Pouvant charger mon bras d'une utile liaffe, J'allai loin du Palais errer fur le Parnaffe. Dans ce métier funefte à qui veut s'enrichir, Qui l'eût cru, que pour moi le Sort dût fe fléchir? 125 Mais du plus grand des Rois la bonté fans limite, Toûjours prête à courir au devant du Mérite, Crut voir dans ma franchise un mérite inconnu, Et d'abord de fes dons, enfla mon revenu. La brigue, ni l'envie, à mon bonheur contraires, 130 Ni les cris douloureux de mes vains Adverfaires, Oncle: de Mr. DONGOIS, lierement dans fa jeunesse: car il Greffier de l'Audience à la Grand' fe levoit ordinairement fort tard, & Chambre; fils d'une Soeur de dormoit encore l'après-dinée. l'Auteur. Coufin du même Mr. DONGOIS, qui avoit époufé une coufine germaine de notre Poëte. Beau-frere: de Mr. SIRMOND, qui a eu la même Charge de Greffier du Confeil de la Grand Chambre. VERS 118. La graffe matinée.] Il étoit grand dormeur, particu VERS 136. Niles cris douloureux de mes vains Adverfaires.) Le Roi ayant donné une penfion de deux mille livres à l'Auteur, un Seigneur de la Cour, qui n'aimoit pas Mr. Despreaux, s'avifa de dire, que bientôt le Roi donneroit des pen fions aux voleurs de grand Chemin. Le Roi fût cette réponse, & en fut fort irrité. Celui qui l'avoit faite fut obligé de la défavouer. Ne pûrent dans leur course arrêter fes bienfaits. C'est là le feul chagrin qui trouble encor mon ame. Mais fi dans le beau feu du zele qui m'enflamme, Par un Ouvrage enfin des Critiques vainqueur, Je puis, fur ce fujet, fatisfaire mon cœur; 145 GUILLERAGUES, plains-toi de mon humeur légere, Si jamais entraîné d'une ardeur étrangere, Ou d'un vil intérêt reconnoiffant la loi, Je cherche mon bonheur autre part que chez moi. ·IMIT. Vers 133. Qu'à fon gré dés ormais la Fortune me joue:) CORNEILLE, Illufion Comique, Acte II. Scene V. Tij Ainfi de notre espoir la Fortune fe joué : Tout s'éleve on s'abaisse au branie de fa roues ÉP ITR E VI. A MR. DE LAMOIGNON, AVOCAT GÉNÉRAL. Ui, LAMÓIGNON, je fuis les chagrins de la ville, Et contre eux la Campagne eft mon unique azile. Du lieu qui m'y retient veux-tu voir le tableau? C'est un petit Village, ou plutôt un Hameau : s Bâti fur le penchant d'un long rang de collines, D'où l'œil s'égare au loin dans les plaines voifines. La Seine au pied des monts, que fon flôt vient laver, Voit du fein de fes eaux vingt Ifles s'élever, Qui partageant fon cours en diverses manieres, to D'une riviere feule y forme vingt rivieres. Tous fes bords font couverts de faules non plantés, Et de noyers fouvent du paffant infultés. Cette Épitre à été compofée en race, Livre fecond, qui eft fur le fannée 1677. après l'Épître VII. même fujet. Mr. CHRESTIEN l'Auteur étant allé paffer quel- FRANÇOIS DELAMOIGNON, que temps à Hautile, petite Seigneu- à qui cette Epître eft adreffée, étoit rie près de la Roche-Guyon, qui né le 26. de Juin, 1644. & il mourut appartenoit à M. Dongois, ton le 6. d'Aout, 1709. après s'être Neveu. M. de LAMOIGNON le Fils, fait admirer fucceffivement dans Avocat Général, lui écrivit une les Charges d'Avocat Général, & Lettre, par laquelle il lui reprochoit de Préfident à Mortier. fon long féjour à la Campagne & l'exhortoit de revenir à Paris. Mr. Despreaux lui envoya cette Épître, dans laquelle il décrit les douceurs, dont il jouit à la Campagne, & les chagrins qui l'attendent à la Ville. On peut lire la Satire fixieme d'Ho VERS 4. C'est un petit Village, &c.) Hautile, près de la RocheGuyon, du côté de Mantes à treize lieues de Paris. Dans toutes les éditions, il y avoit à la marge: Hautile, proche la Roche-Guyon, Je Le Village au deffus forme un amphithéâtre. C'eft là, cher LAMOIGNON, que mon efprit tranquille Met à profit les jours que la Patque me filę. Ici dans un vallon bornant tous mes defirs, J'achete à peu de frais de folides plaifirs. 25 Tantôt, un livre en main errant dans les prairies, J'occupe ma raifon d'utiles rêveries. Tantôt cherchant la fin d'un vers que je conftruis, Je trouve au coin d'un bois le mot qui m'avoit fui. Quelquefois aux appas d'un hameçon perfide, 30 J'amorce, en badinant, le poiffon trop avide; Ou d'un plomb qui fuit l'œil, & part avec l'éclair, Je vais faire la guerre aux habitans de l'air. Q fortuné Séjour! ô Champs aimés des Cieux! VERS 31, Ou d'un plomb qui fuit dans la Rue des Bons - Enfans, à Pail & part avec l'éclair,] Il faut l'Enfeigne des Bons-Enfans. lire: fuit l'ail, & non pas: fuit, comme quelques-uns l'ont cru. La légereté & le fon de ce vers, expriment bien l'éclat & le prompt effet d'un coup de fufil. IMIT. Vers 33. Une table au #etour &c.) Martial, L. I. Epigr. LVI. Pinguis inæquales onerat cui Villica menfas, Et fua non emptus præparat ova VERS 35 VERS 38. Et mieux que Bergerat.) IMIT. Vers 39. O fortuné féjour! 6 champs &c.] Horace, Livre II, Satire VI. v 222. ◊ rus, quando ego te afpiciam? quandoque licebit Nunc Veterum libris, nunc fomno & inertibus horis Ducere follicita jucunda oblivia |