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Il est à regretter que nous ayons laissé perdre ce mot qui se retrouve dans nos anciens écrivains français. Voy. Cн. POUGENS, Archéol. franç., t. I, p. 28.

APPRENTIF, IVE, s.

Nul d'eux n'étoit à tels jeux apprentif.

Soyez amant, vous serez inventif.

CONTES. Le Cuvier,

Boileau a dit : une apprentive auteur, Sat. 10. On dit maintenant apprenti, ie. Le peuple dit apprentisse au féminin, et ce mot se trouve dans Richelet qui s'en déclare le champion. Consultez Dict. de Trévoux. - L'abbé FÉRAUD, Dict. crit. de

la lang. franç., etc.

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APPROCHANT, ANTE, adj. verb. Qui approche.

La nuit de plus étoit fort approchante,

CONTES. Oraison de saint Julien.

Approchant, ante ne s'emploie guère qu'au figuré. Au propre, et comme participe du verbe approcher, il est indéclinable.

ARAGNE, s. f. Araignée.

Il n'est rien, dit l'aragne, aux cases qui me plaise.

Liv. III, fab. 8.

La Fontaine le répète plusieurs fois dans la même fable et dans quelques autres. C'est au reste un vieux mot que l'on rencontre fréquemment dans nos anciens écrivains, et qui, selon les auteurs du Dictionnaire de Trévoux, peut encore être employé dans la poésie naïve et marotique. Consultez THOM. CORNEILLE, notes sur les Rem. de Vaugelas, t. II, p. 525.MÉNAGE, Observ. sur la lang. franç., part. I, ch. 134, p. 276. — L'abbé FÉRAUD, Dict. crit. de la lang. franç., etc.

ARBORER, v. a.

On peut.

Une fois en sa vie arborer ce lien.

Je vous prends sans vert. Coméd., sc. vi.

Arborer un lien, est-il une métaphore bien juste et conforme aux règles de l'analogie? J'en doute fort. Consultez ALEMAN, Guerre civ. des Franç., Quest. 40, p. 150 et suiv.

ARBORISTE, s. m. Herboriste, botaniste.

Tu veux faire ici l'arboriste

Et ne fus jamais que boucher.

Liv. V, fab. 8.

Ce mot est écrit ainsi dans quelques anciennes éditions de La Fontaine les éditions plus modernes portent herboriste. On a eu raison de faire cette correction. Quoique le peuple confonde les deux mots arboriste et herboriste, leur signification est bien distincte. Arboriste, mot d'ailleurs peu usité, signifie celui qui cultive les arbres, qui s'étudie à les bien connaître, et herboriste, celui qui s'applique à la connaissance des herbes, des plantes. On dit maintenant botaniste, le mot herboriste étant plus spécialement employé pour désigner celui qui vend des plantes médicinales. Consultez Dict. de Trévoux. Ch. Nodier prétend, je ne sais sur quel fondement, que le mot herboriste est un horrible barbarisme. Voy. La Fée aux miettes, ch. 26, p. 371. Note.

ARDRE (vieux mot). Brûler.

Bref, il en fut à grand'peine au douzième,
Que s'écriant: Haro! la gorge m'ard!
Tôt, tôt, dit-il, que l'on m'apporte à boire.

CONTES. Le Paysan qui avait offensé son Seigneur.

Le vieux français ardre se disait, comme notre mot brûler à la forme active et à la forme neutre. M. Breghot du Lut, Gloss. de Louise Labbé, observe que La Fontaine pourrait bien avoir emprunté cette exclamation: Haro! la gorge m'ard, de Fr. Villon qui dit, dans sa ballade sur la mort de Me J. Cotard:

<< Toujours crioit, Haro! la gorge m'ard. »

Ce judicieux philologue regrette que le mot ardre ait vieilli. ARLEQUIN, s. m. Voy. HARLEQUIN.

ARROUSER, v. a. Vieux mot pour arroser.

Doucement, notre épouse,

Dit le bon homme. Or sus, monsieur, sortez;
Çà, que je râcle un peu de tous côtés

Votre cuvier, et puis que je l'arrouse;

CONTES. Le Cuvier.

Arrouser pour arroser se rencontre fréquemment chez nos vieux écrivains français. On le dit encore dans quelques provinces. Voy. GAB. HÉCART, Dict. Rouchi, p. 37. Il est condamné par Vaugelas, Rem. sur la lang. franç., t. I, p. 366 et 536. Voyez aussi ACADÉM. FRANC., Observ. sur les Rem. de Vaugelas, p. 240, 241.— Ménage, Observ. sur la lang. franç., part. I, ch. 85, p. 180.— L'abbé FÉRAUD, Dict. crit. de la lang. franç., etc.

ARTISAN, s. m.

On exposait une peinture,

Où l'artisan avait tracé

Un lion d'immense stature

Par un seul homme terrassé.

Liv. III, fab. 10.

Ce mot ne se dit plus que des ouvriers dans les arts mécaniques; il signifiait autrefois celui qui s'occupe d'un art où le génie et la main doivent concourir. Boileau s'en est servi en parlant d'un sculpteur, dans le discours au roi placé à la tête de ses œuvres. L'abbé Dubos, Réflex. sur la peinture, emploie constamment dans ce sens honorable le mot artisan, ce que l'abbé Des Fontaines lui a sévèrement reproché, Dict. néolog., édit. de 1731, art. Livres. Consultez Dict. de Trévoux. L'abbé FÉRAUD, Dict. crit. de la lang. franç., etc.

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Sous cette acception, le substantif artisan a été remplacé par le mot artiste, dont on a depuis quelque temps singulièrement abusé. Qu'on l'ait employé en parlant des acteurs (voy. CASIMIR DELAVIGNE, les Comédiens, act. I, sc. v), cela se conçoit la déclamation, la musique étant à juste titre considérées comme des arts; mais, qu'un coiffeur se qualifie :

artiste capillaire ou artiste en cheveux, c'est une prétention dont le ridicule doit faire justice.

Je ferai observer en passant que l'on a cherché à introduire dans notre langue le féminin artisane. « Euripide dit que les « femmes sont les parfaites ouvrières et artisanes de toutes « les méchancetez qu'on sçauroit mesmes inventer. » JACQ. OLIVIER, Alphab. de l'imperfect. des Femmes; Lyon, 1646, in-12, p. 197. Ce mot n'a pas fait fortune, et j'estime qu'il ne mérite pas en effet d'être adopté.

ARTISTE, s. m., employé comme adjectif.

Quelquefois la quenouille et l'artiste fuseau

Lui délassaient l'esprit.

Captiv. de saint Malc.

Les auteurs du Dictionnaire de Trévoux condamnent l'emploi du mot artiste comme adjectif; mais l'abbé Féraud, Dict. crit. de la lang. franç., prétend qu'il a été autrefois généralement employé sous cette forme. On le trouve, en effet, dans Montaigne. « Semble-t-il pas que ce soit un sort « artiste. » Ess., liv. I, ch. 23.

ASCENSION, s. f. Fête de l'église.

Il ressemble à l'Ascension,

Qui n'avance ni ne recule.

Lettre au prince de Conti. Euv. div., t. II, p. 145.

Ce proverbe est fondé, sans doute, sur ce que la fête de l'Ascension est toujours également distante du jour de Pâques. L'Ascension étant, ainsi que Pâques, une fête mobile, qui tombe à une époque plus ou moins avancée de l'année, on a dit aussi proverbialement, et en sens contraire, en parlant d'un état de choses inconstant et variable: tantôt haut, tantôt bas, comme l'Ascension.

ASSEMBLEUR, s. m. Celui qui assemble.

Et l'assembleur de nuages
Jura le Styx, et promit
De former d'autres orages.

Liv. VIII, fab. 20.

Ce mot ne se trouve pas dans le Dictionnaire de l'Acad. Les auteurs du Dictionnaire de Trévoux le tolèrent dans le style badin. Il est au reste d'un usage habituel dans le commerce de la librairie, pour désigner l'ouvrier ou garçon de magasin chargé de réunir et de mettre en ordre les feuilles imprimées destinées à former un volume. L'épithète d'assembleur de nuages est empruntée d'Homère: Negeλnyépnta Zeùs. ASTRÉE. Titre d'un roman de d'Urfé.

Elles défendent à leurs filles cette lecture pour les empêcher de savoir ce que c'est qu'Amour; en quoi je tiens qu'elles ont tort, et cela est même inutile, la nature servant d'Astrée.

Psyché. Liv. II.

C'est dans une campagne près de Nice, où d'Urfé s'était retiré, après s'être séparé de sa femme, qu'il commença, vers l'an 1610, cet ouvrage dont plusieurs parties furent successivement publiées, mais qu'il n'eut pas le temps d'achever, ayant été enlevé par la mort en 1625, à l'âge de 58 ans. Baro, son secrétaire, le termina, d'après les notes qu'il trouva dans ses papiers. Le roman d'Astrée, que Laharpe a jugé trèssévèrement, ne trouve plus maintenant de lecteurs ; mais il eut dans son temps une grande vogue, que l'on doit peut-être attribuer aux circonstances dans lesquelles il parut. Les Français, fatigués des troubles, des discordes civiles, et commençant à se lasser des romans de chevalerie, aimaient à reposer leur âme en contemplant la douce peinture des mœurs pastorales. Cette vogue se soutint jusqu'au siècle de Louis XIV. Pélisson, Ségrais, La Fontaine, etc., faisaient le plus grand cas du roman d'Astrée. Ce dernier, qui en a tiré le sujet d'un opéra auquel il a donné le même titre, a exprimé, dans une de ses ballades, son admiration pour le roman de d'Urfé. Voy. CEuv. div., t. I, p. 278. Consultez HUET, Orig. des rom., p. 173, etc.

ATOURNEUSE, s. f. Femme chargée du soin de la toilette, dont la fonction est d'atourner, de parer.

L'autre avait des réparations à faire de tous les côtés à ses charmes. Le bain y fut employé, les chimistes, les atourneuses.

Psyche. Liv. II.

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