Et ne sauroit souffrir , qu'une phrase insipide 50 Vienne à la fin d'un vers remplir la place vuide. Ainsi recommençant un ouvrage vingt fois, Maudit soit le premier , dont la verve insensée Voulut avec la rime enchaîner la Raison. REMARQUES. mât avec celui-ci. Cela parut notre Poëte consulta. Ceperimême impossible à La Fontaine, dant il trouva le vers qu'il cherà Moliere & à tous les amis , que choit. Et transposant cent fois ca le nom & le verbe. Quand il le dit à La Fontaine : Racine de suivre cette méthode ; Ah ! le voilà, s'écria celui-ci, & il disoit à ce propos : Je lui ai en l'interrompant: Vous êtes bieno appris à rimer difficilement. heureux. Je donnerois le plus bean VERS 53. Maudit soit le premier, de mes Contes pour avoir trouvé dont la verve insensée, &c. ] M. cela. Arnauld d'Andilly entendant réM, Despréaux faisoit ordinai- citer cette Satire fur extremerement le second vers avant le ment touché de ces quatre vers ; premier. C'est un des plus grands il en admira la beauté, & les fecrets de la Poësie , pour don. compara à ceux-ci de Brébeuf, ner aux vers beaucoup de sens qui sont li fameux : Phars. L. & de force. Il conseilla à M. III. C'est de lui que nous vient cet art ingénieux Donner de la couleur @ du corps aux pensées. &c. ] Première maniére : Mes jours auroient été filez d'or de soie. L'Auteur corrigea ces deux vers, défaut qu'il attaquoit : Vous bld. parce que M. d'Andilly lui fit re: mez, lui dic - il, ceux qui dans marquer qu'il comboit dans le leurs vers mettent en pièces Male teur. : Je n'aurois qu'à chanter , rire , boire d'autant; Passer tranquillement , sans souci , sans affaire, Sçait donner une borne à son ambition; Je ne vais point au Louvre adorer la Fortune. Mais depuis le moment que cette frenesie 70 De ses noires vapeurs troubla ma fantaisie, Et qu'un Démon , jaloux de mon contentement, Retouchant un endroit , effaçant une page , 78 Enfin passant ma vie en ce triste métier , J'envie en écrivant le sort de Pelletier. REMARQUE S. herbe ; ( voilà une expression qui bien pû mettre la négative, en est de ce Poëte. En effet, Malo disant : La nuit à bien dormir, berbe a emploié plusieurs fois le jour à ne rien faire ; comme cette expression. La Fontaine l'a mise depuis dans VERS 62. La nuit à bien dormir, son Epitaphe. @ le jour d rien faire. ] Il auroit Jean s'en alla , comme il étoit venu L'une à dormir , & l'autre à ne rien faire. M. Despréaux demanda à l'Aca. étoit la meilleure, parce qu'en démie , laquelle de ces deux ma- ôtant la négative , Rien faire denières, la sienne , ou celle de venoit une espèce d'occupation. La Fontaine, valoit mieux. Il passa VERS 76. J'envie en écrivant, tout d'une voix, que la Gienne Le fort de Pelletier. ] oëte du Bienheureux Scuderi , dont la fertile plume Peut tous les mois sansopeine enfanter un volume ! Tes écrits , il est vrai, sans art & languissans , 80 Semblent estre formez en dépit du bon sens : Mais ils trouvent pourtant , quoi qu’on en puisse dire, Qu'importe que le reste y soit mis de travers ? 85 Malheureux mille fois celui dont la manie Veut aux regles de l'art affervir son genie! REMARQU E S. dernier ordre : qui faisoit tous loandre fidelle , ouvrage d' Ambros les jours un Sonnet. DES P. fro Marini & plufieurs autres Pelletier prit ce vers pour une Romans ; le Poëme d’Alaric , & un louange ; & dans cette pensée, grand nombre de Pièces de théail fit imprimer cette Satire dans tre. Les Romans de Cyrus & de un Recueil de Poesies ou il y Clélie , imprimés sous son nom avoit quelques-uns de ses vers, font de Magdeleine de Scuderi sa M. Despréaux s'êtant plaint au fæur, Balzac avoit fait le méme I.ibraire de ce qu'il avoit im- jugement de la facilité de ces primé cette Satire sans son aveu, Auteur. O bienheureux Ecrivains , le L braire lui répondit , que s'écrie-t-il, M. de Şaumaile en c'étoit Pelletier qui l'avoit don- Latin, & M. de Scuderi en Fran. née à imprimer, parce qu'elle étoit fois ! J'admire votre facilité, e à sa louange. j'admire votre abondance. Vous Richelet s'est trompé , quand pouvez écrire plus de Calepins il a dit que Pelletier mourut en que moi d'Almanachs. Il dit en1660. Lettres Choises, Tome I. core : Bienbeureux sont ces Ecria Vorez Discours au Roi , vers 14. vains qui se contentent s facile. & Satire I, P. 47. ment ; qui ne travaillent que de la VERS 77. Bienheureux Scuderi, mémoire e des doigts ; qui , sans &c.] C'est le fameux Scuderi, choisir , écrivent tout ce qu'ils sçaAuteur de beaucoup de Romans , veni. Lett. XII. Liv. XXIII. & frère de la fameuse Mademoi- CHANG. Vers 79. - Sans selle de Scuderi. DESP. art a languissans : ) Dans les preGeorge de Scuderi de l'Académie mières Editions il y avoit : Sans Françoise , a composé outre l'Il. force languisans, luftre Baffa, la Traduction du ca. IMIT. Yers 87. Un Sot ep Ee Et toujours amoureux de ce qu'il vient d'écrire , 90 Ravi d'étonnement en soi-mesine il s'admire. Mais un Esprit sublime en vain veut s'élever Il plaist à tout le monde, & ne sçauroit se plaire. 95 Et Tel , dont en tous lieux chacun vante l'esprit , Voudroit pour son repos n'avoir jamais écrit. Toi donc , qui vois les maux où ma Muse s'abîme , y REMARQUE SO teur écrivant , &c. ] Horace, L. II. Ep. II. V. 106. Ridentur , mala qui componunt Carmina : verilm Quam sapere , ringi. en lui ferrant la main : sentiinent de M. Despréaux , & Voilà la plus belle vérité que vous convint qu'il n'avoit jamais aiés jamais dite. Je ne suis pas du êté pleinement satisfait des Ounombre de ces Esprits sublimes, dont vrages , qu'il avoit composés. vous parlés ; mais tel que je suis , M. Despréaux citoit un jour à je n'ai rien fait en ma vie, dont je ce propos , cette Réflexion de fois véritablement content. l'Auteur des Caractères : La mê. Le célèbre Santeul pensoit bien me justelle d'esprit qui nous fait autrement de ses Poësies , il l'a- écrire de bonnes choses, nous fait yoüa même un jour chés Thierri, appréhender qu'elles ne le foient pas à M. Despréaux , qui lui dit: allés pour mériter d’être lesa un Vous êtes donc le seul Homme ex- Esprit médiocre croit écrire divine. traordinaire, qui ait jamais été par. ment : un bon Esprit croit écrire rai. faitement content de ses Ouvrages. Sonnablement. La Bruyère , che Alors Santeul , flaté par le titre des Ouvrages de l'esprit, Tame I L A contient le récit d'un Feftin donné par un Homme d'un gout faux dextravagant , qui se pique néanmoins de rafinér sur la bonne chère. Ce caractère eft semblable à celui qu'Horace donne à Nafidiénus dans la Satire VIII. dii Liv. II. où se trouve le récit d'un Repas ridicule. M. Dacier ne paroît pas être bien entré dans le sens de fon Auteur , quand il a dit, qu'HORACE avoit peint le caractère d'un Homme fort avare, qui fait une fotte oftentation de ses richesses. Il semble au con!raire , que c'est plustót le caractère d'un Homme, qui ne manque pas de générosité, mais qui manque de gout; d'un Sot magnifique. C'étoit la pensée de M. Despréaux. REGNIER , Sat. II. a fait aufi la description d'un Soupé ridicule. Quelques gens ont cru que c'étoit M. Despréaux lui-inéme , qui faisoit ici le récit du Repas ; aw ils l'ont pris pour un homme délicat à l'excès en fait de bonne chère. Mais loin que le Poëte se dépeigne luimême , sa raillerie ne tombe pas moins sur la délicatesse outrée du Personnage , qui fait le récit du Festin, que sur le Festin même. Il a voulu réprésenter M. Du Broussin, qui , comme le disoit nôtre Auteur, traitoit sérieusement les repas. Quand il sut que M. Delpréaux travailloit fir cette matière, il tacha de l'en détourner, disant que ce n'étoit pas là un (zjet sur lequel il fallút plaisanter : Choisissés plustôt les Hypocrites, lui disoit-il sérieusement, vous aurés pour vous tous les honnêtes gens; mais pour la bonne chère , croiés-moi, ne badinés point là-dessus. Il Jereconnut bien dans cette peinture ; mais il n'en fout Aucun mauvais gré à l'Auteur. |