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L'Honneur & la Vertu n'oferent plus paroiftre..
La Piété chercha les deferts & le Cloiftre.
Depuis on n'a point vû de cœur fi détaché,
Qui par quelque lien ne tinst à ce peché.
85 Triste & funeste effet du premier de nos crimes!
Moi-mefme, Arnauld, ici, qui te prêche en ces rimes,
Plus qu'aucun des Mortels par la honte abattu,
En vain j'arme contre elle une foible vertu.
Ainfi toûjours douteux, chancelant & volage,
90 A peine du limon, où le vice m'engage,

J'arrache un pié timide, & fors en m'agitant,
Que l'autre m'y reporte, & s'embourbe à l'instant.
Car fi, comme aujourd'hui, quelque rayon de zele
Allume dans mon cœur une clarté nouvelle,
95 Soudain aux yeux d'autrui s'il faut la confirmer,
D'un gefte, d'un regard je me fens alarmer;

REMARQUES.

faine Doctrine, & par fon zèle
pour le maintien de la Difcipline
Eccléfiaftique. Mais tout le mon-
de fait qu'il avoit pris le carac-
tère exprimé dans ce Vers. I
ne faifoit cas d'un homme qu'à
proportion du bien qu'il avoit,
Selon lui, le plus grand mérite

confiftoit dans les richefles. C'eft auffi lui qui difoit, qu'il ne concevoit pas comment on pouvoit vivre fans avoir cent mille écus de rente. V. Bolaana, n. LXVI.

IMIT. Vers 90. A peine du li. mon, où le vice m'engage. ] HoRACE, Liv. II, Sat,VII. Vers 37,

Nequicquam cæno cupiens evellere plantam,
VERS 92. Que l'autre m'y re-
porte, s'embourbe à l'inflant. ]

L'Auteur avoit ainfi exprimé fa
penfée:

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Que l'autre m'y reporte, & s'embourbe à l'inflant.

La difficulté étoit d'achever le fecond Vers, I confulta M,

Et mefme fur ces vers que je te viens d'écrire,
Je tremble en ce moment de ce que l'on va dire.

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REMARQUES.

Racine qui trouva la chofe très difficile. Cependant M. Defpréaux lui dit le lendemain la fin du Vers: Jors en m'a

gitant. Cette fin eft d'autant plus belle, qu'elle fait une image, qui n'eft pas dans le Vers d'Horace:

Nequicquam cano cupiens ovellere plantam.

AVERTISSEMENT

SUR

L'EPISTRE IV.

JE ne fçai fi les

E ne fçai fi les rangs de ceux qui pafsèrent le Rhin à la nage devant Tolhuys, font fort exactement gardés dans le

ne au Public; & je n'en roeme que je don

voudrois pas être ga rant: parce que franchement je n'y eftois pas, & que je n'en fuis encore que fort mediocrement inftruit. Je viens mefme d'apprendre en ce moment que (1) M. de Soubize, dont je ne parle point, eft (2) un de ceux qui s'y est le plus fignalé. Je m'imagine qu'il en est ainsi

REMARQUES.

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de beaucoup d'autres, & j'efpère de ( 3 ) leur faire juftice dans une autre édition. Tout ce que je fçai, c'eft que ceux dont je fais mention ont paffé des premiers. Je ne me declare donc caution que de l'Hiftoire du Fleuve en colere, que j'ai apprise d'une de fes Naïades, qui s'est refugiée dans la Seine. J'aurois bien pû aussi parler de la fameufe rencontre qui fuivit le paffage: mais je la réferve pour un Poëme à part. C'eft là que j'efpère rendre aux mânes de (4) M. de Longueville l'honneur que tous les Ecrivains lui doivent, & que je peindrai cette Victoire qui fut arrofée du plus illuftre Sang de l'Univers. Mais il faut un peu reprendre haleine pour cela.

VOILA ce que M. Defpréaux avoit mis à la tête de la première Edition de l'Epitre IV. pour parer aux reproches de n'avoir pas dit tout ce qu'il auroit pu dire, & de n'avoir pas nommé tous ceux qui s'étoient fignalés au Paffage du Rhin. On ignore s'il avoit réellement conçu le deffein du Poëme. qu'il annonce dans cet Avis. Il n'en dit rien en

REMARQUES.

(3) leur faire juftice. ] C'eft une faute contre la propriété du Langage Faire- juftice ne fe prend qu'en mauvaise part, & fignifie toûjours, punir quelqu'un d'un crime ou d'une faute, & la phrafe eft: Faire juftice de quel qu'un, Mais rendre juftice à quel

qu'un, n'eft fufceptible que d'un
fens favorable; & fignifie toû-
jours, réparer le tort qui a êté fait
à quelqu'un.

(4) M. de Longueville,] CHAR
LES-PARIS D'ORLEANS, Duc de
Longueville & d'Ellouteville, Prin-
ce Souverain de Neufchâtel, fut

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aucun autre endroit de fes Ouvrages,& M. Brof fette ni le Bolæana n'en font aucune mention. Pour moi, je penfe qu'il ne fongea plus à travailler dans un genre, qui s'eloignoit trop de fa forte de Génie, quand une fois il eut par l'Epitre IV. fatisfait à ce que demandoit de lui la reconnoissance, dont il étoit pénétré pour toutes les marques d'ef time & les bienfaits, dont on a vu, dans la Note 3. de l'Avertissement fur l'Epitre I. que le Roi l'avoit honoré,la premiere fois qu'il eut l'honneur de paroître devant Sa Majesté. Ce Prince fit en 1672. la Campagne de Hollande, & dans l'espace d'environ deux mois, il conquit trois Provinces, & prit quarante Villes. Son Armee paffa le Rhin à la vue des Ennemis, qui gardoient le rivage oppofé. Peu s'en fallut qu' Amfterdam ne fe foumit, & que Roi ne je vit Maitre de toute la Hollande. Parmi tant de grands événemens, M. Defpréaux choifit le Paffage du Rhin, comme le plus brillant & le plus fufceptible des ornemens de la Poëfie. Cette Action fe paffa le 12. de Juin 1672. L'Epitre IV. fut compofée au mois de Juillet fuivant & fut imprimée au mois d'Août. Elle est la feconde felon l'ordre du tems.

le

"L'Auteur, dit le Sommaire, qu'on lit à la

REMARQUES.

tué au Paffage du Rhin, fans avoir êté marié, dans le tems qu'il alloit être élu Roi de Pologne. Il êtoit né le 29. Janvier 1649. Il avoit eu d'une femme

mariée, de grande qualité, un Fils Naturel, qui fut CharlesLouis d'Orleans furnommé le Chevalier de Longueville, lequel fut malheureufement tué pen

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