Page images
PDF
EPUB

peut

Mais il y a une autre objection plus impor tante & plus confiderable, qu'on me fera eftre au fujet des propofitions de Morale relafchée, que j'attaque dans la derniere partie de mon ouvrage. Car ces propofitions ayant efté, à ce qu'on pretend, avancées par quantité de Theologiens, mefme celebres, la moquerie que j'en fais, peut, dira-t'on, diffamer en quelque forte ces Theologiens, & causer ainsi une espece de fcandale dans l'Eglife. A cela je répons premierement, Qu'il n'y a aucune des propofitions que j'attaque, qui n'ait efté plus d'une fois condamnée par toute l'Eglife, & tout recemment encore par deux des plus grands Papes qui aient depuis long-temps rempli le Saint Siege. Je dis en fecond lieu, qu'à l'exemple de

REMARQUES.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

git dans les Ecoles. M. Despréaux,,fentiment, &tantoft d'un autre: dit lui-même, que c'est un pur jeu d'efprit. Ainfi c'eft une erreur de croire qu'il ait voulu dogmatifer, foit dans cet Ouvrage, foit dans fon Epitre de l'Amour de Dieu. Il n'époufoit férieufement nu parti à l'égard des matières, qui ne font point encore décidées. On en peut juger par ce qu'il m'en dit luimême dans une Lettre,qu'il m'écrivit le fept de Decembre 1703. & où il s'agit de la plus grande conteftation des Théologiens de ce fiécle. Pour ce qui regarde le Demêlé fur la Grace, ,, c'eft fur quoi je n'ay point, ,, pris parti, êtant tantoft d'un

[ocr errors]
[ocr errors]

,,

de forte que m'eftant quelquefois couché Janseniste tirant au Calviniste, je fuis tout étonné ,, que je me réveille Molinifle ap"" prochant du Pélagien. Ainfi fans condamner ni les uns ni les autres, je m'écrie avec S. PAUL: Altitudo fapientia! Mais après avoir quelquefois en moi-mefme traduit ces paroles par : 0 que Dieu eft fage! J'ajoûte aufli en mefme temps: O que les hommes font fous ! Je m'imagine que vous entendez bien pourquoi cette dernière exclamation, & que vous n'y comprenez pas un petit nombre de Volumes. BROSSETTE.

[ocr errors]

"

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

ces celebres Vicaires de JESUS-CHRIST, (6) je n'ai point nommé les Auteurs de ces propofitions, ni aucun de ces Theologiens dont on dit que je puis caufer la diffamation, & contre lefquels mefme j'avoue que je ne puis rien decider, puifque je n'ay point leu, ni ne fuis d'humeur à lire leurs écrits : ce qui feroit pourtant abfolument neceffaire pour prononcer fur les accufations que l'on forme contre eux, leurs accufateurs pouvant les avoir mal entendus, & s'eftre trompez dant l'intelligence des paffages où ils pretendent que font ces erreurs dont ils les accufent. Je foûtiens en troifieme lieu, qu'il eft contre la droite raison de penfer que je puiffe exciter quelque fcandale dans l'Eglife, en traitant de ridicules des propofitions rejettées de toute l'Eglife, & plus dignes encore, par leur abfurdité, d'estre fiflées de tous les Fideles, que refutées ferieusement. C'est ce que je me croi obligé de dire pour me juftifier. Que fi aprés cela il fe trouve encore quelques Theologiens qui fe figurent qu'en décriant ces pro

[ocr errors]

REMARQUES.

(6) Je n'ai point nommé les Auteurs de ces propofitions. ] L'Auteur, n'aïant pas voulu dans la partie de fon Ouvrage, où il attaque les Opinions de quelques Cafuifles condamnées par l'E

glife, fe fervir du privilége que la Satire a de nommer les Auteurs, qu'elle cenfure; il femble que fon exemple & fes intentions ont du fervir de regle à fon Commentateur, quoiqu'en dife

pofitions, j'ay eu en veuë de les décrier euxmefmes, je déclare que cette faulle idée qu'ils ont de moy, ne fçauroit venir que des mauvais artifices de l'Equivoque, qui, pour fe vanger des injures que je lui dis dans ma piece s'efforce d'intereffer dans fa cause ces Theologiens, en me faifant penfer ce que je n'ay pas penfé, & dire ce que je n'ay point dit.

[ocr errors]

Voilà, ce me femble, bien des paroles & peut-eftre trop de paroles emploiées pour juftifier un auffi peu confiderable ouvrage qu'eft la Satire qu'on va voir. Avant neanmoins que de finir, je ne crois pas me pouvoir difpenfer d'apprendre aux Lecteurs, qu'en attaquant comme je fais dans ma Satire, ces erreurs, je ne me fuis point fié à mes feules lumieres; mais qu'ainfi que je l'ay pratiqué, il y a environ dix ans à l'égard de mon Epitre De l'Amour de Dieu, j'ay non-feulement confulté fur mon ouvrage tout ce que je connois de plus habiles Docteurs, mais que je l'ay donné à examiner au Prelat de l'E

,

REMARQUES.

M. Du Monteil, qui a fait une Note fur la Remarque précédente, qui eft toute de M. Eroffette, à la réserve de quelques mots, que j'ai cru devoir changer dans la dernière phrafe du premier

alinea, pour donner un fens à ce qui n'en avoit point. Bien loin donc de penfer comme M. Du Monteil, & d'accufer M. Froffette d'avoir ufé par tout de déguisement dans fes Remarques

glife qui, par l'eftenduë de fes connoiffances & par l'éminence de fa dignité, est le plus capable & le plus en droit de me prefcrire ce que je dois penfer fur ces matieres, je veux dire M. le Cardinal de NOAILLES, mon Archevefque. J'ajoûterai, que ce pieux & fçavant Cardinal a eu trois femaines ma Satire entre les mains, & qu'à mes inftantes prieres, aprés l'avoir leue & releuë plus d'une fois, il me l'a enfin renduë, en me comblant d'éloges, & m'a affuré qu'il n'y avoit trouvé à redire qu'un feul mot que j'ay corrigé fur le champ, & fur lequel je lui ay donné une entiere fatisfaction. Je me flate donc qu'avec une approbation fi authentique, fi feure, & fi glorieuse, je puis marcher la tefte levée dire hardiment des Critiques qu'on pourra faire deformais contre la doctrine de mon ouvrage, que ce ne fçauroient eftre que de vaines fubtilitez d'un tas de miferables Sophiftes formez dans l'Ecole du Menfonge, & auffi affidez amis de l'Equivoque,

REMARQUES.

fur la XII. Satire, je pense qu'il s'eft conduit très-fagement; & je ne puis que condamner le foin que fon Cenfeur a pris de nous étaler, dans environ une trentaine de Notes, non feulement

[ocr errors]

&

les noms des Théologiens, dont Mr. Despréaux fronde quelques propofitions, mais les propofitions elles-même, qui font ici d'autant plus inutiles, que le Poëte a pris foin de nous apprendre

qu'opiniâtres ennemis de Dieu, du bon Sens & de la Verité.

REMARQUES.

par le Vers 32. qu'il avoit puifé dans des fources très-connues, & qu'il nous a par là mis en

êtat de recourir aux mêmes fources, au moment que l'envie nous en prendroit,

« PreviousContinue »