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s Et déja chés Barbin, ambitieux Libelles,

Vous brûlez d'étaller vos feuilles criminelles.
Vains & foibles Enfans dans ma viellesse nés,
Vous croyés sur les pas de vos heureux Aisnés,

Voir bien-toft vos bons mots, passant du Peuple aux Princesa jo Charmer également la Ville & les Provinces;

Et par le prompt effet d'un fel réjouissant,
Devenir quelquefois Proverbes en naissant.
Mais perdés cette erreur dont l'appas vous amorce.

Le temps n'est plus , mes Vers, ou ma Muse en la force IS Du Parnasse François formant les Nourriçons,

De fi riches couleurs habilloit ses leçons :

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Esant ainsi vendu par la main d'un Libraire
Quitiendra sa boutique au Palais ordinaire , &c.
Regarde que tu fais , tu veux doncques partir ?
Tu veux donc me laisser ? je neux bien t'avertir ,
Que tu te hátes trop ; quelle mouche te pique
De te vouloir soumettre d l'injure publique ?
Tu veux esire imprimé ? Tu pleures a gemis ,

Alors que je te montre à quelques miens amis , &c.
Martial apostrophe ainsi son Livre , Epigramme IV. Liv. L

Argiletanas mavis habitare tabernas,

Cum tibi , parve liber , Scrinia nostra vacent, &c.
Ætherias , lascive, cupis volitare per awras :

I fuge ; sed poteras tutior effe domi.
VERSS. Et déja chez Barbin, ment un grand sens en peu de
ambitieux Libelles. ) Libraire du paroles. Elles sont ordinairement
Palais. DES P.

adoptées par le Public , & de-
VERS !2. Devenir quelquefois viennent bien - tộc Proverbes.
Proverbes en naissant. ] Il y a des Telles sont , par exemple , cos
Ixpressions heureuses,qui renfer- Vers de nôtre Auteur.

L'appelle un Chat un Chat , c Rollet un fripon. Sat. 1. V.52.
La Raison dit Virgile , e la Rime Quinaut. Sat. II. V. 20.
Des fotises d'autrui nous vivons au Palais. Ep. II, V.SI.
Un Sot trouve toûjours un plus Sot qui l'admire, Art Poët.Ch.1.V.dern.
Un Fat quelquefois ouvre un avis important. Art Poët, Ch. I. V.so.
VERS IS. Du Parnaße François formant les Nourriçons, ) Ce Vers

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Quand mon Esprit poussé d'un courroux legitime,
Vint devant la Raison plaider contre la Rime,
A tour le Genre Humain sceût faire le

procez 20 Et s'attaqua soi-mesme avec tant de succez,

Alors il n'estoit point de Lecteur si sauvage ,
Qui ne se déridast en lisant mon Ouvrage ,
Et qui pour s'égayer, souvent dans ses Discours

D'un mot pris en mes Vers n'empruntast le secours.
AS Mais aujourd'hui qu'enfin la Vieillesse venuë,

Sous mes faux cheveux blonds déja toute chenuë ,
A jetré sur ma teste, avec ses doigts pezans ,
Onze lustres complets surchargez de trois ans,

Cessez de presumer dans vos folles pensées ,
30 Mes Vers , de voir en foule à vos rimes glacées

Courir l'argent en main les Lecteurs empressés.
Nos beaux jours sont finis, nos honneurs sont passés.

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& le suivant déligaent l'Art fur ce Vers & les trois , qui le Poëtique.

fuiveni, est contenu dans une VERS 17. Quand mon Esprit Levire qu'il écrivit à M. de Maispoussé d'un courroux legitime, &c.] croix , au mois d'Août 1695. Satire II.

Voịés la , Tome IV. VERS 19. A tout le Genre Hus. VERS 26. Sous mes faux cheveux main scent faire le procez. ] Satire blonds , &c. ] L'Auteur avoit pris VIII.

la perruque. DES P. VERS 20. Et s'attaqua sos-mesine IMIT. Vers 28. Onze lustres avec tant de succez. ] Sacire IX. complets sisschargez de trois ans. ]

VERS 25. Mais aujourd'hui c'elt.a.dire, cinquante-huit ans. qu'enfin, &c. ) Le jugement , quc Ovide , Liv, IV. dica Trifles Eles. Dôcze Auteur portoit lui - 11ệme XX,

novergese Zddidera: luftris altera Isra no ien. Imit. Vers 32. Nes beaux jours Covers ressemble un peu à celuia fomat nis, nos honneurs jont pasfés. ] ci de l’Epitre 7. Link que mes beaux jours, mes chagrins font passés.

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Dans peu vous allez voir vos froides resveries

Du Public exciter les justes moqueries ,
35 Et leur Auteur , jadis à Regnier preferé :

A Pinchesne , à Liniere , à Perrin comparé.
Vous aurés beau crier: 0 Vieillesse ennemie !
N'a-t-il donc tant vescu que pour cette infamie ?

Vous n'entendrez par tout qu'injurieux brocards
40 Et sur vous & sur lui fondre de toutes parts.

Que veut-il, dira-t-on ? Quelle fougue indiscrete
Ramene sur les rangs encor ce vain Athlete ?

R E M A Rev E s.
Et tous les deux reflemblent à Tragédie de Mithridate , Acte III,
ce Vers de M. Racine dans sa Sc. V.

Mes ans se sont accrus : mes bonneurs sont détruits,
IMIT. Vers 34.

du Public ex. La Fresnaie - V auquelin dit, en citer les justes moqueries.]Nôtre Auparlant à son Livre, dans la sa teur profite en Maître de ce que tire déja citée,

Et diras en toy-mesme, He qu'ay-je voulu faire !
Ab, qu'17-je miserable indiscret desiré !

Lorsque tu te verras d'un moqueur dechiré.
CHANG. Vers 36. A Pinchesne, faire des excuses.
à Liniere , à Perrin comparé. ] Sur Sur Sanlecque , voïés Avert. fusta
Pinchefne', voïés Ep. VIIT, Vers Ep. 1. Note dern. Avert. Tur
26. Lut. Ch. V. V. 163. Sur Li. [Ep. VII. Sur Regnard , voiés le
nière ; SAT. IX. V, 236. Ep. I. Bolaana , nomb, LXIV.
V. 40. Ep. II. V. 8. Ep. VII, Pierre Bellocq , Parisien, Valet
V. 89. Art Poët. Ch. 11. V. 194. de Chambre du Roi , Porte man-
Sur Perrin ; SAT. III. V. teau de la Reine Marie-Thérèse ,
Sat. IX. V, 97. 293. Ep. VII, & ensuite de Madame la Disa
V. 87. Ep. VIII. V. 59.

chesse de Bourgogne , Auteur de Dans la première composition, quelques Poësies estimées, mou. il y avoit; 4 Sanlecque, a Regnard, rut au Château du Louvre le 4. à Bellocq , &c. Ces trois Poëtes d'octobre 1704. âgé de 19, ans. ont composé des Satires, & ils c'étoit un homme d'un esprit avoient écrits contre la Satire X, très-agréable , & qu'on recherde nôtre Auteur ; mais il ne vou: choit dans les Compagnies, lut pas faire imprimer leurs IMIT. Vers 37. O Vieilleste noms ; & il mit ces trois autres ennemie ! &c. ] Vers du Cid, Poëtes, qui n'étoient plus vi- DESP. vans. Regnard s'étoit reconcilié VERS 41. Que veut-il

direa avec lui , & Bellocą lui avoit fait toon? ] Ce font les propres tere

44.

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2

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:

Quels pitoyables Vers ! Quel stile languissant!

Malheureux, laisse en paix ton cheval vieillissant, 45 De peur que tout à coup efflanqué, sans haleine,

Il ne laisse , en tombant , son Maistre sur l'arene.
Ainsi s'expliqueront nos Censeurs sourcilleux :
Et bien-toft vous verrés mille Auteurs pointilleux

Piece à piece épluchant vos lons & vos paroles, so Interdire chez vous l'entrée aux hyperboles ;

Traiter tout noble mot de terme hazardeux,
Et dans tous vos Discours, comme monstres hideux,
Hüer la Metaphore , & la Metonymie,
(Grands mots que Pradon croit des termes de Chymie :)

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RE

E M A RU E s.

9

ne

mes de quelques Censeurs de nô. laise en paix , &c.] C'est une tte Poëte.

Imitation de ces deux Vers d'Ho. IMIT. Vers 44. Malheureux , race , Liv. I. Ep. 1, Vers 7,

Solve senescentem mature sanus equum ,

Peccet ad extremum ridendus , ilia ducat. Pradon avoit fait l'application tions de notre Auteur. Il ne rend de ces deux Vers à M. Despréaux, ni mature Janus , ni ridendus , qui & les avoit mis à la fin d'une font toute la beauté des deux Critique intitulée : Réponse à la Vers d'Horace. Oferai-je dire, que Satire X. du Sieur D.,

La Fresnaie V auquelin, en paraMais nôtre Auteur montre ici phrasant, rend un peu mieux à Pradon comment il faut tra- son Original, quoiqu'il lui reste duire Horace,

très-inférieur ? C'est dans la preQuoiqu'en dise M. Broffette, mière Satire de son Livrę I, il c'est ici la plus foible des Imitas y dit :

-defai.toy du vieil cheval , afin
Que boiteux ne devienne poussif à la fin :
Et depeur qu'au besoin au combat ne te faille ,
Et te face moquer le jour d'une bataille.

Grands mots que Pra- l'ignorance de Pradon dans la don croit des termes de Chymie. ] Remarque sur le dernier Vers de Voïés ce qu'on a dit au sujet de l'Epitre VII.

VERS 54.

SS Vous soûtenir qu’un Liet ne peut estre effronté;

Que nommer la Luxure est une impureté.
En vain contre ce for d'aversion publique
Vous tiendrés quelque temps ferme sur la Boutique ;

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VERS

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-qu'un Lit ne peut ques autres ,

s'étoient acharnés eltre effronté. ] Terme de la dixié.' à critiquer cette expression , qui me Satire, DES P.

elt tirée du Vers 345. de la Sa. M. Perraut , Pradon, & quel- tire X.

Se font des mois entiers sur in lit effronté

Traiter d'une visible & parfaite santé. Rien n'est plus commun que Apologie des Femmes. Cet Ecrie cette Figure dans la Poësie ; & vain blâmoit M. Despréaux d'ajamais Critique ne fut plus mal voir parlé des Heros d voix luxvi fondée que celle de ces Mer- rieuses , & de la Morale lubrique fieurs, M. le Prince de Conti ne des Opera ; & condamnoit ces blậmoit pas l'Epithète d'effronté ; expressions, comme contraires mais il trouvoit qu'elle présen- à la pudeur. Voïés la Lettre de toit un autre sens, & qu'elle di. M. Arnauld à M. Perrani, içi soit plus que l'Auteur n'avoit Tome IV. voulu dire. M. Despréaux con- IMIT. Vers 58. Vous tiendrez venoit que c'eroit la seule bonne quelque temps ferme sur la Bouticritique , qui lui eût été faite sur que, &c, ] Dans ce Vers & les cet endroit.

fix qui le suivent, nôtre Auteur VERS 56. Que nommer la Lu profite habilement de quelques xure est une impureté. ] M, Perrault idées d'Horace, Liv. I, Epitre XX. fit la Critique de la Salire X. sans s'astraindre précisément dans la Préface , qu'il mit à son l'imiter,

Carus eris Roma , donec te deserat atas ;
Contre&tatus ubi manibus fordefcere vulgi
Cæperis, aut tineas pasces taciturnus inertes

Aut fugies Vricam , aut vinetus mitteris Ilerdam. On va voir dans la paraphrafe fanteries , que M. Despréaux a de ces Vers par La Fresnaie Vau- faites en différens endroits quelin , Liv. I. Sat. dernière , la de ses Ouvrages sur le fort des fource d'une partie des plai. mauvais Livres.

Je devine s prevoy que pour la nouveauté,
Tu seras à Paris bien venu , bien traité
Pour un commencement : que tu pourras plaire
A giselques beaux esprits : mais du vil populaire
Tu seras par mespris deça dela jetté
Sans qu'aucun plus te lise en ta calamité :
Ou bien tu seras leu jusqu'à tant qu'une plume
Mieux difante que toy, de parler s'accoutune

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