Page images
PDF
EPUB

Je rencontre à la fois Perrin, & Pelletier, . 45 Bonnecorfe, Pradon, Colletet, Titreville,

[ocr errors]

Lullis Pierre Perrin étoit né a Dampmartin, & Aumonier de Ma

Lyon.

Pelletier: Voyez les Remarques fur le vers 54. du Difcours au Roi. CHANG. Vers 45. Bonnecorje, Pradon, Colletet, Titreville.) Au lieu des deux premiers noms, il y avoit ceux de Bardou, Mauroy, Bourfaut, dans les premieres éditions. Mais Mauroy & Bourfaut devinrent amis de notre Poëte, & en même temps Bonnecorfe & Pradon firent paroître contre lui des Ouvrages remplis

[ocr errors]

dame la Ducheffe d'Orléans. mourut le 10. d'Avril, 1706. âgé de So. ans. Notre Auteur avoit aufli fait les deux vers fuivans, qu'il n'a jamais fait imprimer:

Qui ne hait point tes vers, ridicule
Mauroy,

[ocr errors][merged small]

d'injures. Cela fut caufe qu'il ôta C'est une traduction du fameux vers les noms des premiers, pour faire de Virgile, Eglogue III. place à ceux-ci; & c'eft à propos de ce changement de noms qu'il fit l'Épigramme fuivante :

Venez, Pradon & Bonnecorfe,
Grands Écrivains de même force,
De vos vers recevoir le prix ;
Venez prendre dans mes écrits

La place que vos noms demandent:
Liniere, & Perrin vous attendent.

La caufe de ces démêlés avec Pradon, fera expliquée fur le dernier vers de l'Epitre VII., & à l'égard de Bonnecorfe, fur le vers 64. de l'Épitre IX.

-BARDOU: mauvais Poëte de ce temps-là, qui avoit fait inférer quelques petits Ouvrages dans les Recueils de Poëfies qu'on imprimoit alors.

JEAN TESTU DE MAUROY, dont les Ouvrages paroisfoient auffi dans les Recueils de Poëfies. Il a été enfuite de l'Académie Françoife. Il étoit Abbé de Fontaine-Jean, & de S. Chéron de Chartres, Prieur de St. Jean de

Qui Bavium non odit, amet tua carmina, Mavi.

BOURS AUT: Dans le temps que notre Poëte compofa cette Satire, Bourfaut avoit un démêlé avec Moliere, contre qui il fit une petite Comédie, intitulée: Le Portrait du Peintre, où la Contre-Critique de l'École des Femmes ; qui fut repréfentée au mois de Novembre 1667. par les Comédiens de l'Hôtel de Bourgogne. Moliere ne regarda pas Bourfaut comme un ennemi digne de fon reffentiment; mais notreÄuteur le plaça dans cette Satire pour faire plaifir à Moliere. Bourfaur s'en vengea par une autre Comédie qu'il fit contre Mr. Despreaux, intitulée; La Satire des Satires; & cette Piece devoit être jouée par les mêmes Comédiens, mais Mr. Despreaux obtint un Arrêt du Parlement, qui leur fit défendre de la repréfenter. Bourfaut, ne voulant pas perdre le fruit de fa vengeance, fit imprimer fa Comédie. Elle fit néanmoins fr peu de bruit que notre Auteur affuroit qu'il ne l'avoit vue que trois ou quatre ans après qu'elle eut été imprimée. La querelle n'alla pas plus loin, entre deux ennemis, qui ne fe connoiffoient même

[ocr errors]

Et pour un que je veux, j'en trouve plus de mille. Auffi-tôt je triomphe, & ma Muse en fecret S'eftime & s'applaudit du beau coup qu'elle a fait.

C'est en vain qu'au milieu de ma fureur extrême, 50 Je me fais quelquefois des leçons à moi-même.

En vain je veux au moins faire grace à quelqu'un, Ma plume auroit regret d'en épargner aucun; Et fi-tôt qu'une fois la verve me domine, Tout ce qui s'offre à moi paffe par l'étamine. 55 Le Mérite pourtant m'eft toûjours précieux : Mais tout Fat me déplaît, & me bleffe les yeux. Je le pourfuis par-tout, comme un chien fait fa proye,

pas l'un l'autre. Mais Mr. Despreaux étant allé aux Eaux de Bourbon en 1685. Bourfaut, qui étoit alors Receveur des Gabelles à Montluçon, l'alla voir, lui offrit fa bourfe & fes fervices; & voulut même le régaler, Depuis cette réconciliation ils furent fort bons amis; & notre Auteur ôtà de fes Satires le nom de Bourfaut. EDME BOURSAUT étoit de Muffi-l'Évêque en Champagne, & mourut à Paris en 1701. Quoi qu'il ne fût pas le Latin, il n'a pas laiffé de faire des Ouvrages en vers & en profe, qui font eftimés.

§. LA Comédie de Bourfaut contre M. Despreaux, intitulée: la Satire des Satires, a été inférée dans un Recueil de Pièces choifies, tant en profe qu'en vers; publié par M. de la Monnoye, à Paris, fous le nom de la Haye, en 1714. 2 vol. in 12. DU MONTEIL.

COLLETET: Voyez la note fur le vers 77. de la Satire I.

Poëte très

TITREVILLE: obfcur, dont il y a quelques vers dans les Recueils de Poëfies.

Et

IMIT. Vers 60. Je fais coudre une rime &c.) Horace, L. I. Sat. IV. v. 41. & fuiv.

Neque enim concludere verfum Dixeris effe fatis: neque, fi quis fcribat, uti nos,

Sermoni propiora, putes hunc effe

Poëtam.

VERS 63. Ainfi, foit que bientôt, par une dure loi, &c.) Ce vers, & les dix-fept fuivans font imités d'Ho race, Liv. II. Sat. 1. v. 57. & fuiv.

Ne longum faciam: feu me tran
quilla Senectus
Expectat, feu mors atris circum
volat alis;
Dives, inops, Roma, feu fors ita
jufferit, exul;

Quisquis erit vitæ, fcribam, color.

CHANG. Vers 68. Riche, gueux, trifle ou gai, je veux faire des vers.)

Et ne le fens jamais, qu'auffi-tôt je n'aboye.

Enfin, fans perdre temps en de fi vains propos,

60 Je fais coudre une rime au bout de quelques mots : Souvent j'habille en vers une maligne profe;

C'eft par-là que je vaux, fi je vaux quelque chofe. Ainfi, foit que bientôt, par une dure loi,

La Mort d'un vol affreux vienne fondre fur moi; 65 Soit que le Ciel me garde un cours long & tranquille, A Rome ou dans Paris, aux champs ou dans la Ville, Dût ma Muse par-là choquer tout l'Univers, Riche, gueux, triste ou gai, je veux faire des vers. Pauvre Efprit, dira-t-on, que je plains ta folie!

Il y avoit dans les premieres édi

tions:

Riche, gueux, ou content, &c.
Mr. Desmarêts, dans la Critique
qu'il fit en 1674. des Satires de no-
tre Poëte, condamna cet endroit,
parce que content demandoit un mot
qui lui fut oppofé, comme trifte: & il
lui propofa de mettre ainfi :

Riche ou gueux, trifle ou gai, je
veux faire des vers.

Notre Auteur a fagement profité
de cette correction: C'eft pourquoi
il a dit ailleurs, en parlant de fes
Ennemis, Epitre VII. 65.

Je fais fur leurs avis corriger mes

erreurs.

S. VOICI la Critique que Des-
marêts a faite de ce vers:

Riche, gueux, ou content, je veux faire
des vers.

"Ce content eft bien mal placé; &
"tout feul il ne contente point. Il
"falloit lui oppofer un mot, comme,
nou trifte. Car on ne fait à quoi s'at-
stache ce mot, ou content. Il falloit
Tome I.

[ocr errors]

»dire, riche ou gueux, content ou trifte,
"pour faire les oppofitions juftes.
Cela eft pris & mal traduit d'Ho-
"tions néceffaires, tant pour ce qui
"race; qui fait toutes les oppofi-
»eft d'être vieux ou jeune, riche ou
"pauvre, foit qu'il fut à Rome ou
"en exil, fi la fortune le vouloit.
»ll dit Ne longum faciam &c. Donc
"fans s'extravaguer fur le vol affreuss
„de la Mort, & en faifant les oppo-
"fitions juftes, il devoit dire, pour
»imiter raisonnablement Horace,

„Enfin, soit que m'attende une heu-
reufe vieilleffe,
,,Soit que la Mort m'arrête en ma
verte jeunesse
,,Dans Paris, ou banni, vaguant
par l'Univers,

,,Riche ou gueux, trifte ou gai, je
veux faire des vers.

DU MONTEIL,

IMIT. Vers 69. Pauvre Efprit, dira-t-on, &c.) Horace au même endroit :

G

70 Modére ces bouillons de ta mélancolie;
Et garde qu'un de ceux que tu penses blâmer
N'éteigne dans ton fang cette ardeur de rimer.

Hé quoi! lors qu'autrefois Horace après Lucile
Exhaloit en bons mots les vapeurs de fa bile,
75 Et vangeant la Vertu par des traits éclatans,
Alloit ôter le mafque aux vices de fon temps:
Ou bien quand Juvénal de fa mordante plume
Faifant couler des flots de fiel & d'amertume,
Gourmandoit en courroux tout le Peuple Latin,
80 L'un ou l'autre fit-il une tragique fin?

Et que craindre, après tout, d'une fureur fi vaine.
Perfonne ne connoît ni mon nom ni ma veine.

O Puer, ut fis

Vitalis metuo; & majorum ne quis

Frigore te feriat.

amicus

VERS 73. Hé quoi! lors qu'autrefois, Horace après Lucile, &c.) Horace au même endroit :

lius aufus

VERS S2. Perfonne ne eonnoít ni mon nom ni ma veine.) Ce vers fait connoître que cette Satire eft un des premiers Ouvrages de l'Auteur; car il n'auroit pas pu dire, que perfonne ne connoiffoit ni fon nom ni fa veine, après avoir adreffé fes autres Satires à diverses personnes.

VERS 83.- A l'envi de MonQuid, cum eft Luci- treuil.] MATTHIEU DE MONTREUIL, fils d'un Avocat de Paris, nâquit en 1620. Il a toûjours porté l'habit Eccléfiaftique fans entrer dans les Ordres. Il avoit de l'efprit, & fes Poëfies lui donDetrahere & pellem, nitidus qua nerent de la réputation, mais il af

Primus in hunc operis componere

carmina morem,

quisque per ora

[blocks in formation]

fecta un peu trop de faire mettre fes vers dans les Recueils de Poëfies choifies, que les Libraires faifoient imprimer: c'eft à quoi notre Auteur fait allufion. Montreuil ne fe fâcha point de cette petite raillerie; au contraire, il a toûjours été des amis de Mr. Despreaux, qui avoit foin de lui envoyer un exemplaire de fes Quvres toutes les fois qu'on les

On ne voit point mes vers, à l'envi de Montreuil,
Groffir impunément les feuillets d'un Recueil.
85 A peine quelquefois je me force à les lire,
Pour plaire à quelque Ami que charme la Satire.
Qui me flatte peut-être, & d'un air imposteur,
Rit tout haut de l'Ouvrage, & tout bas de l'Auteur.
Enfin c'eft mon plaifir: je veux me fatisfaire;

90 Je ne puis bien parler, & ne faurois me taire;
Et dès qu'un mot plaifant vient luire à mon efprit,
Je n'ai point de repos qu'il ne foit en écrit:
Je ne réfifte point au torrent qui m'entraîne.

Mais c'eft affez parlé. Prenons un peu d'haleine. 95 Ma main, pour cette fois, commence à fe laffer. Finiffons. Mais demain, Mufe, à recommencer.

[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]

Gij

Non recito cuiquam, nifi amicis, idque coactus:

Non ubivis, coramve quibuslibet..

&

VERS 88. Rit tout haut, de l'Ouvrage, & tout bas de l'Auteur.) Quand Mr. Despreaux lut fa premiere Satire à l'Abbé Furetiere, comme on l'a dit ci-devant, il s'apperçut qu'à chaque trait cet Abbé fourioit amèrement, laiffoit entrevoir une joie maligne, prévoyant que l'Auteur alloit s'attirer bien des ennnemis : Voilà qui eft bon, difoit-il d'un air railleur: Mais cela fera du bruit. Ce trait n'échappa pas à notre Poëte, & c'eft a quoi il fait allufion dans ce vers, & dans les trois précédens.

« PreviousContinue »