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personne ne songe à contester l'indispensable nécessité. Pour toutes ces causes, les cours des actions-incendie sont en quelque sorte le régulateur du marché des assurances.

C'est ainsi que, pour les actions vie et accidents, la baisse, quoique occasionnée par les causes générales plus haut énoncées, a eu, en outre, pour cause spéciale, la baisse des actions incendie. Le relèvement prochain, suivant nos prévisions, des cours de la branche incendie, contribuera fortement à entraîner les valeurs vie et accidents, qui semblent n'attendre que l'occasion favorable. Non pas que nous prédisions, ni surtout que nous désirions aucune exagération de hausse. Nous parlons d'une façon relative et qui vise l'état actuel du marché. Les Compagnies-vie paraissent avoir maintenu, en 1882, le chiffre de leur production précédente, et l'on trouvera ce résultat satisfaisant, si l'on songe qu'il a été obtenu en dépit de la crise financière qui a entraîné nécessairement la résiliation d'un grand nombre de contrats. Par contre, la mortalité a dû dépasser un peu la moyenne ordinaire, en conséquence des mauvaises conditions climatériques et sanitaires de 1882.

En somme, cette branche suit sa voie normale, et si des abus se sont introduits dans ces dernières années du côté des commissions, on peut dire à cet égard, sans approuver aucune imprudence, que l'assurance-vie devait faire certains sacrifices pour s'implanter dans un pays comme le nôtre, où la propagande est encore récente et qu'en fin de compte, il est facile de corriger les écarts. Nous avons confiance, à ce sujet, dans la sagesse des administrations et, au besoin, dans la vigilance des actionnaires.

Ce que nous venons de dire de la branche-vie s'applique de tous points à la branche-accidents. Un peu trop de Compagnies, sans doute, mais laissez se poursuivre, en 1883, le travail de concentration déjà commencé, et vous arriverez promptement à une situation satisfaisante.

L'élimination des Compagnies sans vitalité suffisante se poursuit de même dans la branche grêle et dans celle des assurances maritimes. Il nous parait d'ailleurs inutile de faire ici l'énumération des Compagnies de diverses natures qui viennent de disparaître ou qui semblent condamnées à faire enregistrer, en 1883, leur acte mortuaire. Ces relevés, qu'on trouve un peu partout, sont généralement inexacts dans leur forme trop concise. Nous voyons portées comme n'existant plus, des Compagnies simplement juxtaposées, on en arrive à confondre liquidation avec déconfiture, au très grand pré

judice d'intérêts respectables. Nous suivons au jour le jour l'historique de ces transformations et nous avons toujours soin de préciser la situation légale qui en résulte pour chacune des Compagnies

en cause.

La branch e-grêle s'est tirée à son honneur d'une période de trois mauvaises années consécutives. Nous plaçons d'ailleurs cette assurance dans une catégorie à part, eu égard à son caractère essentiellement aléatoire. Ses titres ne constitueront peut-être jamais un placement de père de famille, et le capitaliste prudent ne leur fera qu'une place restreinte dans son portefeuille. Le succès définitif de ce genre d'opération, qui peut donner de grands bénéfices, dépend tout entier de la constitution de fortes réserves.

On voit donc par ces considérations rapides et forcément abrégées que nous ne sommes ni inquiets ni découragés. Nous avons foi dans un avenir prochain et nous croyons que les porteurs des bons titres n'ont rien de mieux à faire que de conserver leur position; les plus avisés se feront une moyenne de prix plus avantageuse par des achats aux bas cours actuels.

Nous ne sommes pas seuls, heureusement, à examiner avec impartialité et sang-froid la situation de notre marché spécial; plusieurs de nos confrères ont exprimé déjà à peu près les mêmes vues; M. Bécourt, notamment, a formulé ses conclusions en des termes excellents que nous lui demandons la permission de nous approprier en les reproduisant :

<«< L'industrie des assurances ne périra pas, parce qu'elle est devenue une nécessité sociale, parce que ses combinaisons diverses répondent toutes à des besoins 'qui deviennent, chaque jour, plus impérieusement pressants. Il faut espérer que les catastrophes financières, sans précédent, qui ont fait de 1882 l'année lugubre, ne se reproduiront pas. Lorsque l'état général de la place de Paris sera raffermi, il est hors de doute que la faveur reviendra également aux valeurs d'assurances, si les Compagnies prennent les dispositions nécessaires pour faire de leurs actions des placements rémunérateurs. Que les Compagnies commencent donc par s'aider ellesmêmes, et tous ceux qui s'intéressent à leur prospérité les aideront à leur tour, aussi bien en combattant à outrance les Sociétés véreuses, qu'en défendant celles qui sauront, en gardant les saines traditions d'un passé brillant, préparer un avenir certain aux capitaux de l'épargne. »>

Les Compagnies ci-après viennent de distribuer un à-compte sur le dividende de l'exercice écoulé.

En voici la liste :

Assurances générales (incendie) 300 francs par action.

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L'année dernière, à pareille époque, la Nationale ne distribuait que 100 francs et l'Union, 50.

VENTES PUBLIQUES.

16 décembre 1882 (Me Félix Morel d'Arleux, notaire à Paris). - Quarante-cinq actions de l'Urbaine (accidents) ont été adjugées par lots de 5 actions à 714 francs le lot, en moyenne. Les frais en sus représentaient 7 fr. 50 par action. Le prix de l'action ressort ainsi à 150 fr. 25.

La Réassurance.

L'assemblée générale tenue le 22 décembre dernier a été des plus orageuses. Nous ne relaterons pas ici les discussions passionnées qui se sont produites; qu'il nous suffise de dire qu'elles ont abouti au vote des résolutions suivantes :

1° La dissolution est prononcée;

2° Cinq liquidateurs sont nommés, avec mission de réaliser l'actif. L'aliénation du portefeuille et celle des immeubles ne pourra être faite qu'avec l'assentiment préalable des actionnaires réunis en assemblée;

3o Les liquidateurs sont MM. Moreau (proposé par M. Heurtey, syndic de l'Union générale); Louet, ancien censeur de la Compagnie; Arrault, ancien juge au tribunal de commerce de Paris; Noël Vindry et Poizat, de Lyon.

M. Burckardt, représentant la Société Paris, proposait, sous la garantie de la Confiance (incendie), de se charger à forfait de la liquidation de la Réassurance, en garantissant les actionnaires contre tous risques et contre toute éventualité d'appel de fonds, s'engageant, en outre, à faire une répartition unique de trente francs par action, le 31 janvier 1883. Il offrait, subsidiairement, de payer 20 francs seulement, au lieu de 30, en abandonnant, dans ce cas, aux actionnaires, la moitié de l'excédent net, résultant de la liquidation. Ces proposi

tions n'ont pas pu être examinées dans l'assemblée du 22 décembre; nous n'avons encore aucune donnée sur l'accueil que leur fera, si elles sont maintenues, la commission de liquidation. Nous devons avouer, d'ailleurs, qu'au point de vue de la légalité, nous ne comprenons pas comment la Confiance (incendie) pourrait couvrir directement ou indirectement les risques grêle, transports, etc., qui entrent dans la composition du portefeuille de la Réassurance.

Cie de Réassurances générales. Nous disions dans notre dernier numéro que cette Compagnie devait aviser aux meilleurs mesures à prendre pour mettre les actionnaires à l'abri des appels de fonds que la situation pouvait faire craindre dans un avenir plus ou moins prochain. Le procédé auquel le Conseil d'administration s'est arrêté, d'accord avec les Commissaires censeurs, consiste à fusionner la Société actuelle avec une autre Société qui se formera ad hoc. La nouvelle Société sera constituée à un capital modeste avec faculté d'élever ce capital par voie d'apport; cet apport, ce sera l'actif net de la Société actuelle, et les actionnaires de la Cie de réassurances générales recevront, en échange de leurs titres, un nombre proportionnel d'actions entièrement libérées de la Société nouvelle. Ils sont convoqués pour le 30 janvier courant, à l'effet de délibérer sur ces projets, qui sont, à notre sens, ce qu'on pouvait imaginer de mieux dans les circonstances présentes.

Le directeur de la Métropole (incendie), M. Colombet, vient de se démettre de ses fonctions, à la suite de graves dissentiments avec le Conseil. Il est remplacé par M. Flury, précédemment directeur de la Caisse générale agricole.

On parle d'irrégularités commises par l'ancien secrétaire géné ral, aujourd'hui révoqué, mais on ajoute que la Compagnie a été remboursée des 100,000 ou 120,000 fr. détournés. Il n'en resterait pas moins un fait regrettable, qui s'ajoute aux responsabilités que le Conseil a pu encourir en d'autres occasions. On ne pourra rien faire de mieux que de s'expliquer très franchement sur toutes choses dans la première réunion des actionnaires. Beaucoup de fautes évidemment ont été commises; il faut les reconnaître et surtout les réparer.

La Centrale-Incendie. La direction vient d'adresser aux actionnaires la lettre suivante:

« Nous avons l'honneur de vous rappeler que la première fraction (60 francs) de l'appel de fonds que la Centrale fait en ce moment est exigible depuis le 10 décembre, et que, depuis cette époque, confor mément à l'article 9 des statuts, elle produit un intérêt à 6 p. 100 au profit de la Société.

Nous n'en devons pas moins insister sur un versement immédiat, à défaut duquel nous nous trouverions dans la pénible nécessité de Vous y contraindre. »

Le Conseil d'administration obéit ici à une nécessité impérieuse à laquelle il convient de se soumettre, mais il nous tarde d'apprendre l'accomplissement d'un autre devoir qui lui incombe: nous voulons parler des mesures à prendre au sujet du traité passé avec la Réparation et des circonstances qui ont accompagné ou suivi la signature de ce traité. Le Conseil ne saurait se dissimuler qu'il engagerait gravement sa responsabilité s'il restait inactif en présence des révélations qui se sont produites à ce sujet.

La République. - Le capital social de cette Compagnie se trouve désormais porté à quatre millions, par suite de la souscription de 2,000 actions nouvelles, libérées d'un quart comme les premières. Dans une assemblée tenue le 28 décembre 1882, les actionnaires ont reconnu la régularité de cette opération.

Le Midi-grêle.

Dans une assemblée générale extraordinaire tenue le 20 décembre 1882, les actionnaires du Midi-grêle ont prononcé la dissolution anticipée et la mise en liquidation de leur Société, à partir dudit jour. Cette liquidation sera faite à l'amiable et sans aucune formalité judiciaire. L'ancien directeur, M. Douladoure, a été nommé liquidateur avec les pouvoirs les plus étendus.

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L'Agriculteur français. Nous retracions naguère (15 octobre 1882) le curieux tableau des cinq ou six Sociétés fantaisistes, qui s'intitulaient Compagnies d'assurances à primes fixes contre la mortalité du bétail. L'une de ces créations éphémères, l'Agriculteur français, dont le siège était à Paris, rue Monthyon, 13, a été déclarée en faillite par jugement du 22 décembre dernier.

L'ouverture a été fixée au 8 novembre 1882. Le tribunal a nommé

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