Lui faifant voir fes vers, & fans force & fans graces, Montés fur deux grands mots, comme fur deux échasses; Ces termes fans raifon l'un de l'autre écartés, 100 Et ces froids ornemens à la ligne plantés? Qu'il maudiroit le jour, où fon ame insensée Le guérit par adreffe, ou plutôt par hazard. D'un remords importun vient brider nos defirs. Qui toûjours nous gourmande, & loin de nous toucher, 120 Souvent, comme Joli, perd fon temps à prêcher. En vain certains Rêveurs nous l'habillent en Reine, 125 C'eft elle, difent-ils, qui nous montre à bien vivre. nie: fans ceffe à fes &c. Mais peut- VERS 120. Souvent, comme Joli.) meilleur Prédicateur, & que Mr. Joli étoit plus grand Comédien. Il étoit alors Curé de S. Nicolas des Champs. Il fut enfuite nommé à l'Évêche de S. Pol de Léon en Bre tagne, & peu de temps après il obtint l'Évêché d'Agen. On a imprimé plufieurs fois fes Prônes, qui font eftimés. Il étoit né en 1610. à Buri fur l'Orne, dans le Diocèfe de Verdun en Lorraine, & il mourut en 1678. SATIRE V. DE DANGE A U. La Nobleffe, DANGEAU, n'eft pas une chimere, Quand fous l'étroite loi d'une vertu sévere, Un homme iffu d'un fang fécond en Demi-Dieux, Suit, comme toi, la trace où marchoient fes Ayeux. 3 Mais je ne puis fouffrir qu'un Fat, dont la molleffe Et me vante un honneur qui ne vient pas de lui. 10 Ait fourni de matiere aux plus vieilles Chroniques, Cette Satire a été faite en l'année 1665. L'Auteur y fait voir que la véritable Nobleffe confifte dans la Vertu, indépendamment de la Naiffance. Juvénal a traité la même matiere dans fa Satire VIII. & Sénèque dans la quarante-quatrieme de fes Épitres. IMIT. Vers 8. Et me vante un honneur qui ne vient pas de lui.) Qui genus jactat fuum, VERS II. Et que l'un des Capets Ait de trois fleurs de lis &c.) L'Illuftre Maifon d'Estaing · porte les armes de France, par con ceffion du Roi Philippe Auguste, qui étoit un des Défcendans de Hugues Capet, Chef de la troifieme Race de nos Rois. Philippe Augufte ayant été renversé de deffus fon cheval à la Bataille de Bovines, Adeodat, ou Dieu donné d'Estaing, l'un des vingtquatre Chevaliers commis à la garde de la Perfonne Royale, aida à tirer ce Prince du péril où il étoit, & fauva auffi l'Écu du Roi, fur lequel étoient peintes fes Armes. En récompenfe d'un fervice fi important, le Roi lui permit de porter les Armes de France, avec un Chef d'or pour brifure. Dans le temps que l'Auteur compofa certe Satire, JOACHIM, Comte Ait de trois fleurs de lis doté leur écuffon. Que fert ce vain amas d'une inutile gloire? Si de tant de Héros célèbres dans l'Hiftoire, 15 Il ne peut rien offrir aux yeux de l'Univers, Que de vieux parchemins qu'ont épargnés les vers; Şi, tout forti qu'il eft d'une fource divine, Son cœur dément en lui fa fuperbe origine; Et n'ayant rien de grand qu'une fotte fierté, 20 S'endort dans une lâche & molle oifiveté ? Cependant, à le voir avec tant d'arrogance |