Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

préaux placées à la marge des dernieres Impressions de ses Ouvrages, contient plusieurs Eclaircissemens qu'il avoit donnez à l'Editeur, tant de vive voix que par Lettres. On y trouve aufli quelques Piéces de Mr. Despréaux qui n'avoient point vù le jour ; & même quelques Ecrits qui ne sont pas de lui, mais qui ont quelque raport avec ses Ouvrages, ou que l'Editeur a eu des raisons particulieres d'y ajouter.

Cette Nouvelle Edition, que nous devons aux soins de Mr. Du Monteil, a tous les avantages de celle de Geneve : elle contient les mêmes Remarques , & les même Piéces ; & elle la surpasse encore à bien des égards. ( 3 )

'1. Elle est augmentée de plusieurs nouvelles Remarques, qu'on a distinguées de celles du Commentateur. On peut mettre au rang des plus importantes, celles qui regardent la Satire sur l'Equivoque. Le Commentateur oubliant qu'il étoit le dépositaire des intentions de Mr. Despréaux , s'est accommodé au tems. Il a non-seulement évité d'expliquer les endroits où cet illustre Poëte déligne certains dogmes de Morale, que Mr. Pascal a reprochez aux Jesuites dans ses Provinciales ; mais lorsqu'il s'agit de ce qu'on appelle le Jansenisme, il n'y a point d'artifice dont il ne se soit servi pour déguiser la pensée de Mr. Despréaux, & pour donner le change au Lecteur. On a découvert les deguisemens, & mis le Lecteur au fait sur ces

REMARQUE $. (3) Cela doit aussi s'enten- par cette raison, & parce qu'il dre, en partie , des Editions de rend comte de toutes les vues de 1718, in-folio & in.quarto : & de M. Du Monteil. Mon deffein l'Édition de 1722. en 4. Vol. in. asant êté que cette Edition ré. douze. DU MONTEIL.

présentât, autant qu'il étoit pola Cet Avertissement est, pour le lible, toutes les Editions faites fonds , le même que celui de ces d'après celle de M. Brossette , j'ai autres Editions mais refondu du laisser les différens Editeurs par son Auteur, & beaucoup rendre comte euxmême ici des mieux digéré qu'il n'êcoit. J'ai différens plans , qu'ils s'étoiene Gru le deyojr préférer aux autres proposés.

endroits-là,

3

[ocr errors]

endroits-là. Mais on n'épouse aucun parti : on se cono tente de fixer le véritable sens de l'Auteur, ou de donner les passages citez par Mr. Pascal, qui étoient l'objet de Mr. Despréaux (4).

On a aussi relevé le Commentateur , lorsqu'invo: lontairement il n'a pas bien pris la pensée de Mr. Despréaux, ou qu'il ne rapporte pas certains faits avec assez d'exaditude. Quelquefois on indique les sources d'où il a tiré ses Remarques. On a même critiqué Mr. Despréaux , liberté, que le Commentateur ne s'est pas toujours refusée. Des Marets, Pradon , & Perrault ont censuré plusieurs choses dans les Ouvrages de notre Poëte : on a donné quelques exemples de leurs Critiques , sur-tout aux endroits que Mr. Despréaux a changez ou supprimez dans la fuite. Des Marets travailla de concert avec le Duc de Nevers , l'Abbé Testu, & quelques autres ; & publia en 1674. la Defense du Poëme heroïque, avec quelques Remarques sur les Oeuvres Satiriques du sieur D*** 11 censura, entr'autres choses, l'endroit de la IV. Satire, Mr. Despréaux avoit traduit ces Vers d'HORACE.

Tantalus à labris firiens fugientia captat
Flumina. Quid rides ? mutato nomine de te

Fabula narratur. La critique parut juste à Mr. Despréaux ; & il retrancha des Vers qui, en effet , n'étoient pas dignes de lui. Les Auteurs du fournal des Sçavans ont observé qu'il y sübstitua ces deux vers de Des MARESTS :

Tantale dans un fleuve a soif d ne peut boire,
Tu ris ? Change le nom. La fable eft son histoire.

[ocr errors]

(4) Dans l'Avertissement sur m'ont fait abandonner le plani a XII. Satire ,, Remarque 6. j'ai de M. Du Monteil , par rapport fondu comte des raisons, qui à cette XII, Satire.

Tom I,

[ocr errors]
[ocr errors]

& voici l'Histoire anecdote qu'ils nous donnent de ces vers.

“ Monsieur Despréaux, disent-ils (5), ayant en, trepris de traduire le Tantalus à labris d'HORACE, , le traduisit malheureusement par fix détestables vers: „ les voici.

Dites-moi , pauvre esprit , ame base don venale,

Ne vous souvient-il plus du tourment de Tantale, Qui dans le triste état le Ciel la réduit

Meurt de soif au milieu d'un fleuve qui le fuit ?

Vous riez! sçavez-vous que c'est voire peinture, ,, Et que c'est vous par-que la fable figure? s, Des Marets n'oublia pas, comme on croit bien, » les fix vers que nous venons de rapporter. Mais ce „ qu'on ne devineroit pas, c'est que la joye qu'il en „ sentit, lui tint lieu d'Apollon, & lui fit faire les deux „ vers dont nous parlons. Mr. Despréaux , qui ne sça

voit point répondre aux injures , mais sçavoit à ,, merveille profiter de tous les avis , ne repliqua

rien à la critique de son ennemi, mais corrigea ses Ouvrages avec soin , retrancha , dans les Editions suivantes les fix vers en question, & y substitua har

diment les deux de Des Marets. C'est là que tout le - monde les a vûs pendant très-long-tems, car ce

ne fut que quand M. Despréaux se nomma qu'il eût la délicatesse de retrancher totalement cette belle , comparaison,

Voila une anecdote bien circonstanciée, qui vient d'une société de gens choisis pour composer le fournal des sçavans; & ces Messieurs ne veulent pas qu'on les en croie sur leur parole , ils en apellent aux oeuvres même de Mr. DESPRE’aux: C'est , disent-ils, que tout le monde a pendant très-long-tems ces deux

REM A R DU E S. (5) Journal des Sçavans , Sep. tion d'Amsterdam. Du Mond tombre 1728, page 94. 95. Edi- TEIL.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

2

vers de DES MARETS adoptez par Mr. Despréaux. Cependant il est très-certain que ces vers ne se trouvent dans aucune Edition des Ouvrages de cet illustre Poete. D'ailleurs, c'est connoître fort mal Mr. Defa préanx , (6) que de croire qu'il eût voulu se servir des Vers de Des Marets.

Au reste , quoiqu'on ait ajouté un grand nombre de Remarques à celles du Commentateur , on ne prétend pas avoir dit tout ce qui le pouvoit dire. Par exemple, on n'a pas observé que Mr. Despréaux intitula con LUTRIN , Poëme héroïque , jusqu'en 1701, qu'il lui donna le titre de Poëme heroi-comique ; titre, qui convient beaucoup mieux à cet ouvrage. Dans la Lettre à Mr. Perrault, sur la dispute touchant les Anciens & les Modernes, Mr. Despréaux dit, fe Passerois condamnation sur la Satire ..... quoiqu'il y ait des Satires de Regnier admirable. Son Commentateur fait là-dessus cette Remarque: (7) Mr. Despréaux ne parle point ici de ses Satires ; ce silence a bien de la grandeur. Mais s'il avoit joint ses Satires à celles de Regnier , & en avoit fait lui-même l'éloge, n'auroit-on pas eu raison de dire ; il y a bien de la petiteffe?

II. Nous avons dit que dans l'Edition de Geneve on avoit inseré quelques Piéces qui ne sont point de Mr. Despréaux, mais qui ont du rapport avec ses Ouvrages : on a augmenté le nombre de ces Piéces dans cette Nouvelle Edition. On y a même ajouté quelques Ecrits qui ont une liaison nécessaire avec ceux qu'il a plû au Commentateur de faire entrer dans l'Edition de Geneve.

1. On ne sçauroit bien entendre la Dissertation de Mr. Despréaux sur les Focondes de Bouillon & de la Fontaine , sans avoir ces deux Pieces sous les yeux. Ce

a

REM A R ev & S. 16) que de croire &c.] Voïés, (7) Mr. Despréaux &c. ] Tome Saj, VII. Vers 68. Rem.

III. page 377. Remarque 16.

[ocr errors]
[ocr errors]

pendant la foconde de Bouillon n'étoit connuć quo d'un très-petit nombre de Curieux: on la cherchoit en vain chez les Libraires. On la trouvera ici avec celle de Mr. de la Fontaine, au-devant de la Differtation de Mr. Despréaux (8).

On y trouvera aussi la Réponse de Mr. Perrault à ce que Mr. Despréaux a dit contre lui dans ses Réflexions sur Longin, au sujet de Pindare (2). Mr. Des Maizeaux nous a conservé cette petite Piece. Il l'inséra dans le Mélange curieux des meilleurs Piéces attribuées à Mr. de St. Evremond, c. imprimé à Amsterdam en 1726.

On rapportera ici le jugement qu'il en fait dans la Préface de ce Recueil. “ Mr. Perrault, dit-il , publia cet Ecrit en 1694 ; mais il ne laissoit pas

d'être ausi rare que s'il n'avoit jamais été impri„ mé. Je me suis imaginé qu'on seroit bien aise de le », trouver dans la nouvelle Edition de ce Recuëil. C'est ,, une Réponse à la VIII, Réflexion critique de Mr. » Despréaux, où il s'agit de Pindare. Mr. Perrault

le proposoit de répondre à toutes les autres Réfle,, xions de Mr. Defpréaux , qui attaquoient son Paral

lèle des Anciens og des Modernes ; je ne pense pas ,, qu'il ait exécuté ce dessein. Mr. Despréaux avoit rai

son pour le fonds; mais il traita trop durement son » adversaire. Mr. Perrault avoit l'avantage de la dou„, ceur, de la modération, & de la politesse. Après

tout, on verra dans cet Ecrit que Mr. 'Despréaux „ a imputé à Mr. Perrault bien des choses qu'il n'avoit » pas dites, & qu'il lui a donné un ridicule dont il „ n'étoit point coupable. Pourquoi n'a-t-il donc pas rectifié ces

endroits dans la derniere Edition de ses
REMARQU E s.

[ocr errors]
[ocr errors]

(8) J'ai retranché de cette tisement, qui précède la Differtas, Edition les deux Jocondes ; & j'en de M. Despréaux,Tom. III. p. 76. si diç les raisons dans l'Averin (9) Tome III. page 3'5.

« PreviousContinue »