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jos Pourquoi donc s'égarer en des projets fi vagues ?

Ce que j'avance, ici , croi-moi , cher Guilleragues,
Ton Ami dés l'enfance ainsi l'a pratiqué.
Mon Pere soixante ans au travail appliqué,
En mourant me

laissa
pour

rouler & pour vivre, 110 Un revenu leger , & son exemple à suivre.

Mais bien-toft amoureux d'un plus noble métier ,
Fils, frere , oncle , cousin, beau-frere de Greffier ,
Pouvant charger mon bras d'une utile liasse,

J'allay loin du Palais errer sur le Parnasse. 115 La Famille en pâlit , & vit en frémissant,

Dans la Poudre du Greffe un Poëte naissant.
On vit avec horreur une Mufe effrenée
Dormir chez un Greffier la grasse matinée.

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VERS 108. Mon Pere. ] Gilles cousin , beau-frere de Greffier. ] FRES BOILEAU , Greffier du Conseil Re de Jerôme Boileau son aîné de la Grand'Chambre : égale- qui a possedé la Charge du Pès ment recommandable par la se. Il mourut au mois de Juil. probité , & par son expérience let 1679. ONCLE de M. Dongois dans les affaires. Il mourut en Greffier de l'Audience à la 1657. âgé de 73. ans,

Grạnd'Chambre; Fils d'une VERS 109. En mourant me laila Sæur de l'Aureur. COUSIN du fa, &c.] Environ douze mille même M. Dongois , qui avoit écus de Patrimoine , dont nôn épousé une cousine germaine de tre Auteur mit environ le ciers nôtre Poëte. BEAUFRERE de M. à fonds perdu sur l'Hôtel de Sirmond , qui a eu la même CharVille de Lyon , qui lui fit une ge de Greffier du Conseil de la rente de quinze cens livres pen. Grand'Chambre. dant sa vie. Mais son bien s'aug- IMIT. Ibid. Fils, frere , oncle , menta considérablement dans la cousin , beau-frere de Greffier. ] Ce suite, par des successions , & Vers eft imité de ce qu'Agrippine par des pensions que le Roi lui dit dans la seconde Scène du re. donna.

cond Ace du Britannicus de M, VERS 112, frere , oncle , RACINE,

Moi , fille , femme, Sur, a mere de vos Maitres,
VERS 118. la graße mati. née. ] Il étoit grand dormeur ,

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Dellors à la richesse il fallut renoncer.
120 Nc pouvant l'acquerir, j'appris à m'en passer,

Et sur tout redoutant la basse servitude,
La libre verité fut toute mon étude.
Dans ce métier funcste à qui veut s'enrichir ,

Qui l'eust creu, que pour moy le Sort duft fe fléchir ? 125 Mais du plus grand des Rois la bonté sans limite,

Toujours preste à courir au devant du merite,
Creut voir dans ma franchise un merite inconnu,
Et d'abord de ses dons enfla mon revenu.

La brigue, ni l'envie à mon bonheur contraires, 130 Ni les cris douloureux de mes vains Adversaires ,

Ne pûrent dans leur course arrefter ses bien-faits.
C'en est trop : mon bonheur a passé mes souhaits.
Qu'à son gré desormais la Fortune me jouë ,

On me verra dormir au branle de sa rouë. 135 Si quelque soin encore agite mon repos ,

C'est l'ardeur de louer un si fameux Heros ,
Ce soin ambitieux me tirant

par

l'oreille,
La nuit, lorsque je dors, en surfaut me reveille;
Me dit

que ces bienfaits , dont j'ose me vanter , 140 Par des Vers imınortels ont dû se meriter,

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REM A RIU E S.

particulièrement dans sa jeu: n’aimoit pas M. Despréaux , s'a. nesle. Il se levoit ordinaire. visa de dire, que bientôt le Roi ment fort tard , & dormoit en- donneroit des pensions aux vocore l'après-dinée.

leurs de grand Chemin. Le Roi VERS 130. Ni les cris doulou. içut cette réponse., & en fut reux de mes vains Adversaires. ] forr irrité. Celui qui l'avoit faite Le Roi aïant donné une pension fut obligé de la désavouer. de deux mille livres à l'Auteur, IMIT. Vers 1 33. & 134. Qu'd /o un Seigneur de la Cour , qui gré désormais

me jousë a

.

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C'est là le seul chagrin qui trouble encor mon ame.
Mais si dans le beau feu du zele qui m'enflame ,
Par un ouvrage enfin des Critiques vainqueur,

Je puis , sur ce sujet , satisfaire mon cæur;
145 Guilleragues, plain-toi de mon humeur legere,

Si jamais entraîné d'une ardeur étrangere ,
Ou d'un vil interest reconnoissant la loi ,
Je cherche bonheur

autre-part que

chez moi.

mon

R E M A Rev E s.

On me verra dormir au branle de deux Vers de Corneille dans la
Sa rouë. ] Ces deux Vers parois- Scene V. du II. A&te de l'Illusion
fent être une Imitation de ces Comique.

Ainsi de nôtre espoir la Fortune se jouë :
Tout s'éleve on s'abaisse au branle de la rouë.

:

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L

A fixiéme Epître fut composée après la septié

me, en l'année 1677. M. Despréaux étoit allé passer une partie de l'Eté à la Campagne. Il y reçut une Lettre de M. l'Avocat Général de Lamoignon, qui lui reprochoit sa trop longue absence de Paris , & l'exhortoit d'y revenir promptement. M. Despréaux lui répondit par cette Epître, dans la quelle il décrit les douceurs, dont il jouit à la Campagne les chagrins qui l'attendent à la Ville. Horace a traité le même sujet dans une partie de la fixiéme Satire du second Livre,

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EPISTRE V I.
A M. DE L AMOIGNON,
A V O C AT GÉNÉR A L.

G
Oui, Lamoignon , je fuis les chagrins de la ville,
Et contre eux la Campagne est mon unique azile.
Du lieu qui m'y retient veux-tu voir le tableau ?
C'est un petit Village , ou plâcost un Hameau :

A

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REMARQUES.

VERS 1. Oui, Lamoignon, &c.] gneurie près de la Roche-Guyon, Chrestien - François de Lamoignon appartenant à mon Neveu l'il4 Avocat Général) depuis Prési- lustre M. Dongois , Greffier en dent à Mortier , Fils de Guil. chef du Parlement. DE SP. laume de Lamoignon, Premier Pré- Dans toutes les Editions il y sident du Parlement de Paris. avoit à la marge : Hautile DESP,

che la Roche-Guyon, Je fis remara Il étoit né le 26. de Juin quer à l'Auteur cette consonan1644. & mourut le 6. d'Août ce vicieuse , proche la Roche , & 1709.

il la corrigea dans sa dernière VERS 4. C'est un petit Villa- Edition de 1701. Hautile est du ge, &c. ) Hantile

petite Sci. côté de Mances à treize lieue's

, pro

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