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Chacun des deux comités (à Vienne et à Pest) se compose de trois membres ordinaires et d'un membre suppléant, nommés pour trois ans, à la majorité absolue des membres de l'association domiciliés dans la circonscription.

Chaque comité choisit, dans son sein, un président dont les fonctions ont la même durée que la sienne et arrête la nature des affaires qui peuvent être expédiées par le président seul.

La répartition des indemnités à payer pour les deux natures d'assurances se fait entre les membres de l'association dans la proportion de l'importance de leurs transports. Cette répartition pour 100 entre chaque chemin est jointe au projet que les délégués ont eu à examiner. Elle varie entre 16 pour 100 pour le chemin autrichien du Sud, le plus important de l'association, et 0,1 pour la ligne la plus courte et qui a le moindre trafic.

Pour réduire autant que possible les risques d'accidents de personnes, les deux comités devront exercer sur les Compagnies de leur ressort, au point de vue du bon état de la voie, ainsi que du matériel roulant et du nombre, suffisant ou non, des agents de la traction, une étroite surveillance. Ce contrôle était nécessaire pour calmer l'appréhension probable du public que les Compagnies pourraient cesser de prendre, par le fait de l'assurance, les mesures exigées par la sécurité des transports. Les comités feront, dans le même intérêt, bénéficier toutes les Compagnies assurées des améliorations ou inventions propres à conjurer les accidents plus efficacement que par le passé.

Les deux gouvernements intéressés (Autriche et Hongrie ) surveilleront, de leur côté, les agissements de l'association, pour réprimer, en cas de besoin, les abus qu'ils pourraient engendrer.

Toutefois, le public, il ne faut pas se le dissimuler, ne voit pas, sans une certaine préoccupation, se former une association qui lui paraît devoir accroître, dans une forte proportion, l'influence déjà très grande à tous les points de vue, des Compagnies de chemins de fer.

Agréez...

HERMANN.

On nous écrit de Londres :

« Il y a peu de différences à signaler dans la manière dont on comprend l'assurance sous toutes ses formes, en l'Angleterre et en France; cependant, je crois utile d'appeler votre attention sur cette

question de l'assurance industrielle, c'est le nom que nous lui donnons ici, dont les mérites sont diversement appréciés, mais qui prend réellement chez nous un tel développement, qu'elle force l'attention. et appelle l'examen.

Vous savez que la Prudential est, de beaucoup, la principale, sinon la seule institution de ce genre. Or, son fonctionnement forme un chapitre très particulier de l'histoire de l'assurance, dont je voudrais vous entretenir brièvement.

La Prudential, vous le savez déjà, a été fondée en 1848, dans le but de traiter les affaires ordinaires d'une Compagnie d'assurances sur la vie, et ce n'est qu'en 1854 que ses administrateurs songèrent à établir l'assurance industrielle. La première difficulté était le manque de données sur lesquelles on pût baser les tarifs. On n'avait, pour se guider en cette matière, que l'expérience des Sociétés de secours mutuels et de celles que nous appelons « Associations pour <assurer les frais funéraires », expérience bien incomplète assuré

ment.

Une première différence entre l'assurance ordinaire et celle-ci, une différence capitale est la suivante: la prime à payer est la même à tous les âges; c'est la somme assurée qui varie suivant l'âge. Les polices ne sont faites que pour de petites sommes; les primes se payent chaque semaine. Au fond, c'est toujours en vue d'assurer les frais funéraires que la plupart des contrats sont souscrits.

On voit tout de suite quel surcroît de dépense doit imposer à la direction de la Compagnie la nécessité d'aller recueillir chaque semaine les primes de maison en maison; quel nombre d'agents elle doit employer et combien est minutieuse et difficile la surveillance de ces agents! Cependant, il semble que la Prudential n'ait pas trop à se plaindre à cet égard et que ses choix soient généralement heureux.

La moyenne des sommes assurées ne dépasse pas 231 francs; celle des primes hebdomadaires, 20 centimes; mais le total effrayant de ces faibles sommes confirme le vieux proverbe anglais, qui dit : << Prenez soin des pence; les livres sterling se garderont toutes seules. »

La Prudential a maintenant des bases sur lesquelles elle peut opérer scientifiquement. Elle a eu des précautions particulières à prendre. Elle a toujours refusé d'assurer de fortes sommes sur la tête de jeunes enfants; à l'origine même, elle ne les assurait pas au-dessous de dix ans; plus tard, cet âge fut réduit à sept ans; et,

enfin, elle assure aujourd'hui l'enfant à tout âge, mais avec cette restriction que la prime hebdomadaire est réduite à 10 centimes, et que si le décès arrive avant cinq ans, le bénéfice de l'assurance est presque nul; ce n'est que lorsque l'enfant a atteint l'âge où il commence à gagner de l'argent, que l'assurance produit un effet de quelque importance. Ce système, destiné à garantir la sécurité des enfants, est en vigueur depuis vingt ans, et les résultats en ont été satisfaisants.

Comme il fallait s'y attendre, avec une clientèle aussi mobile et, en général, aussi peu persévérante, la moyenne des polices tombées en déchéance est plus forte que dans les autres genres d'assurances. C'est un fait dont la Compagnie se préoccupe et auquel elle s'efforce de remédier par des avantages offerts aux agents pour qu'ils s'efforcent de maintenir les contrats en vigueur.

Aujourd'hui, le montant des sommes assurées, dans la branche industrielle, est de un milliard cent quatorze millions, produisant une recette, en primes, de 986,000 francs par semaine, et de 51,245,600 francs par an. Le nombre des polices est de 4,822,519; elles assurent donc environ un huitième de la population totale de l'Angleterre et de l'Irlande. La Compagnie a payé, en 1881, 3,200,000 francs de sinistres.

Comme je vous l'ai dit en commençant, malgré d'aussi étonnants résultats, le système de l'assurance industrielle est encore discuté en Angleterre.

Certains critiques trouvent qu'elle est trop chère; que le public n'en a pas pour son argent. Il est certain qu'elle coûte gros à administrer, et que cette armée de percepteurs de primes, qui va de maison en maison, est une lourde charge; en outre, la correspondance est énorme. C'est tout un peuple qui y est employé chaque jour; la Compagnie admet un grand nombre de femmes parmi ses scribes. Cependant, pour être juste, il faut ajouter que la critique qui peut se porter sur ce genre d'opérations s'inspire encore de la manière. défectueuse dont il a été primitivement inauguré par de petites Compagnies. En somme, l'administration de la Prudential agit avec un ensemble, une énergie et une précision absolument remarquables. Un renseignement médical pour finir. Nous avons eu récemment, à Londres, deux épidémies: l'une de petite vérole et l'autre de fièvre typhoïde; or, la Commission réunie pour étudier l'état des hôpitaux spéciaux où ces maladies sont traitées assure que la contagion s'étend, avec évidence, jusqu'à un demi-mille de distance de

ces établissements, c'est-à-dire dans un cercle de trois mille environ, le voisinage immédiat étant le plus affecté, bien entendu.

Ce sont de grandes autorités médicales qui ont émis cet avis; il ne doit donc pas être indifférent aux Compagnies d'assurances sur la vie. »

G. GORDON.

BIBLIOGRAPHIE

Assurances populaires. Du développement des assurances sur la vie dans les classes ouvrières, par M. J. DEGALLE.

La première partie de ce titre : Assurances populaires, est empruntée à une brochure récemment publiée par notre collaborateur, M. A. Baron, avocat, sous la forme d'une pétition qu'il adressait au Sénat et à la Chambre des Députés. M. Baron demande une réforme de la loi du 14 juillet 1868, relative aux caisses d'assurances créées sous la garantie de l'État. Il désirerait voir introduire dans l'assurance sur la vie une combinaison qui lui paraît devoir répondre aux besoins des classes. ouvrières, l'assurance mixte, qui permet à chacun de s'assurer à la fois pour son profit personnel un capital payable en cas de vie, et au profit de sa famille le même capital payable en cas de décès prématuré. Les considérations dont M. Baron appuie son projet de réforme sont parfaitement déduites, parfaitement sensées, telles qu'on les pouvait attendre du lauréat du concours Pereire, de celui qui a composé un ouvrage important sur Le Pauperisme, ses causes et ses remèdes. Il exprime des desiderata auxquels on ne peut que s'associer, et nous nous hâtons de reconnaître que son but est des plus louables. La question des moyens nous trouve plus hésitants. M. Baron croit que, parmi les ouvriers, un grand nombre sont difficilement capables de l'épargne longue et accumulée; mille causes peuvent arrêter cette épargne dans sa formation ou la détruire les occasions, les tentations, les accidents, la maladie, le chômage, etc. Ce qui leur convient le mieux pour les mettre en mesure de payer une prime d'assurance, c'est une économie à court terme, le prélèvement spontané sur le salaire de la semaine, de la quinzaine au plus 1 franc, 1 fr. 50, et, peut-être, jusqu'à 2 francs par semaine. Il ne faut pas leur demander davantage. C'est trop leur demander, à notre avis. Quoi qu'on en ait dit et écrit,

nous n'avons pas de notions certaines sur le plus ou moins d'aptitude des travailleurs à épargner. S'il paraît douteux qu'un prélèvement hebdomadaire de 1 à 2 francs soit pour eux chose aisée, nous savons sûrement que l'habitude à prendre d'aller, à jour fixe, une fois par semaine, verser une somme quelconque dans une caisse d'assurances, sera cent fois plus difficile. Ce serait pour tout le monde une servitude intolérable, bien plus encore pour des ouvriers qui ne sauraient toujours avoir le loisir ni l'humeur de se déplacer sans cesse, d'accomplir régulièrement et d'accumuler des milliers de courses et de versements pour une assurance d'une durée de 10 ou de 20 ans.

M. Degalle, qui est étranger, ne demande pas une réforme de la loi française du 11 juillet 1868; mais, comme M. Baron, il voudrait voir les assurances sur la vie se développer dans les classes ouvrières, et par des moyens équivalents à ceux qu'indique M. Baron. La meilleure combinaison pour atteindre ce but lui parait être également l'assurance mixte, mais perfectionnée, c'est-à-dire, l'assurance mixte à capital doublé. Ce nouveau contrat présente, en effet, un perfectionnement ingénieux : tandis que l'assurance mixte ordinaire ne garantit et ne produit qu'un capital, le second peut, dans un cas donné, en produire deux un payable au terme fixé pour le cas de vie; un autre payable ultérieurement au décès de l'assuré. Seulement cet avantage se paie, et nous retombons dans les mêmes difficultés la prime est plus chère. Le paiement en est fractionné par termes hebdomadaires et, pour en rendre le recouvrement plus aisé, c'est la Compagnie qui se charge de l'effectuer à domicile. Mais, pour couvrir ses frais, elle doit ajouter à une prime déjà importante des frais de recette, soit 10 fr. 10 par an. La moindre fraction hebdomadaire atteint ici, pour un contrat de dix ans, garantissant 1000 francs, la somme de 2 fr. 43. Le versement ne se fait plus à la Compagnie, mais il est plus élevé et plus onéreux. Par les mêmes raisons que nous avons indiquées plus haut, nous ne croyons pas ce second système plus pratique que le premier.

Quoiqu'il en soit, il y a dans ces tentatives un effort généreux que nous ne saurions trop louer. On cherchera d'autres moyens; on en trouvera de meilleurs; et nous serons heureux le jour où nous pourrons, après d'excellentes intentions, signaler des résultats positifs qui auront une portée considérable et seront l'honneur de l'assurance.

A. V.

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