Bien-toft te fignalant par mille faux miracles, 105 Et fans crainte rendant leurs réponses Normandes, 110 Chaque vice emprunta le nom d'une vertu. 120 Et REMARQUES. VERS IOS. leurs réponses Normandes. Les Normands font accufés de peu de fincérité; &, Répondre en Normand, eft une expreffion, qui eft devenue proverbiale, pour dire , que l'on repond d'une manière équivoque. Parler en Normand. Voïés Epitre IMIT. Vers 110. Fit à chaque vertu prendre le nom d'un vice. 1 GOMBAUD avoit dit, en parlant de la Cour, Livre I. Epi gramme <3. Les Vertus passent pour des Vices, Qu'infâmes fcelerats à la gloire afpirans Et Voleurs revêtus du nom de Conquerans. 125 Mais à quoi s'attacha ta sçavante malice ? Ce fut fur-tout à faire ignorer la Justice. Dans les plus claires loix ton ambiguité Répandant fon adroite & fine obfcurité, Aux yeux embarraffez des Juges les plus fages, 130 Tout fens devint douteux, tout mot eut deux visages; Plus on crût penetrer, moins on fut éclairci; Le texte fut fouvent par la gloze obscurci; Et 1 pour comble de maux, à tes raifons frivolcs Il refta quelque trace encor dans la Judée. REMARQUES. CHANG. Vers 135. Tous les jours accablé, &c, ] Il avoit mis: Chaque jour accablez: & ce dernier mot fe rapportoit au Vrai & au bon Droit, qui font dans le Vers fuivant, BROSS. CHANG. Vers 141. De la rai fon pourtant, &c.] Dans la pre- Qu'eftoit-il en effet, de prés examiné, Qu'un mortel, par lui-mefme au feul mal entraîné; Et malgré la vertu dont il faifoit parade, 150 Tres-équivoque ami du jeune Alcibiade? Oui, j'ose hardiment l'affirmer contre toy tel REMARQUES. CHANG. Vers 148. Qu'un morpar lui-mefme au feul mal entraîné. Au lieu de ce Vers l'Auteur avoit mis celui ci: Qu'un mortel, comme un autre, au mal déterminé. Et c'est ce Vers, que M. le Cardinal de Noailles lui fit changer. BROSS. VERS 10. Tres-équivoque ami du jeune Alcibiade. ] Il eft clair, que M. Despréaux fe borne ici au fimple foupçon; & il faut convenir, que la vertu de Socrate n'a pas êté à couvert de la calomnie. Les mœurs des Grecs êtoient fi corrompues en ce tems-là, qu'ils ne purent voir l'amitié de Socrate pour Alcibiade fans y attacher un foup. çon de crime. Mais Platon fon difciple le juftifie pleinement dans quelques-uns de fes Dialo gues, fur tout dans celui qui eft intitulé le Banquet, où Alci. biade lui-même prend les Dieux à témoin, que l'amour de Socrate pour lui n'avoit jamais rien eu de criminel. BROSS. Puifque Platon a justifié pleinement SOCRATE, il s'enfuit que M. Defpréaux a rendu très-injuftement fa vertu fufpecte & douteufe: & c'eft ce que fon Com mentateur devoit remarquer. Du MONTEIL. Voiés le Boleana, Nombre XXVI. Ce qu'on y dit met M. Broffette à couvert du reproche injufte, que M. Du Monteil vient de lui faire. CHANG. Vers 154. & 156. Ee l'Auteur les tourna enfuite de cette autre manière. Le bien même, le bien au fond fut un péché. BROSS. Pour tirer l'homme enfin de ce defordre extrême, REMARQUES. VERS 18. Il fallut qu'ici-bas, Dieu, fait homme lui même.] Le deffein de l'Auteur eft de faire voir, qu'il n'y a de véritable vertu que dans la véritable Religion; & la principale preuve qu'il en donne, eft l'exemple de Socrate, le plus fage des Humains, fuivant le témoignage de l'Oracle. Car Socrate n'a pas laiffé d'être foupçonné de crime, & ce foupçon a fait tort à fa vertu dans l'opinion des hommes. M. Defpréaux difoit à ce propos, qu'il ne pouvoit trouver dans le Paganifme de plus grande Victime à immoler à JESUS-CHRIST, que Socrate, BROSs. VERS 164. L'eftropié marcha, &c.] Le mot d'eftropié est un ter me générique, qui convient également à ceux qui n'ont pas l'ufage de leurs bras, ou de leurs mains ; & à ceux qui font perclus des jambes. On en fit appercevoir nôtre Poëte, & il s'efforça de corriger cet endroit. 11 mit d'abord : Le foible devint fort; enfuite: Le muët discourut; mais ces changemens ne l'aïant pas contenté, il s'en tint à la pre mière expreflion. BROSS. Il eft clair, que cette négligence eft un effet de la vieillefte de l'Auteur. Dans la force de fon âge, il eut certainement trouvé de quoi remplacer une expreffion, qu'il fentoit lui-même être peu iufte. , au VERS 168. Prefres, Pharifiens, Rois, Pontifes, Docteurs.] Il y avoit d'abord Scribes lieu de Prêtres. On fit remarquer à M. Despréaux, qué Scri bes & Docteurs n'êtoient qua la même chofe. BROSS. Au tribunal humain le Dieu du ciel traîné, Et pour toi ton audace eut une trifte iffuë. On vit en mille endroits leurs honteufes ftatuës Et gemir vainement, Mars, Jupiter, Venus, Pour embaraffer l'homme en des nœuds plus fubtils Alors, pour feconder ta trifte phrenefię, 190 Arriva de l'Enfer ta fille l'Herefie, ་ Ce monftre, dés l'enfance à ton école inftruit, REMARQUES. VERS 178. Fut du Gange, & du Nil, & du Tage écoutée. ] Ces trois Fleuves font les plus fameux des trois Parties du Monde, l'Afie, l'Afrique & l'Europe: car l'Amerique n'êtoit pas encore connuë alors. BROSS. CHANG. Vers 182. & 184. Pour le plus bas ufage, &c. vils meubles devenus.] L'Auteur avoit mis au premier Vers: Pour le plus vil ufage; & au fecond: vains meubles devenus; mais ce mot vainsne formoit ici prefque aucun fens. Pour remédier à ce défaut, il emprunta de l'autre Vers le mot de vils,auquel il fubftitua celui de bas. BROSS. VERS 188. brouiller de nou veaux fils.] Expreffion proverbiale, pour dire: Caufer de nou veaux troubles. Bross, |