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Je riois de le voir, avec fa mine étique,

110 Son rabat jadis blanc, & fa perruque antique,

دو

"

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REMARQUES.

les Côteaux, étoient le Commandeur de Souvré, le Duc de Mortemar & le Marquis de Silleri.

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,, Je nie fuis même mis en tête (continue le P. Bouhours) que les Commentateurs fe tour,, menteront fort pour expliquer Ménage donne un autre origi,, ce Profès dans l'Ordre des Cos- ne à ce nom-là. Ce fut, dit,,teaux, & qu'on pourra bien ,, il, feu M. de Lavardin, Evê,, le corriger, en lifant: Profès, que du Mans qui fe plaidans l'Ordre de Cifteaux, par la raifon que l'Ordre des Cofteaux ne fe trouvera point dans l'Hiftoire Eccléfiaftique & ,, que les gens de ce tenis là ne , fauront pas que cet Ordre n'êtoit qu'une Société de fins Débauchés, qui vouloient que ,, le vin qu'ils buvoient,fût d'un certain côteau; & qu'on les ,, appelloit pour cela les Cô

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Nôtre Auteur difoit, que ces
trois Seigneurs qu'on nommoit

Fragment d'une Lettre de M.
Sur ce

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,,gnant de ces Mellieurs, qui
difoient que fon vin n'êtoit
,, pas bon, dit que c'êtoient des
délicats, qui ne vouloient du
vin que d'un certain Côteau ;
& là-deffus, on les appella les
Côteaux. Ces Meffieurs êtoient
le Marquis de Bois-Dauphin, du
,, nom de Laval; le Comte d'O-
lonne, du nom de la Trimouille;
l'Abbé de Villarceaux, du nom
de Mornai; & le Comte dis
Brouffin, du nom de Brûlart
DICT. Etymol.
DES MAIZEAUX à ***

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sujet.

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, l'Evêque du Mans n'êtoit pas bon. 3. Ce Prélat ne se plaignoit point d'eux. 4°. Il ne parloit pas d'un certain Côtean. °. L'Abbé de Villarceaux n'en êtoit pas, lui qui ne s'entendoit nullement en délicateffe: ni du Brouffin, qui n'eft venu ,, que dix ans après. M. de Saint Evremond ajouta qu'il êtoit lui même à la table de l'Evêque du Mans, lorfque ce Prélat donna, pour ainsi dire, naiffance au fameux nom de Côteaux. Il m'apprit enfuite la véritable origine de ce. ,, nom-là , que j'ai rapportée dans fa Vie.

Lorfque je priai M. de Saint Evremond de m'apprendre l'origine du nom de Côteaux: je lui fit voir ce que Ménage a écrit là-deffus dans fon Dic tionnaire Etymologique, où il ,, dit, que M. de Lavardin ,, Evêque du Mans, fe plaignant,, de quelques grands Seigneurs qui ,,difoient que fon Vin n'étoit pas dit c'êtoient des délique cats qui ne vouloient du vin que d'un certain Côteau, &c. M. de Saint Evremond m'aflura ,, que cet Auteur fe trompoit: , car 1°. ceux à qui on donna le nom de Côteaux n'êtoient ,, pas de grands Seigneurs. 2°. Ils ,,ne difoient point que le Vin de

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2

En lapins de garenne eriger nos clapiers, Et nos pigeons Cauchois en fuperbes ramiers; Et pour flater notre Hofte, obfervant fon visage, Compofer fur fes yeux fon gefte & fon langage. 115 Quand notre Hofte charmé, m'avifant fur ce point, Qu'avez-vous donc, dit-il, que vous ne mangez point?

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REMARQUES.

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de faire part à fes amis de cette converfation; ..., ils répétèrent fi fouvent ce qu'il avoit dit des Côteaux, & en plaifantèrent en tant d'occafions, ,, qu'on les appella les trois Cô

,,teaux.,,

M. Des Maizeaux remarque dans le même endroit, que le Pere Bouhours, M. Ménage & M. Defpréaux fe font trompez fur l'origine du nom de Côteaux ; &

renvoie à ce qu'on a dit làdeflus dans les Nouvelles de la République des Lettres, Août 1704. page 16. & fuiv. Voïez la vie de M. de Saint Evremond, fous l'année 1654. pages 39. & 40. de l'Edition d'Amfterdam 1726,

Saint Evremond, où M. Des Mai-
zeaux parle des Côteaux. La
""
bonne chère, dont on fe pi-
,, quoit à la Cour, fe diftinguoit,,
moins par la fomptuofité &
la magnificence, que par la
délicatefle & la propreté. Tels
êtoient les repas du Comman.
deur de Souvré, du Comte d'O-
lonne, & de quelques autres
Seigneurs, qui tenoient ta-
ble. Il y avoit entre eux une
,, efpèce d'émulation, à qui fe-
roit paroître un goût plus fin,
& plus délicat. M. de Lavar.
din, Evêque du Mans & Cor-
don bleu, s'êtoit auffi mis fur
les rangs. Un jour que M. de
Saint Euremond mangeoit chés
lui, cet Evêque fe prit à le
railler fur fa délicateffe, &
fur celle du Comte d'Olonne,
& du Marquis de Bois-Dauphin.
CES Meffieurs, dit ce Prélat,
outrent tout à force de vouloir
,, raffiner fur tout. Ils ne fauroient
,, manger que du veau de rivière;
il faut que leurs Perdrix viennent
d'Auvergne, que leurs Lapins
foient de la Roche-Guyon ou de
,,Verfine. Ils ne font pas moins dif-
ficiles fur le Fruit: & pour le
,,Vin,ils n'en fauroient boire que des
trois Côteaux, d'Ai, d'Haut.
Villiers, & d'Avenay. M. de
Saint-Bremond ne manqua pas

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VERS 111. En Lapins de garenne ériger nos clapiers. ] On appelle Clapiers, les Lapins domeftiques.

VERS 112. Et nos pigeons Canchois en fuperbes ramiers. ] Les Pigeons Cauchois, font de gros Pigeons: & ce mot de Cauchois eft venu de Normandie, à caufe que les Pigeons de Caux font plus gros que les autres. Cauchois, veut dire, felon Ménage dans fon Dictionnaire Etymologi. que qui cft né au Païs de Caux.

Ramiers, Pigeons fauvages qui. perchent fur les arbres; ce que les Pigeons domestiques ne font pas,

Je vous trouve aujourdhui l'ame toute inquiette,
Et les morceaux entiers reftent fur votre affiette.
Aimez-vous la mufcade? On en a mis

par-tout.

120 Ah! Monfieur, ces poulets font d'un merveilleux goût,
Ces pigeons font dodus, mangez fur ma parole.
J'aime à voir aux lapins cette chair blanche & molle.
Ma foy, tout eft paffable, il le faut confeffer;
Et Mignot aujourd'huy s'eft voulu surpasser.
125 Quand on parle de fauce il faut qu'on y raffine.

Pour moi, j'aime fur tout que le poivre y domine.
J'en suis fourni, Dieu fçait, & j'ai tout Pelletier
Roulé dans mon office en cornets de papier.
A tous ces beaux discours, j'eftois comme une pierre
130 Ou comme la Statuë est au festin de Pierre ;

REMARQUES.

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VERS 119. Aimez vous la mufcade? On en a mis par-tout. ] C'êtoit un goût hors de mode & depuis long-tems on ne vouloit plus que la mufcade fe fit fentir dans les ragoûts.

VERS 122. J'aime à voir aux Lapins cette chair blanche & molle.] Ce Perfonnage donne encore ici une preuve de fon mauvais goût: car les Lapins, pour être bons, doivent avoir la chair ferme & de couleur un peu bize. Il n'y a que les Clapiers qui aïent la chair blanche & molle.

VERS 126. J'aime fur tout que le poivre y domine. ] Le Commandeur de Souvré avoit le goût ufé par la bonne chère, & aimoit beaucoup le poivre, la mufcade & les épices les plus fortes.

VERS 127. J'ai tout Pelletier, &c.] On a déja parlé de ce

Poëte, Difcours au Roi, vers (4. & Satire II. vers 76.

"VERS 130. Ou comme la Statuë eft au feftin de Pierre. ] Le Feftin de Pierre, Pièce de Théatre apportée en France par les Comédiens Italiens, eft originairement de Tirfo Molina, Poëte Efpagnol, qui l'a intitulée, El Combidado de piedra : ce qui a êté mal rendu en notre Langue, par le Fellin de Pierre. Ces paroles fignifient précifément, Convié de pierre: c'est-à-dire, la Statuë de marbre ou de pierre, conviée à un repas. Cependant l'ufage a prévalu. Ce qui peut y avoir donné lieu, c'eft que la Statue qui fe rend au fouper, auquel elle a êté invitée, eit la Statue d'un Commandeur nommé Dom Pedro. De-là eft venu fans doute le nom de Fefin de Pierre. Toutes les Troupes

Et fans dire un feul mot, j'avalois au hazard
Quelque aile de poulet dont j'arrachois le lard.

Cependant mon Hableur, avec une voix haute,
Porte à mes Campagnards la santé de notre Hoste :
135 Qui tous deux pleins de joye, en jettant un grand cri,
Avec un rouge-bord acceptent fon deffi.

Un fi galant exploit réveillant tout le monde
On a porté par-tout des verres à la ronde,

Où les doigts des Laquais dans la craffe tracez,
140 Témoignoient par écrit qu'on les avoit rincez.
Quand un des Conviez, d'un ton mélancolique,
Lamentant triftement une chanson bachique;
Tous mes Sots à la fois, ravis de l'écouter,
Détonnant de concert, se mettent à chanter.
145 La musique fans doute eftoit rare & charmante :
L'un traîne en longs fredons une voix glapiffante,
Et l'autre l'appuiant de fon aigre fauffet,
Semble un violon faux qui jure fous l'archet.

REMARQUES.

de Comédiens ont accommodé
cette Pièce à leur Théatre. De
Villiers, Comédien, l'a traitée
pour le Théatre de l'Hôtel de
Bourgogne. Molière la fit pa-
roître en 166. fur le Théatre
du Palais Roïal, avec beaucoup
plus de régularité & d'agrémens.
Elle n'avoit encore êté jouée à
Paris que par les Italiens, dans
le tems que M. Defpréaux com-
pofa cette Satire. Dorimond fit
enfuite le Feftin de Pierre, & le
mit en Vers. Refimond en fit en-
core un autre, qui fut répréfen-
té fur le Théatre du Marais en
1670. Enfin, Corneille le jeune

a tourné en Vers la Pièce de Molière, en y faifant quelques legers changemens dans la difpolition. Elle commença à paroî tre au mois de Janvier 1677. & c'est cette dernière qu'on jouë préfentement en France.

VERS 141. Quand un des conviez, d'un ton melancolique. ] M. de la C. .... Neveu de nôtre Auteur, avoit la voix affés belle; mais il chantoit toutes fortes d'Airs, même les plus gais, d'un ton fi trifte & fi mélancholique, qu'on eût dit qu'il lamentoit au lieu de chanter.

VERS 142, une Chanfon
Sur

Sur ce point un jambon d'affez maigre apparence,
150 Arrive fous le nom de jambon de Mayence.
Un Valet le portoit, marchant à pas comptez,
Comme un Recteur fuivi des quatre Facultez.
Deux Marmitons craffeux reveftus de ferviettes,
Lui fervoient de Maffiers, & portoient deux affiettes,

REMARQUES.

bachique. ] BERNIER, le Voïageur
(celui qui a fait l'Abregé de la
Philofophie de Gaffendi) appelloit
les Chanfons à boire, des Chanfons
Bachiques, felon l'ancien ufage.
Avant que j'allaffe au Mugol,
difoit-il, je favois un grand nom
bre de Cbanfons Bachiques. L'Au-
teur a emploïé cette Expreffion
furannée, en parlant d'un Noble
Campagnard. Il y a des Chanfons
Bachiques dans le Recueil des Airs
du Savoiard, fameux Chantre
du Pont-neuf. BROSSETTE.

M. Defpréaux n'a vraisembla-
blement fait ici que fuivre un
ufage, qui fubfiitoit encore dans
le tems qu'il compofoit cette
Satire. On trouve des Chanfons Ba-
chiques dans les Auteurs fes con-
temporains.

Quoiqu'aujourd'hui, par un ufage univerfellement répandu, l'on dife: Chanfon à boire de même qu'on dit: Air à boire; je doute que nos Poëtes fiffent difficulté de dire au befoin: une

Chanfon, ou des Chanfons Bachi. ques. Ils diroient de même : des Airs Bachiques. Ce qu'il y a de certain, c'eft qu'on dit fort bien: une Ode Bachique ; & qu'on ne s'avifera jamais de dire: une Ode à boire.

VERS 150. Sous le nom de jambon de Mayence. ] Les jambons de Mayence font préparés d'une façon particulière. Ils viennent de Weftphalie, & on les appelle jambons de Mayence, parce qu'autrefois il y avoit à Mayence une foire de ces jambons, qui fe tient maintenant à Francfort fur le Mein.

IMIT. Vers 11. Un valet 'le portoit,marchant à pas comptex, &c.] Horace s'eft auffi moqué de la gravité avec laquelle un Valet apportoit des bouteilles de vin fur fa tête;difant que ce Valet s'avance à pas plus mefurés qu'une jeune Athénienne qui porte les vafes dont on fe fert dans les Sacrifices de Cerès.

-Ut Attica Virgo
Cum facris Cereris, procedit fufcus Hydafpes
Cacuba vina ferens. L. II. Sat. VIII. v. 13.
VERS 152. & 154. Comme
un Recteur, &c. Lui fervoient de
Maliers. LE RECTEUR quand
il va en Proceffion, eft toûjours
accompagné de deux Maffiers,

DESP.

Aux Proceffions de l'Univerfité,

le Recteur eft précédé de fes Bedeaux, qui portent devant lui des Maffes, ou Bâtons à tête garnis d'argent, & il eft fuivi des quatre Facultés, qui font les Arts, le Droit, la Médecine & la Théologie."

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