Faire au poids du bon fens peser tous les écrits, par priere, 20 Pour jamais fous la tombe eust enfermé Moliere, REMARQUES. plufieurs endroits, entre autres, Livre III. Ode XXIV. Vers 31, Virtutem incolumem odimus, Sublatam ex oculis quærimus invidi. Il dit encore dans l'Epitre I. du Livre II. Vers 12. Comperit invidiam fupremo fine domari. La même Pensée fe trouve dans Properce, Liv. III. Elegie I. V. 21. At mihi quod vivo detraxerit invida turba, OVIDE, Livre premier des Amours, Elegie XV. Vers 39. Pafcitur in vivis Livor: poft fata quiefcit, Cette même Pensée a êté emploïée auffi par Martial dans plufieurs de fes Epigrammes. CHANG. Vers 17. Faire au poids du bon fens, &c.] Il y avoit dans la première Edition du droit Sens. A la place des deux Vers, qui font ici, l'Auteur en avoit fait deux autres, qu'il fupprima par ménagement pour la Duchefle de Bouillon, & le Duc de Nevers, qui protegeoient hautement la Phédre de Pradon. Voici ce que M. Broffette avoit apparemment retenu de ces deux Vers: Des fots de qualité l'ignorante hauteur, VERS 19. Avant qu'un peu de terre obtenue par priere, &c.] Molière êtant mort, les Comédiens fe difpofoient à lui faire un Convoi magnifique; mais M. de Harlai, Archevêque de Paris, ne voulut pas permettre qu'on l'inhumât. La Femme de Molière alla fur le champ à Verfailles fe jetter aux pies du Roi, pour fe plaindre de l'injure, que l'on faifoit à la mémoire de fon Mille de ces beaux traits, aujourd'hui fi vantés REMARQUES. en Mari. Le Roi la renvoïa lui difant, que cette affaire dépendoit du miniftère de M. l'Archevêque. Cependant Sa Majefté fit dire à ce Prélat, qu'il fît enforte d'éviter l'éclat & le fcandale. M. l'Archevêque révoqua fa défenfe, à condition que l'enterrement fe feroit fans pompe & fans bruit. Il fut fait par deux Prêtres, qui accompagnèrent le Corps, fans chanier; & on l'enterra dans le Cimetière qui eft derrière la Chapelle de faint Jofeph, dans la rue Montmartre. Tous fes amis y affiftèrent, aïant chacun un Hambeau à la main. Mademoifelle Molière s'écrioit par tout: Quoi, l'on refufera la fépulture à un homme, qui mérite des Autels ! à fes naifantes pieces. ] L'ECOLE des Femmes qui eft une des premières Comé dies de Molière, fut fort fuivie, & encore plus critiquée. Mais l'apologie, qu'il en fit lui-même dans fa petite Comédie intitulée : La Critique de l'Ecole des Femmes, impofa filence aux Envieux, VERS 23. 2 L'autre, fougueux Marquis, luy declarant la guerre, 40 Toy donc, qui t'élevant fur la Scene Tragique, Ceffe de t'étonner, fi l'Envie animée, Attachant à ton nom fa roüille envenimée, 45 La calomnie en main, quelquefois te poursuit. REMARQUES. VERS 31. L'autre, fougueux Mar. quis, &c.] Les Marquis ridicules de la Cour, aufquels ont fuccédé nos Petits-Maîtres, êtoient extrèmement irrités contre Molière, parce qu'il les jouoit, & qu'il mettoit leurs propres difcours auffi-bien que leurs manières dans fes Comédies. VERS 32. Vouloit vanger la Cour immolée au Parterre. ] Ceci fait allufion à l'endroit de la Scéne V. de la Critique de l'Ecole des Femmes, où Molière parle d'un Spectateur ridicule, qui placé fur le Théatre pendant la répréfentation de cette Comédie, hauffoit les épaules à chaque éclat de rire, que le Parterre faifoit; & le regardant quelquefois en · pitié, quelquefois avec dépit, lui difoit tout haut: Ri donc Parterre; ri donc. Ce Spectateur fe nommoit Plapiffon, & paffoir pour un grand Philofophe. C'eft fur lui principalement, que Molière a formé le caractère de fon Milanthrope. IMIT. Vers 38. Et fur fes brodequins ne peut plus fe tenir.] Ce Vers eft imité de ce mot de Quintilien, Livre X. Ch. I. In Comœdid maximè claudicamus. VERS 45. La calomnie en main, quelquefois te pourfuit.] Ce Vers caractérise le Sonnet de Madame Deshonlières contre la Phédre de M. Racine, Voïés l'Hiftoire de ce Sonnet & de fes fuites dans l'Avertiffement fur cette Epitre, Racine, fait briller fa profonde fageffe. REMARQUES. VERS (2. Au Cid perfecuté,&c.] Voiés la Remarque fur le Vers 231. de la Satire IX. VERS 3. & 54. Et peut-eftre ta plume aux Cenfeurs de Pyrrhus Doit les plus nobles traits dont tu peignis Burrbus.] Ces deux Vers défignent les Tragédies d'Andromaque & de Britannicus. M. Racine fit joiier Andromaque en 1668. Il n'avoit alors que 29. ans, & l'on jugea par cette Pièce qu'il égaleroit un jour, & que même il furpafleroit peut-être à certains égards, le Grand Corneille. La Tragédie d'Andromaque eut pourtant des Cenfeurs. Les Seigneurs de la Cour en dirent hautement leur fentiment, dit le BOLEANA, felon l'étendue, ou plutôt felon les bornes de leur goût de leurs lumières. Le Maréchal de Créqui, qui n'avoit pas la réputation d'aimer trop les Femmes, & le Comte d'Olonne, qui ne devoit pas fe plaindre d'être trop aimé de la fienne, furent ceux qui frondèrent le plus Andromaque. M. Racine s'en vangea par l'Epigramme fuivante, dans laquelle il s'adreffè la parole à luimême. Le vrai-femblable eft choqué dans ta Pièce, Si l'on en croit & d'Olonne & Créqui. Créqui dit que Pyrrhus aime trop fa Maitreffe, D'Olonne, qu'Andromaque aime trop fon mari. Voïés le Boleana,Nomb. LXXXI. Ce que les Cenfeurs les plus judicieux, & particulièrement le Grand Prince de Condé condamnèrent le plus, ce fut le caractère de Pyrrhus, qu'ils trouvoient trop emporté, trop violent, trop farouche. On accufa même Pyrrhus d'être un brutal, & de plus un mal-honnête homme, dans une Comédie en trois Actes, qui fut répréfentée dans le tems par la Troupe du Roi. Cette Pièce, écrite fur un affés bon ton, fut alors attribuée à Molière; & cela penfa le brouiller avec M. Racine. Elle êtoit du nommé De Subligny, Comédien de la Troupe du Roi, & Père de la Demoifelle De Subligny, excellente Danfeufe, que bien des gens fe fouviennent encore d'avoir vu tenir à l'Opera le premier rang avant la Demoifelle Prévôt, Cet Auteur fe fir connoître par l'impreffion de fa 55 Moy-mefme, dont la gloire icy moins répanduë Mais qu'une humeur trop libre, un efprit peu foûmis Je dois plus à leur haine, il faut que je l'avouë, REMARQUES. Pièce. Elle a pour titre : La Folle Querelle, ou la Critique d'Andromaque. Les reproches, que M. Racine reçut au fujet du caractère de Pyrrhus, le firent réflechir davantage fur fon Art; & dans Britannicus, qui fuivit Andromaque, & qu'il fit répréfenter en 1670. il s'attacha fur tout à donner à Burrbus le caractère d'un parfaitement honnête homme. C'eft de quoi le loue ici M. Defpréaux, qui n'approuvoit pas tout dans cette Tragédie, Il trouvoit Britannicus trop petit devant Néron, & ne pouvoit fouffrir, que Junie voïant fon Amant mort fe fit Veftale. Ce Dénoûment paroifloit puéril. Voïés le Bolaana, N. LXXXIII, VERS 65. Je fçais fur leurs avis corriger mes erreurs. ] Ce Vers rend le mot de Philippe de Macédoine, qui difoit, qu'il avoit obligation aux Orateurs d'Athenes, de l'avoir corrigé de fes défauts, à force de les publier. Plut. Apopht. des Anc. VERS 70. Plus croiffant en vertu je fonge à me vanger.] Quelques Amis de nôtre Auteur lui répréfentant un jour, dans le deffein de le détourner de la Satire, qu'il s'attireroit beaucoup d'enneinis, qui ne manqueroient pas de le décrier & de noircir fa réputation: Je fais un bon moien de m'en vanger, répondit-il froidement; c'eft que je ferai honnête homme. Il avoit auffi fouvent à la bouche |