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6s Qu'un Libraire imprimant les essais de ma plume,

Donna, pour mon malheur , un trop heureux volume. Toûjours , depuis ce temps en proye aux sots discours, Contre eux la verité m'est un foible secours.

Vient-il de la Province une Satire fade, 90 D'un Plaisant du païs insipide boutade ;

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R E MAR O U E S.

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des Satires fut faite au mois de Horace se plaignoit aussi de ce Mars 1666. Ainii la douziéme que l'amitié dont Mecéne l'honannée couroit en 1677.

noroit depuis près de huit ans, Imit. Ibid. & Vers suivans. l'avoit exposé aux craits des enDouze ans sont écoulés depuis le jour vieux. Liv. II. Sat. VII. Vers fatal, &c. Toujours depuis ce temps 40. 41. 42. & 47. en proye aux sots discours , &c.]

Septimus octavo propior jam fugerit annus
Ex quo Mecænas me cepit habere suorum
In numero ...i
Per totum hoc tempus subje&tior in diem & horam

Invidia,
VERŚ 69. Vient-il de la Pro. qui ne lui disoient pas un mot
vince une Satire fade , &c. ] Dans de ses véritables Ouvrages. Lors.
les Editions contrefaites des qu'il étoit à Bourbon, un Ca-
Oeuvres de M. Defpréaux les pucin le félicita sur la Satire cona
Libraires ont inséré quantité de tre le Mariage , dont il lui récita
méchantes Satires dont il n'est les premiers Vers. M. Despréaux
point l'Auteur , & qui sont in- fit de vains efforts pour persua-
dignes de lui.' Telles sont les der à ce Connoiffeur ; qu'il n'êtoic
Șatires contre le Mariages contre pas l’Auteur de cette pitoïable
les Maliôtes Ecclésiastiques ; con- Pièce. Le Capucin n'en voulut
tre les Directeurs , contre les Ab- rien croire , & se mit à louer la
bés

& plusieurs autres Pièces modestie . avec laquelle M. Dela de la même force. Quelque re préaux refusoit l'honneur, qui marquable que soit la différen- lui revenoit d'un aurii bel Oų. ce de ces Satires à celles de notre vrage. Une autre fois je fus téAuteur , bien des gens qui n'a- moins d'une scéne à peu près voient pas le discernement allés pareille. Un Provincial , qui se juste , ou qui n'en avoient point disoit Neveu de feu M. Fourcroi, 'du tout, ne laissoient pas de les lui célèbre Avocat , vine voir notre attribuer. Il s'elt vu même ex- Poëte , sous prétexte de le cona posé plus d'une fois au très-sen- sulter sur une petite difficulté de lible déplaisir de s'entendre loiier, Grammaire. Ensuite il s'avisa principalement sur ces Ouvra. de parler des beaux Ouvrages de ges supposés , & par des gens, M. Despréaux, & sur-tout de fa

Pour la faire courir, on dit qu'elle est de moi :
Et le fot Campagnard le croit de bonne foi.
J'ai beau prendre à témoin & la Cour & la Ville.

Non; à d'autres , dit-il; on connoist vostre stile.
75 Combien de temps ces vers vous ont-il bien cousté ?

Ils ne sont point de moi, Monsieur en verité,
Peut-on m'attribuer ces sottises étranges ?
Ah! Monsieur , vos mépris vous servent de louanges.

Ainsi de cent chagrins dans Paris accablé, 80 Juge si toûjours triste, interrompu , troublé,

Lamoignon, j'ai le temps de courtiser les Muses.
Le monde cependant se rit de mes excuses,
Croit que pour m'inspirer sur chaque evenement,
Apollon doit venir au premier mandement.

Un bruit court que le Roy va tout reduire en poudre , Et dans Valencienne est entré comme un foudre;

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85

R E M A RIU E s.

Satire contre les Gens d'Eglise. ment si faux, lui dit avec un souIl se récria beaucoup sur ces gens rire amer: Je vois bien que vous ne de Mitre de Croses , qui font connoisés pas encore mes Ouvrages; rouler de superbes Carosses. Il alloit mais je veux vous apprendre à les continuer à citer les beaux traits connoître , par ces Vers que j'ai qu'il avoit retenus, quand M. faits contre ceux qui en jugent aul's Despréaux , indigné d'un Juge- mal que vous.

Vient-il de la Province une Satire fade,
D'un Plaisant du pais infipide boutade:
Pour la faire courir on dit qu'elle est de moi :

Et le fot Campagnard le croit de bonne foi. En prononçant ce dernier Vers, 12. qu'ils sont devenus Proverbes il jetrà sur cet homme un regard en naissant, fier & méprisant , & le congé. VERS 86. Et dans Valencienne, dia. BROSS.

&c. ) Le Roi aïanc fait investic VERS 78. Ah ! Monsieur, vos Valencienne au commencement mépris vous servent de louanges. ] de Mars 1677. cette Ville, après Le bon mot exprimé dans ce quelques jours de siége , fut em. Vers est un de ceux dont nôtre portée d'aflaue en moins d'une Aureur lui-même dit Ep. X. Vers demie-heure, Les François eng

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Que Cambray , des François l'épouventable écueil,
A veu tomber enfin ses murs & son orgueil :

Que devant Saint-Omer , Nassau, par sa défaite , 90 De Philippe vainqueur rend la gloire completę.

Dieu sçait comme les vers chés vous s'en vont couler,
Dit d'abord un Ami qui veut me cageoler,
Et dans ce temps guerrier, & fecond en Achilles ,

Croit que l'on fait les vers, comme l'on prend les villes. 95 Mais moi , dont le genie est mort en ce moment,

Je ne sçai que repondre à ce vain compliment :
Et justement confus de mon peu d'abondance,
Je me fais un chagrin du bonheur de la France.

R E M A R DU Å se

trèrent pêle-mêle avec les Allié. Caffel. Au bruit de la marche, gés , & le rendirent Maîtres de Monsieur laissa des Troupes de. la Place. Le Roi la fauva du vant la Plaçe ; & marcha pour pillage.

combattre l'Armée ennemie. VERS 87. Que Cambray , des Malgré le désavantage du nom. François l'épouventable écueil. ) bre & du lieu , ce Prince remSous les regnes précédens, Cam- porta une victoire complette le brai avoit êté asiégé inutilement Dimanche des Rameaux 11. d’Apar les François; mais le 17. vril 1677. & init en fuite le d'Avril 1677. après vingt jours Prince d'Orange avec ses troupes. de fiége, le Roi se rendit maî- Après la Victoire de Cassel, il tre de la Ville & de la Cita- rentra dans les Lignes pour condelle.

tinuer le liége de Saint-Omer qui VERS 90. De Philippe vain. capitula le 20. du même mois. queur , &c. ] La Bataille de Cala L'Auteur m'a fait remarquer , fel, gagnée par Monsieur Philippe que dans les quatre Vers précé de France, Frere unique du Roi , dens, qui parlent des Conquê, en 1677. DESP.

tes du Roi , il avoit emploïé Monsieur faisoit le siége de Saint- tout ce que la Poësie a de plus Omer , pendant que le Roi allié. grand , & de plus magnifique. geoit Cambrai. Guillaume de Mais que voulant ensuite parler Nassau ,, Prince d'Orange , deses- dans ces deux derniers Vers des pérant de sauver Cambrai, mar. exploits de Monsieur , il avoit cha avec trente mille hommes pris un con moins haut, pour pour secourir Saint-Oiner , & éviter de mettre ce Prince-en pavint le poster sur les hauteurs de rallèle avec le Roi. BROSS.

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Qu'heureux est le Mortel , qui du monde ignoré,
Too Vit content de soi-mesmę en un coin retiré !

Que l'amour de ce rien, qu'on nomme Renommée ,
N'a jamais enyvré d'une vaine fumée,
Qui de la liberté forme tout son plaisir,

Et ne rend qu'à lui seul compte de son loisir ! 105 Il n'a point à souffrir d'affronts ni d'injustices,

Et du peuple inconstant il brave les caprices.
Mais nous autres faiseurs de livres & d'écrits,
Sur les bords du Permesse aux loiianges nourris ,

Nous ne sçaurions briser nos fers , & nos entraves ;
110 Du Lecteur dedaigneux honnorables esclaves.
Du
rang

ou nostre esprit une fois s'est fait voir , Sans un fâcheux éclat nous ne sçaurions déchoir. Le Public enrichi du tribut de nos veilles,

Croit qu'on doit ajoûter merveilles sur merveilles, 115 Au comble parvenus il veut que nous croissions :

Il veut en vieillissant que nous rajeunissions.
Cependant tout décroist, & moi-mesme à qui l'âge
D'aucune ride encor n'a flétri le visage ,

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1

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VERS 99. Qu'heureux est le More même souhait dans le Poëme , in
tel, &c.] Ange Politien fait le titulé : Rusticus , Vers 17.

Felix ille animi , Divisque fimillimus ipfis,
Quem non mendaci resplendens gloria fuco
Sollicitat , non fastosi mala gaudia luxús ;
Sed tacitos finit ire dies , paupere cultu

Exigit innocua tranquilla silentia vita.
VERS 116.Il veut en vieillissant Vers.
que nous rajeunisions.]C'est pour se VERS 117. Et moi-melmed
plaindre de cette injustice, qu'il qui l'âge , &c. ] Il étoit dans la
a composé l’Epitre x, à ses quarante-uniéme année.

ces

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2

Déja moins plein de feu , pour animer ma voix, 120 J'ai besoin du silence & de l'ombre des bois.

Ma Muse qui se plaist dans leurs routes perdues,
Ne sçauroit plus marcher sur le pavé des ruës.
Ce n'est

que

dans bois propres à m'exciter
Qu'Apollon quelquefois daigne encor m'écouter.
125 Ne demande donc plus, par quelle humeur sauvage,

Tout l'Esté loin de toi demeurant au village,
J'y passe obstinément les ardeurs du Lion
Et montre pour

Paris si

peu de passion.
C'est à toi , Lamoignon , que le rang , la naissance ,
130 Le merite éclatant, & la haute éloquence

Appellent dans Paris aux sublimes emplois,
Qu'il sied bien d'y veiller pour le maintien des lois,
Tu dois là tous tes soins au bien de ta patrie.

Tu ne t'en peux bannir que l'Orphelin ne crie; 135 Que l'Oppresseur ne montre un front audacieux;

Et Thémis pour voir clair a besoin de tes yeux.
Mais pour moi de Paris citoyen inhabile,
Qui ne lui puis fournir qu'un rêveur inutile ,

Il me faut dų
140 Laisse-moi donc ici, sous leurs ombrages frais ,

REMARQU E S.
VERS 127.. les ardeurs du IMIT. Ibid. -parle obliinément
Lion. ) Le mois de Juillet pen-

les ardeurs du Lion. ] HORACE dant lequel le Soleil ett dans le a dit Livre premier , Epítre x, signe du Lion.

-uhi gratior aura
Leniat a rabiem Canis, a momenta Leonis ,

Cùm femel accepit folem furibundus acutum.
VERS 132. Qu'il fied bien d'y noblement l'étenduë & l'impor-
veiller &c. ] Ce Vers & les tance des Devoirs d'un Avocat
quatre suivans réprésentent bien Général au Parlement.

a

repos, des

prez & des forests.

Vers is:

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