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préaux placées à la marge des dernieres Impreffions de fes Ouvrages, contient plufieurs Eclairciffemens qu'il avoit donnez à l'Editeur, tant de vive voix que par Lettres. On y trouve auffi quelques Piéces de Mr. Despréaux qui n'avoient point vû le jour; & même quelques Ecrits qui ne font pas de lui, mais qui ont quelque raport avec fes Ouvrages, ou que l'Editeur à eu des raifons particulieres d'y ajouter.

Cette Nouvelle Edition, que nous devons aux foins de Mr. Du Monteil, a tous les avantages de celle de Geneve: elle contient les mêmes Remarques, & les même Piéces; & elle la furpaffe encore à bien des égards. (3)

I. Elle eft augmentée de plufieurs nouvelles Remarques, qu'on a diftinguées de celles du Commentateur. On peut mettre au rang des plus importantes, celles qui regardent la Satire fur l'Equivoque. Le Commentateur oubliant qu'il étoit le dépofitaire des intentions de Mr. Despréaux, s'eft accommodé au tems. Il a non-feulement évité d'expliquer les endroits où cet illuftre Poëte défigne certains dogmes de Morale, que Mr. Pafcal a reprochez aux Jefuites dans fes Provinciales; mais lorfqu'il s'agit de ce qu'on appelle le Fanfenifme, il n'y a point d'artifice dont il ne fe foit fervi pour déguifer la penfée de Mr. Despréaux, & pour donner le change au Lecteur. On a découvert fes deguifemens, & mis le Lecteur au fait fur ces

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endroits-là. Mais on n'époufe aucun parti: on se con tente de fixer le véritable fens de l'Auteur, ou de donner les paffages citez par Mr. Pafcal, qui étoient l'objet de Mr. Despréaux (4).

On a auffi relevé le Commentateur lorfqu'invo lontairement il n'a pas bien pris la penfée de Mr. Defpréaux, ou qu'il ne rapporte pas certains faits avec affez d'exactitude. Quelquefois on indique les fources d'où il a tiré fes Remarques. On a même critiqué Mr. Defpréaux, liberté, que le Commentateur ne s'eft pas toûjours refufée. Des Marets, Pradon, & Perrault ont cenfuré plufieurs chofes dans les Ouvrages de notre Poëte: on a donné quelques exemples de leurs Critiques, fur-tout aux endroits que Mr. Defpréaux a changez ou fupprimez dans la fuite. Des Marets travailla de concert avec le Duc de Nevers, l'Abbé Teftu, & quelques autres; & publia en 1674. la Defense du Poëme heroïque, avec quelques Remarques fur les Oeuvres Satiriques du Sieur D***. II cenfura, entr'autres chofes, l'endroit de la IV. Satire, où Mr. Despréaux avoit traduit ces Vers d'HORACE.

Tantalus à labris fitiens fugientia captat

Flumina. Quid rides ? mutato nomine de te
Fabula narratur.

La critique parut jufte à Mr. Despréaux; & il retrancha des Vers qui, en effet, n'étoient pas dignes de lui. Les Auteurs du Journal des Sçavans ont obfervé qu'il y fubftitua ces deux vers de DES MARESTS:

Tantale dans un fleuve a foif & ne peut boire.
Tu ris? Change le nom. La fable eft ton hiftoire.

REMARQUES.

(4) Dans l'Avertisement fur la XII. Satire, Remarque 6. j'ai tendu comte des raifons, qui

m'ont fait abandonner le plan de M. Du Monteil, pat rapport à cette XII, Satire.

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& voici l'Hiftoire anecdote qu'ils nous donnent de

ces vers.

"Monfieur Defpréaux, difent-ils (5), ayant en„trepris de traduire le Tantalus à labris d'HORACE, „, le traduifit malheureusement par fix détestables vers: ,, les voici.

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Dites-moi, pauvre efprit, ame basse & venale;
Ne vous fouvient-il plus du tourment de Tantale,
Qui dans le trifte état où le Ciel l'a réduit
Meurt de foif au milieu d'un fleuve qui le fuit?
Vous riez! fçavez-vous que c'est votre peinture,
Et que c'est vous par-là que la fable figure?

,, DES MARETS n'oublia pas, comme on croit bien, „, les fix vers que nous venons de rapporter. Mais ce ,, qu'on ne devineroit pas, c'est que la joye qu'il en fentit, lui tint lieu d'Apollon, & lui fit faire les deux ,, vers dont nous parlons. Mr. Defpréaux, qui ne fça,, voit point répondre aux injures, mais fçavoit à merveille profiter de tous les avis, ne repliqua rien à la critique de fon ennemi, mais corrigea ses Ouvrages avec foin, retrancha, dans les Editions fuivantes les fix vers en question, & y substitua har-diment les deux de Des Marets. C'est là que tout le ,,monde les a vûs pendant très-long-tems, car ce ,, ne fut que quand M. Defpréaux fe nomma qu'il eût la délicateffe de retrancher totalement cette belle ,, comparaison,,.

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Voila une anecdote bien circonftanciée, qui vient d'une fociété de gens choifis pour compofer le fournal des Sçavans; & ces Meffieurs ne veulent pas qu'on les en croie fur leur parole, ils en apellent aux Oeuvres même de Mr. DESPRE AUX : C'est là, difent-ils, que tout le monde a vû pendant très-long-tems ces deux

REMARQUES.

(5) Journal des Sçavans, Sep- tion d'Amfterdam. Du Mond tembre 1728, page 94. 95. Edi- TEIL.

vers de DES MARETS adoptez par Mr. Despréaux. Cependant il est très-certain que ces vers ne se trouvent dans aucune Edition des Ouvrages de cet illuftre Poëte. D'ailleurs, c'eft connoître fort mal Mr. Defa préaux, (6) que de croire qu'il eût voulu fe fervir des Vers de Des Marets.

Au refte, quoiqu'on ait ajouté un grand nombre de Remarques à celles du Commentateur, on ne prétend pas avoir dit tout ce qui fe pouvoit dire. Par exemple, on n'a pas obfervé que Mr. Despréaux intitula fon LUTRIN, Poëme héroïque, jufqu'en 1701, qu'il lui donna le titre de Poëme heroi-comique; titre, qui convient beaucoup mieux à cet Ouvrage. Dans la Lettre à Mr. Perrault, fur la difpute touchant les Anciens & les Modernes, Mr. Despréaux dit, fe pafferois condamnation fur la Satire..... quoiqu'il y ait des Satires de Regnier admirable. Son Commentateur fait là-deffus cette Remarque: (7) Mr. Despréaux ne parle point ici de fes Satires; ce filence a bien de la grandeur. Mais s'il avoit joint fes Satires à celles de Regnier, & en avoit fait lui-même l'éloge, n'auroit-on pas eu raifon de dire ; il y a là bien de la petitesse ?

II. Nous avons dit que dans l'Edition de Geneve on avoit inferé quelques Piéces qui ne font point de Mr. Defpréaux, mais qui ont du rapport avec fes Ouvrages: on a augmenté le nombre de ces Piéces dans cette Nouvelle Edition. On y a même ajouté quelques Ecrits qui ont une liaison néceffaire avec ceux qu'il a plû au Commentateur de faire entrer dans l'Edition de Geneve.

1. On ne sçauroit bien entendre la Differtation de Mr. Defpréaux fur les Jocondes de Bouillon & de la Fontaine, fans avoir ces deux Pieces fous les yeux. Ce

REMARQUES.

(6) que de croire &c.] Voïés, Sat. VII. Vers 68. Rem.

(7) Mr. Despréaux &c.] Tome III. page 377. Remarque 16.

pendant la foconde de Bouillon n'étoit connue que d'un très-petit nombre de Curieux: on la cherchoit en vain chez les Libraires. On la trouvera ici avec celle de Mr. de la Fontaine, au-devant de la Dissertation de Mr. Defpréaux (8).

On y trouvera auffi la Réponse de Mr. Perrault à ce que Mr. Despréaux a dit contre lui dans fes Réflexions fur Longin, au fujet de Pindare (9). Mr. Des Maizeaux nous a confervé cette petite Piece. Il l'inféra dans le Mélange curieux des meilleurs Piéces attribuées à Mr. de St. Evremond, &c. imprimé à Amsterdam en 1726.

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On rapportera ici le jugement qu'il en fait dans la Préface de ce Recueil. "Mr. Perrault, dit-il, publia cet Ecrit en 1694; mais il ne laiffoit pas d'être auffi rare que s'il n'avoit jamais été impri,, mé. Je me fuis imaginé qu'on feroit bien aife de le trouver dans la nouvelle Edition de ce Recueil. C'eft ,, une Réponse à la VIII. Réflexion critique de Mr. ,, Defpréaux, où il s'agit de Pindare. Mr. Perrault fe propofoit de répondre à toutes les autres Réfle,, xions de Mr. Despréaux, qui attaquoient fon Parallèle des Anciens & des Modernes ; je ne pense pas qu'il ait exécuté ce deffein. Mr. Defpréaux avoit raifon pour le fonds; mais il traita trop durement fon adverfaire. Mr. Perrault avoit l'avantage de la dou,, ceur, de la modération, & de la politeffe. Après ,, tout, on verra dans cet Ecrit que Mr. 'Defpréaux ,, a imputé à Mr. Perrault bien des chofes qu'il n'avoit ,, pas dites, & qu'il lui a donné un ridicule dont il ,, n'étoit point coupable. Pourquoi n'a-t-il donc pas rectifié ces endroits dans la derniere Edition de fes

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REMARQUES.

(8) J'ai retranché de cette Edition les deux Jocondes; & j'en ai dit les raifons dans l'Avera

tiffement, qui précède la Differtat. de M. Defpréaux,Tom. III. p. 76. (9) Tome III. page 315.

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