seule beauté de son genie. Pourquoy , au lieu de le renfermer, comme il fait, dans la peinture de ce qu'il y a de laid dans les hommes, ne s'occupe-t-il à celebrer les vertus que le Ciel leur a données ? Av lieu de voler toûjours terre à terre, comme un Corbeau qui va de charogne en charogne, que ne s'élevét-il comme un aigle vers les grandes & hautes matieres. Le Ciel, la Terre , les Enfers, les Anges & les Démons, Celuy-mesme qui a fait toutes choses, peuvent estre le digne objet de ses travaux & de ses veil. les : car tant qu'il ne fera que des Satyres, comme celles qu'il nous a données, Horace & fuvenal viena dront toujours revendiquer plus de la moitié des bonnes choses qu'il y aura mises. Chapelain , Quinault, Cassagne & les autres qu'il aura nommez , prétendront ausli qu'une partie de l'agrément qu'on y trouve, vient de la celebrité de leur nom, qu'on le plaist à y voir tourner en ridicule.La malignité du coeur humain qui aime tant la médisance & la calomnie , parce qu'elles élevent secretement celuy qui lit au dessus de ceux qu'elles abaissent, dira toûjours que c'est elle qui fait trouver tant de plaisir dans les Ouvrages de (4) M. Despréaux, & que s'ils estoient lùs avec les yeux que donne la charité, il s'en faudroit beaucoup qu'on y trouvât les mesmes charmes, pour ne rien dire de plus. Il est vrai qu'il a fi peu réüfsi quand il a voulu traiter des sujets d'un autre genre que ceux de la Saryre, qu'il pourroit y avoir de la malice à lui donner ce conseil. Il me semble que jusqu'icy. j'ay repris dans les Ouvrages de l'Auteur de la Satyre autre chose que des mots dos des Syllabes , & que j'ay attaqué des endroits essentiels & de consequence; mais où a-t-il vû qu'ed REMARQUES. (4) M. Despréaux , ] Il est seulement indiqué : M. D. ooh fait de versification (car il ne s'agit gueres que de cela dans ses compositions ;) où a-t-il vů, dis-je, que dans ;) des Ouvrages en Vers, les mots & les syllabes soient de peu d'importance. J'aimerois autant qu'un Music cien nous dit que les mauvais accords,les dissonnances & le manque de mesure ne sont d'aucune consequence dans une composition de Musique. A-t-il oublié de quelle forte Quintilien parle du jugement des oreilles. Il donne à ce jugement l'épithete de tres-superbe, pour marquer que les oreilles s'offensent & pardonnent difficilement ; il faut que les paroles qui veulent plaire à l'esprit, commencent par plaire aux oreilles, ou du moins qu'elles ne les blessent pas en passant chez elles. Pour achever de faire voir qu'on a eu raison de ne donner pas à la Satyre les applaudissemens que les Amis de fon Autheur prétendoient qu'on luy donneroit comme au plus beau de ses Ouvrages, il n'y auroit qu'à l'examiner dans le détail. Il n'y eut jamais un plus beau champ pour la Critique, & ceux qui voudront l'entreprendre, ne travailleront pas sur une matiere ingrate; pour moy je me contenterai de marquer legerement quelques endroits qui m'ont frappé plus que les autres. Il me paroist qu'on ne sçait la pluspart du temps lequel des deux Interlocuteurs parle dans la Satyre. Il prétend qu'un certain nombre de Vers, qu'il a fait imprimer en autres caracteres que le reste, font une Traduction du commencement de la fixiéme Satyre de Juvenal ; car il met en marge que ce sont les par roles du commencement de cette Satyre: cependant ces Vers ne contiennent ni les paroles ni mesıne le sens de Juvenal. Les voici. (5) Que dez le temps de Rhée REMARQU E s. (f) Lurdez le temps de Rhée] Paroles du commencement de La Chasteté déja la rougeur sur le front Voici une Traduction du commencement de cette fixiéme Satyre de fuvenal, que je ne donne pas pour fort élegante, mais qui eft tres-fidelle. Je croy que la Prdeur fut toujours reverée R E MARIO E s. la Satire de Juvenal. PERR. Despréaux, qu'il rapporte. Voïés C'est une petite Note de M. SAT, X. Rem. sur le Vers 26. 11 ܪ Posthume, c'est sans doute un long do vieil usage, On voit clairement par cette Traduction, que les paroles qu'on donne pour estre de Juvenal n'en sont point, & 'mesmes qu'elles portent un sens contraire à celui de ce Poëte; car ce Poëte dit que la Pudeur demeura sur la terre pendant le regne de Saturne qui est le mesme de celuy de Rhée, & que le siecle d'argent vit les premiers Adulteres ; & le pretendu Traducteur dit que de RHE’E, L'Autheur de la Satyre n'auroit-il point fait cette Traduction, pour montrer d'une maniere fine combien les Modernes sont inferieurs aux Anciens ? Il y a une infinité de Vers qui n'ont point de celures; en voici quelques-uns. Dans la ruë en avoient rendu graces à Dieu Pour les transpositions il y en a d'insupportables, & en grande abondance. Mr. Chapelain n'estoit qu'un apprentif pour les faire bien dures & bien sauvages; je n'en rapporteray que trois. Entendre des discours sur l'amour feul roulans. De Phedre dedaignant la pudeur enfantine. Cette derniere transposition fait une équivoque; on ne sçait s'il veut dire que Phedre dégaignoit la pudeur enfantine, comme la Grammaire & la construction naturelle veulent qu'on l'entende: ou si c'est la deux ou femme yvre d'un Mousquetaire , qui dédaigne la pudeur enfantine de Phedre. Et partout où tu vas , dans ses yeux enflammez Il falloit mettre, t'offrir dans ses yeux enflammez, & non pas, dans ses yeux enflammez i offrir. Ce qui fuit donne à croire que l'ombre de Quinault le poursuit par tout : car aprés luy avoir donné dés l'abord un coup de dent en parlant de la Morale de l'Opera , de quoi s'avise-t-il d'aller chercher hors de propos, qu'il y a dans l'Opera d'Isis une Furie qui à son gré ne se tourmente pas assez. (6) Il y a là quelque chose qui n'est pas naturel, & qui marque qu'il y eft poussé malgre qu'il en ait. A chasser un Valet dans la maison cheri, Je ne m'arresteray point aux chevilles ni aux obscu. ritez, elles y font presque sans nombre, & de plus cela ne consiste souvent qu'en mots dgn en syllabes, L'Histoire du Magistrat avare, & de la Femme qui l'estoit encore plus que luy , me semble un peu hardie. Dieu veuille que l'Autheur ne s'en apperçoive pas, car il pourroit y avoir des Parens d'affez mauvaise humeur pour n'en rire. Peu de gens ont entendu ce que vouloit dire un lit effronté, où une Dame se fait traiter d'une santé visible o parfaite. S'il s'agissoit d'un lit de débauche où une Femme eût commis plusieurs adulteres, on pourroit s'imaginer, pour peu qu'on se laisfast aller à la Poëfie, que l'effronterie de la Femme auroit passé jusqu'à son lit ; mais d'appeller ce lit effronté, parce que la Femme qui est couchée deffus, ole dire qu'elle est ma R E MAR U E S. (6) Il y a là quelque chose &c.] première Edition, manque dans Cette Phrase qui étoit dans la le Recueil de 1694. |