Qu'on le lie, où je crains, à fon air furieux, REMARQUES. VERS 90. Chapelain veut rimer, &c. Cet Auteur avant que fa Pucelle fuft imprimée, paffoit pour le premier Poëte du fiecle. L'impreffion gafta tout. DESP. Il y avoit Arifle, au lieu de Chapelain, dans les Editions faites pendant fa vie. VERS 91. Mais bien que fes durs vers, &c. ] Nôtre Auteur pour donner l'exemple avec le précepte affecte d'exprimer dans cet Hémiftiche qui eft fort rude, la dureté qu'on trouve dans les Vers de Chapelain. Cette dureté de Vers êtoit pour M. Defpréaux un fonds inépuifable de plaifanteries. Il fit les vers fuivans à l'imitation de Chapelain. Droits & roides rochers dont peu tendre est la cime, De mon flamboyant Coeur l'afpre eftat vous fçavez, Scavez auffi, durs bois, par les hivers lavez, Qu'bolocaufte eft mon Cœur pour un front magnanime. Ils font extraits de divers endroits du Poëme de la Pucelle. Nôtre Auteur 2 pour faire mieux fentir la dureté de Rochers, vous êtes fourds, M. de Puimorin, Frère de M. Def préaux, fe moquoit auffi du Poëme de la Pucelle. CHAPELAIN ne pouvant fouffrir les railleries, qu'il en faifoit C'est bien à vous à en juger, lui dit-il en colère, vous, qui n'êtes qu'un ignorant, qui ne favés pas même lire. M. ces Vers, les chantoit fur vous n'avés rien de tendre, &c. Helas! pour mes péchés, je n'ai fu que trop lire, Lui mefme il s'aplaudit, & d'un efprit tranquille, Prend le pas au Parnasse au-dessus de Virgile. 95 Que feroit-il, hélas ! fi quelque Audacieux Alloit fon malheur lui defiller les yeux : pour Lui faisant voir ses vers, & fans force & fans graces, Montez fur deux grands mots, comme fur deux échasses ; REMARQUES. Mais comme M. de Puimorin n'êtoit pas Poëte, il ne put jamais en faire davantage. Quelque tems après fe trouvant avec M. Despréaux, M. Racine & Molière, il leur propofa d'achever fon Epigramme. Ce qu'ils firent tous enfem ble de cette manière : imprimer. ,,mologique Froid, fec, dur, rude Auteur, digne objet de Satire, De ne favoir pas lire ofes- tu me blåmer? Helas! pour mes pechés, je n'ai fu que trop lire Depuis que tu fais M. Racine vouloit que l'on mit au fecond Vers: De mon peu de L'Abbé Ménage appelloit ces Lecture & non pas, De ne favoir affemblées Mercuriales. • parce pas lire; parce que ce dernier qu'elles fe tenoient tous les Mermot fait une rime vicieufe dans cedis. Il ne trouva pas bor que l'Hémiftiche.avec la fin du Vers nôtre Auteur les eût ainfi déprécédent, mais Molière voulut criées:,, Il eft très-faux (ditqu'on laifsât, De ne fçavoir pas,, il, dans fon Dictionnaire EtyLire préférant la juftefle de l'expreffion, à la régularité fcrupuleufe du vers. Il dit alors fort judicieufement, qu'il falloit quelquefois s'affranchir de la contrainte des regles, quand elles nous reflerroient trop; La RaiJon & l'Art même, ajouta t'il, demandent & autorifent ces fortes de libertés. Rien n'eft plus vrai que cette réflexion de Molière ; & M. Defpréaux qu'elle frapa, ne la laiffà pas échaper. Il en a fait un Précepte dans fon Art Poetique, Chant IV. vers 77. VERS 92. Soient des moindres Grimauds chez Ménage fiflex.] On tenoit chez Ménage toutes les femaines,une affemblée, où alloient beaucoup de petits ef au mot Grimaud) ,, que les Aflemblées,qui fe font chés moi, foient remplies de Grimauds. Elles font remplies de gens de grand mérite dans les Lettres, de perfonnes de naiffance & de perfonnes conftituées en dignité; & ces Vers n'ont pas dû être écrits ,, par M. Defpréaux.,, VERS 94. Prend le pas an Parnaffe au- deffus de Virgile. ] Ceux qui vouloient flater Chapelain, avoient l'impudence de lui dire, que fon Poëme êtoit au-defius de l'Eneide & Chapelain ne s'en défendoit que trèsfoiblement. VERS 98. Montez sur deux grands mots, comme fur deux échaffes. } Dans le Poëme de Chapelain on Ces termes fans raison l'un de l'autre écartez, too Et ces froids ornemens à la ligne plantez ? Qu'il maudiroit le jour où fon ame infenfée REMARQUES. pour fe mocquer de ces mots Roc trouve plufieurs Vers com- l'inébranlable cime. Il y a dans ce Poëme plu- D'infupportables maux une fuite enchaînée. Liv. I. IMIT. Vers 103. Jadis certain De ce fourcilleux gl'inébranlable cime. Bigot, &c.] Horace, Liv. II. Ep. II. v. 129. décrit la folie d'un Citoien d'Argos, lequel êtant feul affis fur le théatre, où il ne paroiffoit ni Acteurs ni Spectateurs, s'imaginoit entendre des Tragédies recitées par des Acteurs admirables. -Fuit haud ignobilis Argis, réjouiffoit de leur retour comme fi effectivement ces Vaifleaux euffent êté à lui. Ælian. L. IV. Ch. 15. Galien dit qu'un Médecin nommé Théophile , êtant malade, s'imaginoit voir dans un coin de fa Chambre des Muficiens, & des Joueurs d'inftrumens, dont il entendoit la voix & l'harmonie. Galien, dans fon Traité De Symptomatum diffe ventiis, cap. 3. 105 S'imaginant fans ceffe, en fa douce manie, J'approuve fon courroux. Car, puifqu'il le faut le dire, Qui toûjours nous gourmande, & loin de nous toucher, Et s'en formant en terre une divinité, Penfent aller par Elle à la félicité. 125 C'est Elle, disent-ils, qui nous montre à bien vivre. REMARQUES. avoir intérêt de le décrier, com paroient fes talens avec ceux de Molière ; & difoient que Molière êtoit plus grand Prédicateur, & M. Joli plus grand Comédien. On a fait plufieurs Editions de fes Prônes qui font eftimés. Ils font en 8. Volumes in-12. & l'on en eft redevable à Jean Richard, natif de Verdun, lequel après avoir étudié à Paris en Théologie & en Droit, fe fit recevoir Avocat, & fe maria. Mais par un goût particulier, au lieu de fuivre fa Profeffion, il ne s'occupa toute fa vie que de l'Eloquence de la Chaire. On a de fa compofition plus de vingt Volumes in-12. de Sermons, ou Difcours fur toutes les parties de outre la Morale Chrétienne un Dictionnaire Moral, ou de la Science univerfelle de la Chaire, lequel contient par ordre Alphabétique, ce que les Prédicateurs François, Italiens, Efpagnols Allemands, &c. ont dit de plus curieux. C'eft encore à fon zèle pour la forte d'Eloquence, qui l'occupoit, qu'on doit l'Edition des Sermons & autres Ouvrages Oratoires de M. de Fromentières. Evêque d'Aire, du Carème & des Penfées extraites des autres Sermons de l'Abbé Boileau, de l'Académie Françoife; & d'un Recueil de Panegyriques choifis. 11 mourut à Paris en 1719. âgé de plus de 75. ans, & fut enterré à faint Medard." |