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Nous avons signalé à diverses reprises les causes spéciales qui ont exercé leur influence sur cette situation: tout d'abord, l'excès de la hausse qui a porté les cours de nos titres au delà de leurs justes limites, et devait fatalement provoquer une réaction; ensuite, l'excès des sinistres qu'ont eu à supporter pendant deux années consécutives les Compagnies-Incendie, et qui a amené une notable réduction des dividendes; enfin, l'excès de créations de Compagnies nouvelles, d'où devait sortir une concurrence déplorable, funeste, à la fois, aux anciennes Compagnies et aux nouvelles par l'abaissement des tarifs et l'exagération des commissions, plus funeste aux dernières venues qui, encore mal formées, inexpérimentées, dénuées de réserves, ne pouvaient longtemps supporter une lutte inégale, et couraient à une ruine presque inévitable.

Nous pouvons éliminer aujourd'hui les causes spéciales. La hausse exagérée s'est évanouie; les sinistres rentrent dans leurs limites normales; dès cette année, les dividendes se relèvent; la concurrence, impuissante ou inutile, tend à disparaître, et nous voyons le terrain. des assurances se déblayer et s'alléger de jour en jour de ce qui le chargeait à l'excès. Ajoutons que toutes nos bonnes Compagnies se remettent de ces deux années de dangers et d'alarmes, et que, après avoir réparé leurs avaries, elles ne se préoccupent plus que d'améliorer leur fonctionnement.

Ce qui reste et persiste encore à l'heure où nous écrivons, c'est la baisse. Mais une baisse, hâtons-nous de le dire, qui n'est plus soumise qu'aux influences générales dont tous nos marchés publics ont eu à subir les effets. Et, s'il est vrai, comme nous le croyons, qu'il y ait sur notre place une tendance déterminée à un relèvement des cours, à une reprise des affaires, il n'y a plus aucune raison pour que nos valeurs d'assurances ne suivent pas ce mouvement.

Au surplus, examinons ce qui se passe dans notre domaine particulier, essayons de dégager les véritables dispositions de nos porteurs d'actions sérieuses. N'est-il pas évident que, s'ils étaient en défiance de l'avenir, ils auraient hâte de réaliser leurs valeurs, et que, par suite, les offres afflueraient sur le marché? Or, il n'en est rien. Les offres, bien plus que les demandes, font défaut. Les vendeurs hésitent à s'exposer, en acceptant une baisse dont ils prévoient la fin, à une perte qui se changerait pour d'autres en bénéfice. Ils attendent donc une hausse dont ils ne doutent plus. Rassurés par la situation financière de leurs Compagnies, par leur production toujours progressive que la concurrence n'a réussi un moment qu'à rendre plus laborieuse.

et qu'elle ne peut plus leur disputer, ils se sont ravisés et reculent devant de nouveaux sacrifices. Disons, pour nous résumer, que les porteurs d'actions sont retenus par la même confiance qui détermine les demandes des acheteurs. On a même fait cette remarque que, dans beaucoup de cas, ce sont d'anciens vendeurs qui rachètent, et sont les premiers à profiter des réalisations qui se reproduisent toujours par nécessité, par habitude, par désir ou besoin de placements

nouveaux.

Dans de pareilles conditions, une seule question se pose et nous ne croyons pas que la réponse puisse être douteuse. N'est-il pas logique d'espérer un retour prochain, non pas de faveur, mais de justice pour les titres d'assurances ? N'est-il pas logique de penser que des titres, passagèrement déprimés et avilis par des causes accidentelles, doivent se relever par la seule force de leur ressort, lorsque ces causes ont disparu?

Une détente ne peut tarder à se faire dans la situation expectante du marché, et nous verrons cesser cette contradiction étrange entre des Compagnies qui prospèrent et leurs titres précipités et maintenus, on ne sait pourquoi, au-dessous de leur valeur réelle.

Après ces observations générales, nous avons peu de choses à dire des variations de cours constatées par la cote. Soit en hausse, soit en baisse, ces variations sont dues à un nombre insignifiant de négociations.

Sauf de rares exceptions, les titres de la branche vie sont faibles et nos lecteurs savent ce que nous pensons de l'abstention du public à cet égard. Les demandes pourtant abondent sur les actions de la Générale, de la Nationale, du Phénix, de l'Urbaine, etc., mais à des prix que les détenteurs, en général, jugent avec raison beaucoup trop faibles.

Les actions de la branche incendie continuent à montrer une meilleure tenue. Nous pouvons citer l'Union, la France, la Providence, la Confiance comme ayant bénéficié d'une avance plus ou moins importante; tous ces titres et quelques autres restent demandés.

La branche-accidents est sans changements appréciables, mais avec une nuance de faiblesse, même en ce qui touche le Soleil et l'Urbaine, dont les prix sont pourtant excellents pour les acheteurs. Rien à dire des Compagnies d'assurances maritimes, sur lesquelles, toutefois, nous donnons ci-après diverses informations intéressantes.

Il y a du mieux sur les cours de la plupart des Compagnies étrangères, sauf, bien entendu, le Lloyd suisse (transports) et le Llyod suisse (réassurances) dont la mauvaise situation s'est révélée par le suicide du directeur, M. Lengstorf.

VENTES PUBLIQUES.

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23 février 1883 (Me E. Jozon, notaire à Paris). Dix actions de la Compagnie Sécurité (assurances maritimes) ont été adjugées à 105 francs l'une (162 francs, les frais compris). Cette vente avait été inutilement tentée sur la mise à prix de 600 francs par action.

Ce résultat met en évidence l'excessive, l'incroyable défaveur qui pèse actuellement sur les titres des Compagnies d'assurances maritimes. La Compagnie Sécurité avait distribué, l'année dernière, 100 francs par action; son dividende est le même pour 1882; la réserve au 31 décembre 1882 est de 146,130 fr. 75 c.

On voit, par cet exemple, qu'il y a une grande marge pour la hausse des actions des bonnes Compagnies d'assurances maritimes lorsque viendra le moment psychologique. Nous ne conseillons pas à tout le monde d'acheter des actions de ces Compagnies, eu égard au risque qu'elles peuvent entraîner; mais il y a, aujourd'hui, une place à leur faire dans les portefeuilles importants, les bénéfices étant désormais plus probables que les pertes.

INFORMATIONS DIVERSES.

La Centrale (incendie). Le 24 mars courant, les actionnaires de la Centrale (incendie) se réuniront pour répondre à deux convocations simultanées, l'une émanant du Conseil et tendant à l'approbation d'un traité de réassurance du portefeuille de Paris, l'autre venant de la Commission nommée le 4 décembre dernier. L'ordre du jour rédigé par cette commission semble fort insignifiant; il ne vise que les articles 20 et 41 des Statuts, relatifs au Conseil d'administration, dont les membres seraient réduits au nombre de trois.

Nous espérions quelque autre mesure de salut et nous craignons fort que ni le Conseil ni la Commission n'aient été à la hauteur des difficultés pendantes.

Foncière-vie et Foncière-transports.

Ainsi que nous l'avions

annoncé, les actionnaires de ces deux Compagnies ont été réunis en

assemblée générale extraordinaire le 19 février dernier. Les modifications statutaires proposées par le Conseil ont été adoptées, notamment celle qui permet de diminuer le capital social de la Foncièretransports. La question de savoir si cette mesure pourrait être légalement appliquée paraît n'avoir été ni examinée ni même soulevée dans l'assemblée; elle reste pour nous fort douteuse. Il ne suffit pourtant pas qu'une mesure soit plus ou moins opportune; encore faut-il qu'elle ne fasse pas échec à la loi. Or, on admet généralement que, diminuer le capital social, quand les Statuts n'ont pas prévu cette éventualité, c'est porter aux Statuts une atteinte fondamentale qui exigerait le vote unanime des Actionnaires, en outre du consentement des tiers intéressés. Le Conseil ne s'est d'ailleurs expliqué ni sur l'époque où cette réduction serait opérée ni sur le procédé auquel on s'arrêterait. S'agira-t-il de racheter et d'éteindre les titres d'actionnaires devenus insolvables ou bien aura-t-on recours à la transfortion de tous les titres, actuellement libérés du quart, en titres entièrerement libérés, par la réduction du capital au chiffre de 6,250,000 francs effectifs? Nous l'ignorons; il est désirable, en tous cas, que l'on ne s'engage pas dans une impasse, et les intéressés ne peuvent que nous savoir gré d'appeler leur attention sur ce point.

Cette réunion a d'ailleurs fourni au Conseil d'administration l'occasion de donner aux actionnaires, en attendant les prochaines assemblées ordinaires, quelques indications favorables touchant la marche des affaires.

En ce qui concerne la Foncière-transports, « la Compagnie n'a été atteinte par les sinistres que dans des proportions normales, et elle sera en mesure de donner un dividende qui paraît devoir être, à peu de chose près, le même que celui de l'année dernière. »

Pour la Foncière-vie, « l'exercice 1882 s'est soldé par un bénéfice d'une certaine importance, dont l'assemblée générale ordinaire du mois de mai prochain aura à déterminer l'emploi.

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Puisque nous parlons des Foncières, devons-nous mentionner le bruit de la fusion des diverses Compagnies françaises, et étrangères, portant ce nom? Cette niaiserie, mise en circulation par quelque aimable farceur, a fait, en huit jours, le tour de la presse européenne et il a bien fallu qu'on se donnât la peine de la démentir!

L'Ouest (vie).

- Nous avons fait connaître à nos lecteurs les réso

lutions votées par les actionnaires de cette Compagnie le 10 février dernier. Voici la liste des nouveaux administrateurs qui rem placent l'ancien conseil démissionnaire :

M. le baron Haussmann, président du Conseil d'administration de la Rente Foncière et du Comptoir foncier; M. Paul Marix. administrateur du Comptoir foncier; M. de Chaumont, ancien administrateur du Crédit Viager, M. de Montry, ancien administrateur du Crédit viager; M. Vernhette, ancien préfet; M. Bertin, de Nantes; M. Rion, de Nantes, ancien président du conseil de l'Ouest; M. Sébastien de Neuville, banquier à Paris; M. de Jancigny, président de la Nouvelle Union; M. Martenot, sénateur.

Le Capital et l'Union Nationale. — La mise en liquidation du Capital, en Angleterre, a suivi d'un jour sa faillite en France. Les opérations en ont été confiées à la Compagnie Millers and General Fire Insurance. Quatre demandes successives avaient été formées par différents créanciers, en mai, juin, juillet et octobre de l'année dernière pour arriver à cette liquidation. Le juge en la prononçant a remarqué que c'était là «< une misérable affaire », ce sont ses propres termes, qui n'aurait jamais dû voir le jour. Les journaux anglais, sans exception, sont très sévères pour cette entreprise aussi mal conçue que conduite. On espère, toutefois, que les actionnaires n'auront pas une trop grosse somme à verser sur les sept livres par action (il y avait 200,000 actions de dix livres chacune) dont ils sont encore redevables.

On sait que la faillite du Capital a entraîné du même coup celle de l'Union Nationale. De louables efforts sont tentés (avec peu de succès, il est vrai) pour faire rompre le traité de fusion et pour faire rapporter ensuite la faillite de l'Union Nationale. Le syndic de cette dernière société, n'étant pas en mesure de donner aux assurés la caution prévue par la loi, a pris le sage parti de faciliter aux assurés la régularisation de leur situation. Il a écrit la lettre suivante à un assuré qui lui avait signifié la résiliation de son contrat ;

<< J'ai l'honneur de vous accuser réception de votre lettre du 21 courant. «Par le fait de la mise en faillite de l'Union Nationale et du Capital, les assurés de ces Compagnies ont le droit de résilier leurs polices à la condition de m'en prévenir par lettre recommandée.

< Quant aux assurés frappés de sinistres, ils doivent produire à la faillite pour le montant de leurs indemnités.

Agréez, etc....

« Signé BONNEAU. »

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