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Et qui jamais en main ne prenant le timon,

Aux exploits de leur temps ne prestoient que leur nom ; 45 Que , sans les fatiguer d'une louange vaine,

Aisément les bons mots couleroient de ma veine !
Mais toujours sous Ton regne il faut se récrier.
Toûjours, les yeux au Ciel , il faut remercier.

Sans cesse à T'admirer ma critique forcée
So N'a plus, en écrivant, de maligne pensée ;

Et mes chagrins sans fiel , & presque évanouis,
Font grace à tout le siecle en faveur de LOUIS.
En tous lieux cependant la Pharsale approuvée
Sans crainte de mes vers va la teste levée.

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RE MARQU E S.

IMIT. Vers 49. Sans cesse d par lesquels Saint-Geniez termine
T'admirer ma critique forcée , &c.] l'Epitre Dédicatoire de les Satires,
Ce Vers & les trois suivans sont qu'il adresle Ad nobiliffimum
imités de ces beaux Vers Latins, illustrisimum virum DELBENUM.

Dotibus excellens animi mentisque polite ,
Æterno , Delbene , mihi celebrabere cantu.
Occurris tu sæpe animo , dum Musa querelas
Incipit , & cæptos cogis dimittere versus
Placatam. Sermone loqui dedi[cit amaro ,
Ignorat Satyras , in te dum spectat, ca isii

Definit irasci quod te produxerit ævo.
M. Despréaux , en renfermant la Guillaume de Brébæuf , natif de
même pensée en moins d'espace, Baffe Normandie , mourut en
a bien enchéri sur son original, 1661. âgé de 43. ans, après vingt
par le tour vif & le ton chagrin ans d'une Fièvre maligne & opi-
qu'il donne à ses Vers. Cette niâtre , qu'il avoit êté impossi.
Remarque est duë , quant au ble de guérir. C'est durant le
fonds à M. Desforges-Maillard, cours de cette Fiévre , qu'il com-'
dans sa Lettre sur l'imitation à M. posa ses différens Ouvrages, Le
le Prélident Bouhier, &c. déja plus connu de tous est la Phar.
citée sur le Vers 261. de la Satire sale de Lucain imitée en Vers
IX. & sur le Vers 219. de la Sa. François. Brébeuf s'êtoit fi fort
tire X.

entousiasme de son original, VERS 53. la Pharsale ap- qu'il le passe en bien des en prouvée ,

&c.] La Pharsale de droits, & qu'il est presque tous Brébeuf. DESP,

jours plus outré que lui, Le P

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par tout

La licence

regne

dans les écrits. Déja le mauvais sens reprenant les esprits, Songe à nous redonner des Poëmes Epiques, S'empare des discours melines Academiques.

R E M ARQU E s.

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Rapin dans les Réflexions sur l'Aro nies se laissèrent transporter Poetique , dit que La Pharsale », au bruit , que fic alors cet Ou

de Brébeuf gâta bien de la jeu. , vrage, qui dans le fonds n'a nesse , qui le lailla éblouir à presque rien de naturel ... la pompe de ses Vers. En effet Çe Jugement, très-équitable , eft ils ont de l'éclat ; mais après devenu depuis long tems celui tout ce qui paroît grand & du Public , & se rapporre allés à élevé dans ce Poëme , quand ce que M. Despréaux dit dans ces , on y regarde de près , ne passe deux Vers , qui commencent la ,, parmi les intelligens , que Parodie burlesque , qu'il avoit eu » pour un faux brillant plein deflein de faire de la preinière d'affectation. Les petits gé- Ode de Pindare.

Malgré son fatras obscur

Souvent Brébeuf étincelle. On a encore de ce Poëte Lucain du Canada , où il fut martirisé Travelli, ou le premier livre de par les Iroquois en 1649. Guil. la Pharfale en Vers Burlesques, laume Duhamel, Aumônier du Ouvrage eltimable dans son gen Roi, Ami & Compatriote de Brés re ; le septiéme Livre de l'Eneide boeuf , a tait sur les Ouvrages de en Vers Burlesques ; les Entre. ce Poëte une Disertation,qui né. tiens solitaires, qui sont des poë- rite d'être luë , quoiq:i'elle soit fies pieuses d'un mérite aflés mé- alles mal faite. Elle a été impridiocre ; un petit Recueil de Piè- mée à Paris chés Savreux en ces diverses, dont ce qu'il y a 1664. in.12. Le titre eft : Dilde meilleur est sa Gagure , qui sertation sur la Pharsale ; les En. contient cent cinquante & une tretiens solitaires ; la Défense de Epigrammes sur le même sujet, l'Eglise Romaine , & autres Ou. sur une Femme fardée ; des Eloges vrages de M. de Brébeuf. Voiés Poëtiques où l'on trouve de l'Art Poët. Ch. premier, Vers bonnes choses , & fa Défenfe de l'Eglise Romaine, Ouvrage de

- des Poëmes Controverle en prose contre les Epiques. J'CHILDEBRAND & Calvinistes , auquel l'Auteur ne CHARLEMAGNE , Poëin.es mit pas la dernière main, & qui n'ont point réuflì. DES P. dont on ne laisse pas de faire Voïês au sujet de Childebrand quelque cas. On a aufli deux la Note sur le Vers 242. du II, volumes de ses Lettres, Il eroit Chant de l'Art Poët. Au sujet Neveu du P. de Brébeuf , Jésuite, de Charlemagne , la Note sur le l'un des premiers Millionnaires Vers 171. de l'Epitre IX.

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100.

VERS 57.

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Perrin a de ses Vers obtenu le pardon :
60 Et la Scene Françoise est en proye à Pradon.

Et moy , sur ce sujet , loin d'exercer ma plume,
J'amasse de Tes Faits le penible volume ;
Et ma Muse occupée à cet unique employ,
Ne regarde , n'entend , ne connoist plus que Toy.

Tu le sçais bien pourtant, cette ardeur empressée
N'est point en moi l'effet d'une ame interessée.

65

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VERS 19. Perrin , &c. ] Voïés croire , que l'Auteur étoit déja S.16. VII. Vers 44. 45. Sat. IX. nommé pour écrire l'Histoire Vers 97, 293. Epitre VII. Vers du Roi. Mais il ne le fut qu'en 87. Litrin , Ch. V. Vers 166. 1677. Voïés l'Avertissement sur

VERS 60. Erla Scene Françoise l’Epitre VII. est en proye à Pradon. ] Voïés Sat. VERS 65. Tu le sçais bien pourIV. Vers s. Sat. VII. Vers 44. tant , cette ardeur empressée, &c.] 42.

Sat. VIII. Vers 267. Sat. Ce Vers les quinze, qui le IX. Vers 97. l'Avertissement sur suivent, sont ceux dont j'ai dit l'Epitre VII. & la Remarque sur ci-devant , qu'on les avoit mis le Vers 106, de la même Epi- en parallèle avec les quatorze tre.

derniers de l'Epitre 1. lesquels je. VERS 62. l'amasse de Tes Faits crois devoir rapporter ici pour le penible volume ) Ce Vers & les la plus grande commodité des deux suivans pourroient faire Lecteurs.

Pour moi , qui sur Ton nom déja brûlant d'écrire
Sens au bout de ma plume expirer la Satire ,
Je n'ose de mes V'ers vanter ici le prix,
Toutefois, la quelqu'un de mes foibles écrits
Des ans injurieux peut éviter loutrage,
Peut-eltre pour Ta gloire aura-t-il fon usage:
Et comme Tes exploits étonnant les Leeteurs ,
Seront à peine creus sur la foy des Auteurs :
Si quelque Esprit malin les vent traiter de fables,
On dira quelque jour pour les rendre croyables :
Boileau , qui dans les vers pleins de fincerité
Jadis d tout son siécle a dit la verité ;
Qui mit à tout blâmer son étude a sa gloire ,

A pourtant de ce Roi parlé comme l'Histoire, Beaucoup de nos Beaux Esprits dant li long tems, fait du Regne ont mis en jeu la foi de la Po- de Louis XIV, un des plus glo, Atérité couchant ces grands Evé- rieux que la France ait eus. Ce aewcas, dont la foule a , pen- fuţ Voiture , qui donna le fignal,

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Avant que Tes bienfaits courussent me chercher,
Mon zele impatient ne se pouyoit cacher.

Je n'admirois que Toi. Le plaisir de le dire 70 Vint m'apprendre à louer au sein de la Satire.

Et depuis que tes dons sont venus m'accabler,
Loin de sentir mes vers avec eux redoubler ,
Quelquefois, le dirai-je , un remords legitime
Au fort de mon ardeur , vient refroidir ma rime.

R E M A Rev E s.
en disant à M. le Prince , alors Charmel, ces deux Messieurs
Duc d'Enguien, dans une Let- firent le parallèle de l'Eloge
tre sur la prise de Dunker. du Roi , exprimé à la fin de
que, Pour moi Monsei- l'Epitre 1. & de l'Eloge qui se

gneur je me réjouis de vos ,, trouve ici. On contesta long.

prospérités, coinme je dois ; s tems sur la préférence de ces ,, mais je prévois que ce qui deux endroits, M. Du Char9, augmente vôtre réputation mel étoit pour le prenier ; & », présente , nuira à celles que M. de Dangeau se déclara pour

vous devés attendre des autres le second. Dans l'un on trou

fiécles , & que dans un petit » voit plus de force , & dans », espace de tems , tant de gran- l'autre plus de délicatesse. En

des & importantes actions les fin M. de Dangeau termina la gunes sur les autres, rendront, difficulté en disant que la

à l'avenir votre vie incroïa- pensée de l'Epitre 1. faisoit ble , & feront que vôtre Hif- » plus d'honneur au Roi , & toire passera pour un Roman ,, que celle de l'Epitre VIII, en

à la Postérité La même faisoit plus au Poëte. En effet, Idée fait le fonds de quelques

disoit Ñ. DESPRE’AUX, la penpetites Pièces de Vers très-bon- sée de ma I. Epître fait plus nes , que le P. Boubours rapporte d'honneur au Roi ; parce que je dans le second Dialogue de la Ma. dis que ses a&tions sont fi exto nière de bien penser , &c. Mais ordinaires, que pour les rendre quel que soit le mérite de ces Piè. croiables d la Postérité, il faudra ces, il faut convenir , que per. confirmer le récit de l'Hisoire par sonne n'a fait un plus heureux le témoignage irréprochable d'un usage de la foi de la Po{térité » Satirique. Mais la pensée de que M. Despréaux, Revenons à l'Epître VIII, me fait plus d'hon. l'objet de cette Remarque. Voici s neur, parce que j'y fais l'éloge ce que M. Brossette en dit , & de ma générosité, du désintée. qu'on avoit jusqu'ici placé sous ressement avec lequel je voudrois de Vers 80.

loüer le Roi de peur que mes “Nôtre Auteur êtant un jour loüanges ne soient Suspettes de ,, en conversation avec M. le flaterie,,. On ne peut que sous

Marquis de Dangean & M. du crire à cette décision,

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75 Il me semble , Grand Roy , dans mes nouveaux écrits,

Que mon encens payé n'est plus du mesme prix.
J'ai peur que l'Univers , qui sçait ma récompense,
N'impute mes transports à ma reconnoissance;

Et que par Tes présens mon vers decredité
80 N'ayt moins de poids pour Toi dans la Posterité.

Toutefois je sçai vaincre un remords qui Te blesse. Si tout ce qui reçoit des fruits de Ta largesse, A peindre Tes exploits ne doit point s'engager,

Qui d'un fi jufte soin se pourra donc charger ? 85 Ah! plâtost de nos sons redoublons l'harmonie.

Le zele à mon Esprit tiendra lieu de genie.
Horace tant de fois dans mes Vers imité,
De
vapeurs en son

temps, comme moy, tourmenté,
Pour amortir le feu de sa ratte indocile ,
90 Dans l'encre quelquefois sçeut égayer sa bile.

Mais de la mesme main qui peignit Tullius ,
Qui d'affronts immortels couvrit Tigellius,
Il sceur fléchir Glycere , il fceut vanter Auguste ,

Et marquer sur la lyre une cadence juste.
95 Suivons les pas fameux d'un fi noble Ecrivain.

A ces mots quelquefois prenant la lyre en main,
Au recit que pour Toy je suis prest d'entreprendre ,
Je croi voir les Rochers accourir pour m'entendre ,

R E M A RIU E S.

VERS 91.

Tullius. ) Sena. de son temps,& fort chéri d'Ates reur Romain. César l'exclut du gulte, DES P. Ed, 1701, Senar ; mais il y rentra après sa Voies Horace , Liv. I. Sat. VI. mort. DESP.

& X. Voïés Horace Liv. I. Sat. VI. VÉRS 93.It feeut fléchir Glycere VERS 92.

Tigellius. ] Fa. &c.] Sa Maîtresse. Ode XIX meux Musicien , le plus estimé Liv. I.

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