. Voy. ALEMAN, Guerre civ. des Franç., Quest. 10, p. 35 et suiv. Quoi qu'il en soit, il me paraît faire ici un bien meilleur effet que le mot habitude avec lequel il offre d'ailleurs une nuance marquée.

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L'Académie observe avec justice que le mot achoppement ne se dit guère que dans cette locution: pierre d'achoppement. Voy. aussi l'abbé FÉRAUD, Dict. crit. de la lang. franç. —Dict. de Trévoux, etc. Toutefois, il me semble que La Fontaine l'emploie ici d'une manière très-heureuse.

ACTION, s. f. Discours public, sermon, harangue.

Nous accourcimes notre repas pour ne rien perdre de cette action. C'était la seconde de M. L. D. C. J'y trouvai de la piété, de l'éloquence. Lett. à M. Simon de Troyes. Cuv. div., t. II, p. 94, 95.

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Le mot action a vieilli en ce sens. Voy. Dict. de l'Acad.Dict. de Trévoux. L'abbé FÉRAUD, Dict. crit. de la lang.

franç., etc.

ADON, n. prop. Adonis, employé comme substantif

commun.

Ce bel Adon étoit le nain du roi,

CONTES. Joconde.

ADO

Adon pour Adonis a été employé par Voiture. Ménage le condamne, malgré cette autorité. « M. de Voiture, dit-il, étoit « un fort bel esprit; mais ce n'étoit pas un écrivain fort « exact. » Observ. sur la lang. franç., part. I, ch. 158, p. 336.

ADONIS, n. pr.

Adonis, dont la vie eut des termes si courts;

Qui fut pleuré des Ris, qui fut plaint des Amours.

ADONIS. Poème.

Adonis est-il, comme le prétend le systématique Ol. Rudbeck (Atlant., t. II, p. 144, 145, etc.), le même que l'Odin ou Attin des Scandinaves? Ce mot, formé de l'hébreu ou phénicien Adon, maître, seigneur, ou de l'hindou malais Teun, Deun, roi, n'est-il qu'un titre honorifique qui signifiait le roi, le maître, et que l'on a appliqué au soleil, considéré comme le roi, le maître, le seigneur de l'univers? On sent que ce n'est pas ici le lieu de discuter ces questions ardues, ni les autres conjectures que l'on a risquées sur la personne et le culte d'Adonis. Il me suffira de dire que, selon la mythologie grecque, Adonis, né du commerce incestueux de Cynire et de sa fille Myrrha, inspira à Vénus une violente passion; qu'Adonis ayant été tué à la chasse par un sanglier, ou, selon d'autres, par le dieu Mars qui avait pris la forme de cet animal, la déesse le pleura et institua en son honneur un deuil annuel. Consultez, sur Adonis, Sam. BOCHART, Chan. lib. II, cap. 7.-J. SELDEN, de Diis Syr. synt. 2, cap. 11, p. 257 et suiv.- EL. SCHEDIUS, de Diis Germ., synt. 1, cap. 4, p. 74 et suiv.- BAYLE, Dict. hist. — L'abbé BANIER, Hist. du culte d'Adonis, Acad. des Inscr., Mém., t. III, p. 98 et suiv. -J. JAMIESON, Herm. Scyth., Diss., § 17, p. 113, etc.

Adonis est devenu un terme de la langue pour désigner un jeune fat, épris de son propre mérite, d'où le verbe s'adoniser, qui n'appartient qu'au langage familier.

Je ferai observer en passant que, dans le poëme d'Adonis, La Fontaine, tout en conservant le ton et le style graves qui conviennent à ce genre, a quelquefois laissé échapper des

traits de cette maligne bonhomie qui caractérise ses ouvrages.

AFFAIRE, s. f. Intrigue d'amour.

Argie à son époux fit un serment sincère
De n'avoir plus aucune affaire.

CONTES. Le Petit Chien.

Pour Philis, son humeur libre, gaie et sincère
Montroit qu'elle étoit sans affaire,

Sans secret et sans passion.

CONTES. Le Gascon puni.

On dit plus ordinairement dans ce sens : Affaire de cœur. Voy. REGNARD, le Joueur, act. IV, scène Ix.

DE BONNE AFFAIRE, locution familière pour désigner une personne ou une chose dont on peut tirer parti.

Sa femme étoit encor de bonne affaire,

Et ne passoit de beaucoup les trente ans.

CONTES. Le Berceau.

Cette locution a vieilli.

AFFINER, v. a. Tromper.

: notre maître Mitis

Pour la seconde fois, les trompe et les affine.

Liv. III, fab. 18.

Ce mot, entièrement hors d'usage, se rencontre fréquemment dans nos anciens écrivains. Il serait, je crois, bon à renouveler dans le style léger et badin. Voy. l'abbé FÉRAUD, Dict. crit. de la lang. franç.

AFFOLER, v. a. (vieux mot.) Blesser.

Ah! le bourreau! le traître! le méchant!

Il m'a perdue, il m'a tout affolée

CONTES. Le Diable de Papefiguière.

Affoler ne signifie plus maintenant que rendre fou d'amour.

AGACE, s. f. Nom picard de la pie.

Ce qu'en fait de babil y savoit notre agace.

Liv. XII, fab. 11.

AIG

Consultez LE PELLETIER, Dict. Bret., col. 7.- GAB. HÉCART, Dict. Rouchi, 3e édit., p. 19, etc., etc. Voy. MARGOT.

Le mot agace est encore en usage dans plusieurs provinces. AGUIMPÉ, ÉE, part. pass. et adj. Orné ou affublé d'une guimpe.

Tant ne songeoient au service divin
Qu'à soi montrer ès parloirs aguimpées,

CONTES. Mazet de Lamporechio.

Je ferai observer que quelques écrivains ont également forgé du mot guimpe le verbe actif guimper, employé dans le style badin pour dire faire prendre la guimpe, faire entrer en religion; mais ce dernier ne me paraît pas de nature à être jamais admis dans aucun genre. Voy. Dict. de Trévoux. AIGLE, s. m.

Quand l'aigle sut l'inadvertance,

Elle menaça Jupiter

D'abandonner sa cour,

LIV. II, fab. 8.

Le genre de ce mot était encore incertain dans le siècle de Louis XIV, du moins au sens propre. Ménage et Vaugelas le considèrent comme un substantif hermaphrodite, c'est-à-dire qu'on peut le faire à volonté masculin ou féminin. Au reste, on s'accorde à dire que dans le sens d'enseigne militaire, on doit toujours le faire féminin, malgré l'exemple de Mairet qui, dans sa Sophonisbe, act. V, sc. vii, a dit: l'Aigle

romain.

Consultez VAUGELAS, Rem. sur la lang. franç., t. I, p. 446, 447. MÉNAGE, Observ. sur la lang. franç., part. I, ch. 74, p. 136, 137.-L'abbé FÉRAUD, Dict. crit. de la lang. franç. · Dict. de Trévoux, etc.

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J'estime, au reste, que La Fontaine a eu raison de le mettre ici au féminin, puisqu'il s'agit d'un aigle femelle. Notre fabuliste a fait également de l'aigle la reine (et non le roi) des airs, liv. XII, fab. 11.

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