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,,en 1694; mais il ne laiffoit pas d'être auffi rare que s'il ,,n'avoit jamais été imprimé. Je me fuis imaginé qu'on ,,feroit bien aife de le trouver dans la nouvelle édition ,,de ce Récueil. C'eft une Réponse à la VIII. Réflexion ,,critique de Mr. Despreaux, où il s'agit de Pindare, ,,Mr. Perrault fe propofoit de répondre à toutes les au,,tres Réflexions de Mr. Despreaux, qui attaquoient fon Parallèle des Anciens & des Modernes ; je ne pense pas ,,qu'il ait exécuté ce deffein. Mr. Despreaux avoit raifon pour le fonds; mais il traita trop durement fon adver,,faire. Mr. Perrault avoit l'avantage de la douceur, ,,de la modération, & de la politeffe. Après tout, on ,,verra dans cet Écrit que Mr. Despreaux a imputé à Mr. ,,Perrault bien des chofes qu'il n'avoit pas dites, & qu'il „lui a donné un ridicule dont il n'étoit point coupable. ,,Pourquoi n'a-t-il donc pas rectifié ces endroits dans la ,,derniere édition de fes Ouvrages? Comment accorder ,,ce procédé avec cette droiture & cette équité, dont il fe faifoit un rempart?

On a encore ajouté ici la Réponse de Mr. de la Motte à la XI. Réflexion de Mr. Despreaux fur Longin 7). Mr. de la Motte dans fon Difcours fur l'Ode, avoit trouvé trop hyperbolique & trop affecté ce Vers de la Phèdre de Mr. Racine, où Théramene parlant du Monftre qui fut caufe de la mort d'Hippolyte, dit:

Le flot qui l'apporta recule épouvanté.

Mr. Despreaux a défendu Racine fon Ami, dans la Réflexion qu'on vient de marquer; & Mr. de la Motte a répondu. Le Lecteur fera, fans doute, bien aise de pouvoir comparer cette Réponse avec la Réflexion de Mr. Despreaux, fans être obligé de l'aller chercher dans les Ouvrages de Mr. de la Motte.

2. On a fait entrer dans cette édition quelques autres Pièces qui n'ont, à la vérité, aucun rapport avec les Écrits de Mr. Despreaux, mais qui font, comme on l'a déja remarqué, néceffairement liées avec d'autres Ouvrages qu'il a plú au Commentateur d'inférer dans l'édition de Geneve. Ainfi on a joint à la Lettre de Mr. Racine contre Mr. Nicole, les deux Réponfes qui y furent faites 8), &la feconde Lettre de Mr. Racine, qui eft une Replique 7) Tom. III. pag. 314. S) Tom. IV. pag. 165, & 184.

à ces deux Réponses 9]. On a auffi joint au Sonnet de Mr. de Nantes contre la Satire fur l'Equivoque, deux autres petites Pièces, du même Auteur; & dans une Rémarque on a fait l'Hiftoire de ces Ouvrages 10). Le Commentateur n'a publié dans l'édition de Geneve que le fecond Sonnet, qui eft contre Mr. Despreaux: nous avons cru devoir y ajouter le premier, qui contient fon éloge. La troifieme Pièce eft une plaifanterie ingénieufe fur les deux autres. C'eft dans le même efprit d'équité & de défintéreffement qu'on a mis à la fuite des Remarques du Commentateur fur l'Epigramme LI, un extrait de la Défense du Grand Corneille contre le Commentateur de Mr. Despreaux, par Meffieurs les Journalistes de Trevoux 11).

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III. Le Commentateur a divifé fes Notes en trois claffes. La premiere contient les Changemens que Mr. Despreaux a faits dans les nouvelles éditions de fes Ouvra ges: la feconde, les Remarques qui expliquent les expreffions ou les allufions de Mr. Despreaux: & la troifieme, les Imitations, c'est-à-dire, les paffages qu'il a imités des anciens Poëtes. On trouvera ici la même divifion, Mais au lieu que dans l'édition de Geneve, on a séparé & diftingué chaque claffe d'une maniere qui ne fervoit qu'à groffir inutilement les volumes, & qui interrompoit même quelquefois la fuite naturelle des Notes; nous avons placé dans celle-ci toutes les Notes felon l'ordre & la fuite des vers: en diftinguant néanmoins les Changemens & les Imitations, d'avec les Remarques. Si cette diftinction ne fe trouve pas par-tout où elle devroit être, c'est parce qu'on a d'ailleurs fuivi fcrupuleufement l'édition de Geneve, où elle n'eft pas toûjours obfervée. Le Commentateur s'eft éloigné ici de fes propres regles. Son plan l'obligeoit à comprendre fous le titre de Changemens, tous les Vers que Mr. Despreaux a retranchés dans les éditions poftérieures de fes Ouvrages: il ne laiffe pas de les produire très-fouvent fous le titre de Remarques 12).

Le 1. d'Avril 1729.

9) Tom. IV. pag. 202.
10) Tom. II. pag. 318, & fuiv.
11) Tom. II, pag. 214. & fuiv.

12) Comparez dans l'Édition de Geneve, Lutrin Chant II. v. 8. 57. avec Chant IV. v. 105. & avec Satire I. v. 65. 94. 132. &C.

AVERTISSEMENT

DE L'ÉDITEUR

DE GENE V E.

EN publiant un Commentaire fur les Oeuvres de Mon

fieur Boileau-Despreaux, j'ai eu deffein de donner une édition du Texte, plus parfaite que toutes celles qui ont paru. Pour la rendre telle, j'ai raffemblé avec foin tout ce qui eft forti de la plume de cet illuftre Écrivain. Je donne des Pièces entieres qui n'avoient pas encore vû le jour; je conferve les endroits qu'il avoit retranchés de quelques éditions: enfin, jufqu'aux moindres fragmens, tout fe trouve ici, revû plus exactement que jamais.

J'ajoûte des Éclairciffemens hiftoriques au Texte de l'Auteur; & je n'impofe point quand j'annonce dans mon titre, qu'ils m'ont été donnés par l'Auteur lui-même; car je n'avance prefque rien qui ne foit tiré, ou des converfations que j'ai eues avec lui, ou des Lettres qu'il m'a écrites. La haute idée que j'avois de fes Ouvrages, m'ayant fait fouhaiter de le connoître, je ne trouvai en lui ni cette fauffe modeftie, ni cette vaine oftentation, fi ordinaires aux perfonnes qui ont acquis une réputation éclatante: &, bien différent de ces Auteurs renommés qui perdent à être vûs de près, il me parut encore plus grand dans fa Converfation que dans fes Écrits.

Cette premiere entrevue donna naiffance à un commerce intime qui a duré plus de douze années. La grande inégalité de fon âge & du mien, ne l'empêcha point de prendre confiance en moi: il m'ouvrit entierement fon cœur; & quand je donne ce commentaire, je ne fais proprement que rendre au Public le dépôt que cet illuftre Ami m'avoit confié.

S'il eut la complaifance de m'apprendre toutes les particularités de fes Ouvrages, je puis dire que de mon

côté je ne négligeai rien de ce qui pouvoit me donner d'ailleurs une connoiffance exacte de certains faits, qu'il touche légerement, & dont il m'avouoit qu'il ne favoit pas trop bien le détail. Mes recherches ne lui déplaifoient pas; de forte qu'un jour, comme je lui rendois compte de mes découvertes: A l'air dont vous y allez, me dit-il, vous faurez mieux votre Boileau que moi

même.

Ce n'eft donc pas ici un tiffu de conjectures, hazardées par un Commentateur qui devine: c'eft le fimple récit d'un Hiftorien qui raconte fidélement, & fouvent dans les mêmes termes, ce qu'il a appris de la bouche de l'Auteur original. En un mot, c'eft l'Hiftoire fecrete des Ouvrages de Mr. Despreaux. Mais c'eft auffi, en quelque façon, l'Hiftoire de fon Siecle. Car comine il y a eu peu d'Écrivains de ce temps-là qu'il n'ait nommés, en bien ou en mal; peu d'évênemens de quelque importance, qu'il n'ait indiqués; mon Commentaire embraffe le détail de ces diverfes matieres. Ainfi, l'on y trouvera quantité d'anecdotes litteraires & hiftoriques, peut-être affez curieufes d'elles-mêmes pour attacher les Lecteurs, & pour fuppléer à ces graces intéreffantes que je ferois peu capable de répandre fur mon Ouvrage.

Bien loin de m'abandonner à cette aveugle prévention tant reprochée aux Commentateurs, j'ai rapporté affez exactement les Critiques qu'on a faites de mon Auteur, pour peu qu'elles m'ayent paru fenfées. J'ai cru, qu'à l'égard de mes Lecteurs, je devois moins me regarder comme l'Ami de fa Perfonne, que comme l'Interprete & l'Hiftorien de fes Écrits.

En parlant des perfonnes qui y font nommées, je me fuis attaché particulierement à faire connoître celles qui font plus obfcures, & dont les noms feroient peut-être ignorés fans les Satires de notre Auteur. Dans le temps auquel il les publia, telle Perfonne étoit fort connue à la Cour ou à la Ville, qui ne l'eft plus maintenant; comme l'Angéli, le Savoyard, & un tas de mauvais Écrivains qui font nommés dans les Satires. Tel événement faifoit alors l'entretien de tout Paris, qui peu de temps après fut

entierement oublié : comme le Siege foutenu par les Auguftins, dont il eft fait mention dans le premier Chant du Lutrin. Voilà principalement quels font les fujets abandonnés à la prévoyance d'un Commentateur contemporain, dont la fonction eft de fixer de bonne heure la connoiffance des chofes, qui vraisemblablement ne pafferoient pas jufqu'à la Poftérité.

Cette réflexion s'adresse fur-tout à ceux qui feroient tentés de rejetter quelques-unes de mes Remarques, parce qu'elles leur paroîtroient moins importantes que la plupart de celles qui entrent dans ce Commentaire. J'ai eu deffein d'écrire pour tout le monde; pour les Étrangers auffi bien que pour les François pour la Poftérité encore plus que pour notre Siecle. Dans cette vûe, ne devois-je pas expliquer ce qui regarde nos ufages, nos modes & nos coutumes? Un François, qui lira aujourd'hui mon Commentaire, ne fentira pas le befoin de cette explication: mais nos Neveux fans doute m'en fauront gré: & les Notes qui peuvent maintenant paroître inutiles, ou qui femblent n'avoir été écrites que pour la fimple curiofité, deviendront toujours plus néceffaires, à mefure que l'on s'éloignera du Pays & du Siecle où nous

vivons.

Quelle fatisfaction & quel avantage ne feroit-ce pas pour nous, fi les Anciens avoient laiffé des Éclaircisfemens de cette forte, fur Horace, fur Perfe, fur Juvénal! S'ils nous avoient inftruits fur une infinité de faits, d'ufages, de portraits, d'allufions, que nous ignorons aujourd'hui, que l'on ignorera toujours, & dont néanmoins l'explication donneroit un grand jour à ces Auteurs! Au défaut de ces connoiffances, les Commentateurs qui font venus après, ont été obligés de fe renfermer dans la critique des mots, critique feche, rébutante, peu utile; & quand ils ont tenté d'éclaircir les endroits obfcurs, à peine ont-ils pu s'élever au deffus des doutes & des conjectures.

L'obscurité que l'éloignement des temps ne manque jamais de jetter fur les ouvrages de moeurs & de caractères, reffemble à la pouffiere qui s'attache aux tableaux, & qui en ternit les couleurs, fans les détruire

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