Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

520 Et que

[ocr errors]

sis Qui s'occupent du bien en tous temps, en tout lieu.

J'en sçais Une cherie & du Monde & de Dieu ,
Humble dans les grandeurs, sage dans la fortune;
Qui gemit , comme Esther , de sa gloire importunę :
Que le Vice lui-mesme est contraint d'estimer,

sur ce tableau d'abord tu vas nommer.
Mais pour quelques vertus fi pures, fi finceres,
Combien y trouve-t'on d'impudentes Faussaires,
Qui sous un vain dehors d'austere pieté,

De leurs crimes secrets cherchent i impunite,
525 Et couvrent de Dieu mesme empraint sur leur visage

De leurs honteux plaisirs l'affreux libertinage ?
N'atten pas qu'à tes yeux j'aille ici l'étaler.
Il vaut mieux le souffrir

que

de le dévoiler.
De leurs galans exploits les Bussis , les Brantômes
530 Pourroient avec plaisir te compiler des tômes :

Mais pour moy dont le front trop aisément rougit ,
Ma bouche a déja peur de t'en avoir trop

dit.
Rien n'égale en fureur, en monstrueux caprices,

Une fausse Vertu qui s'abandonne aux vices. 535

De ces Femmes pourtant l'hypocrite noirceur
Au moins pour un Mari garde quelque douceur.

>

R E M. A Rev E s.

[ocr errors]

VERS 516. J'en sçais Une , &c.] Vies des Dames Galantes de fon Madame de MAINTENON , Fran- tems. çoise d’Aubigné,

VERS 531, Mais pour moy dont VERS $29.

les Bulis , les le front trop aisément rougit. ] On Brantómes.] Le Comte de Bullie le surnommoit Le chaste Def Rabutin est Auteur de l'Hilloire préaux. La pureté de ses mæurs amoureuse des Gaules. On trouve & de ses écrits , lui a yalu cer dans les Mémoires de Brantôme les éloge,

a

[ocr errors]

:

par

[ocr errors]

Je les aime encor mieux qu'une Bigotte altiere ,
Qui dans son fol orgueil, aveugle , & sans lumiere

A peine sur le seüil de la devotion, $40

Pense atteindre au sommet de la perfection :
Qui du soin qu'elle prend de me gesner sans cesse ,
Va quatre fois mois se vanter à confesse :
Et les yeux vers le Ciel , pour se le faire ouvrir,

Offre à Dieu les tourmens qu'elle me fait souffrir. $45 Sur cent pieux devoirs aux Saints elle est égale.

Elle lit Rodriguez, fait l'oraison mentale,
Va pour les malheureux quester dans les maisons ,
Hante les hospitaux , visite les prisons,

Tous les jours à l'Eglise entend jusqu'à six Messes. 550 Mais de combattre en elle , & domter ses foiblesses,

Sur le fard, sur le jeu vaincre sa paflion,
Mettre un frein à fon luxe , à son ambition,
Et Coûmettre l'orgueil de son esprit rebelle :

C'est ce qu'en vain le Ciel voudroit exiger d'elle. $55 Et peut-il, dira-t'elle, en effet l'exiger;

Elle a fon Directeur, c'est à lui d'en juger.
Il faut , sans differer sçavoir ce qu'il en pense.
Bon! vers nous à propos je le vois qui s'avance,

[ocr errors]
[ocr errors]

a

REMARQUES.

VERS 546. Elle lit Rodriguez, qui sont dans cette Satire, c'est à &c.]. Le Traité de la perfection celui du Directeur que nôtre PoëChresliienne du Père Alphonse Ron te donnoit la préférence. Quoidriguez, Jésuite Espagnol est très- que ce portrait soit aflés général, eftimé. L'Abbé Regnier-Desmarais, l'Auteur n'a pas laisle d'avoir un Secretaire perpetuel de l'Acadé. objet particulier. C'êtoit M. H, mie Françoise, en a fait une ex- grand Dire&teur de Femmes. Il cellente Í radu tion.

eroit tel qu'on le réprésente ici : VERS 858. je le vois qui frais, vermeil, plein de santé : ş'avance. ] De tous les caractères cependant il se plaignoit colla

[ocr errors]

Qu'il paroist bien nourri! Quel vermillon, quel teint ! 560 Le Printemps dans sa fleur sur son visage est peint.

Cependant, à l'entendre, il se soûtient à peine.
Il eut encor hier la fiévre & la migraine :
Et sans les promts secours qu'on prit soin d'apporter ,

Il seroit sur son lit peur-eftre à tremblotter.
Sos Mais de tous les Mortels, grace aux devotes Ames,

Nul n'est fi bien soigné qu'un Directeur de Femmes.
Quelque leger dégoust vient-il le travailler ?
Une froide vapeur le fait-elle bailler?

Un Escadron coëffé d'abord court à son aide.
570 L'une chauffe un bouillon, l'autre appreste un remede.

Chez luy syrops exquis, ratafias vantés,
Confitures sur tout volent de tous coités :
Car de tous mets sucrez , secs, en paste, ou liquides,

Les estomachs devots toûjours furent avides : 575 Le premier masse pain pour eux, je croy, Et le premier citron à Rouen fut confit.

Nostre Docteur bien-toft va lever tous ses doutes, Du Paradis pour elle il applanit les routes ;

[ocr errors]

fe fit,

[ocr errors]

jours de quelque indisposition. vinrent à Paris les citrons conIl alloit souvent chés Madame fits dans les Illes Françoises de B.... sa Pénitente , qui logeoit l'Amérique. C'est de-là qu'ils près du Palais dans le voisinage ont pris le nom de Citrons de de nôtre Poëte. Cette Dame de. Rouen, qu'ils conservent encore, vote & sa Fille, recevoient leur parce que nous en recevons toucher Dire&teur avec un respect jours beaucoup par cette Ville. infini , & lui rendoient les soins Il en vient aussi par Nantes & les plus empressés.

par Bordeaux. VERS 576. Et le premier citron VERS 577. Nostre Docteur bienà Rouen fut confit. ) Les plus ex. tot , &c.] Ce Vers & les suiquis citrons confits se font à yans y compris le Vers 608. ne Roiien. Desp.

regardent personne en particu. Ce fut d'abord par Rouen que lier, ils n'attaquent que la Mo.

Tome 1.

Et loin sur ses défauts de la mortifier, 580 Lui-melne prend le soin de la justifier.

Pourquoy vous alarmer d'une vaine censure ?
Du rouge qu'on vous voit on s'étonne, on murmure,
Mais a-t’on, dira-t'il , sujet de s'étonner ?

Est-ce qu'à faire peur on veut vous condamner? 585 Aux usages receus il faut qu'on s'accommode,

Une Femme sur tout doit tribut à la Mode.
L'orgueil brille, dit-on, sur vos pompeux habits :
L'ail à peine soutient l'éclat de vos rubis.

Dieu veut-il qu'on étale un luxe fi profane?
590 Oui, lorsqu'à l'étaler notre rang nous condamne.

Mais ce grand jeu chez vous comment l'autorizer ?
Le jeu fut de tout temps permis pour s'amuzer.
On ne peut pas toûjours travailler, prier , lire:

Il vaut mieux s'occuper à joiier qu'à médire. 595 Le plus grand jeu joué dans cette intention,

Peut mesme devenir une bonne action.
Tout est fanctifié par une ame pieuse.
Vous estes, poursuit-on, avide, ambitieuse,

Sans cesse vous brûlez de voir tout vos parens 600 Engloutir à la Cour Charges, Dignitez, Rangs.

Voltre bon naturel en cela pour-Eux brille.
Dieu ne nous

défend

point d'aimer notre famille :

R E MARQv E s.

rale accommodante des faux le Jeu. Nôtre Poëte prenoit Directeurs en général.

souvent la liberté de les cenVERS 594. Il vaut mieux s'oc. surer ; & Mademoiselle B.... cuper d joiter qu'à médire. ) Les lui disoit, pour se vanger de deux Dévotes, dont on vient ses cailleries , qu'il valoit mieux de parler , aimoieur beaucoup jouer que médire,

[ocr errors]
[ocr errors]

D'ailleurs tous vos parens sont sages , vertueux,

Il est bon d'empescher ces emplois fastueux
605 D'estre donnez peut-estre à des Ames mondaines,

Eprises du neant des vanitez humaines.
Laissez-là, croyez moi, gronder les indevors,
Et sur vostre salut demeurez en repos.

Sur tous ces points douteux c'est ainsi qu'il prononce. 610 Alors croyant d'un Ange entendre la réponse,

Sa Devote s'incline, & calmant son esprit,
A cet ordre d'enhaut sans replique souscrit.
Ainsi pleine d'erreurs, qu'elle croit legitimes,

Sa tranquille vertu conserve tous ses crimes :
615 Dans un caur tous les jours nourri du Sacrement

Maintient la vanité, l'orgueil , l’entestement,
Et croit que devant Dieu ses frequens facriléges
Sont pour entrer au Ciel d'assurez priviléges.

Voilà le digne fruit des soins de fon Docteur. 620 Encore est-ce beaucoup, fi ce Guide imposteur,

Par les chemins fleuris d'un charmant Quiétisme
Tout à coup l'amenant au vrai Molinozisine,

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

VERS 620. & 623. Encore est- mence le Vers 623. n'est que la ce beaucoup, s ce Guide imposteur, répétition de ce Nominatif, faite &c. Il ne lui fait bien-tolt , &c.] fans nécessité. Ce qui dans Les deux Vers , qui séparent le toutes les Langues, pèche con620, & le 623. empêchent qu'on tre les Regles de la Syntaxe. ne s'apperçoive au premier coup Cette Remarque est de M. Des d'ail d'une faute contre la Syn. Forges Maillart dans sa Lettre

qui se trouve dans cette sur l'Imitation , &c, à M. le PréPhrase. Mais en rapprochant les fident Bouhier, deux Vers , que l'on cite ici ,

- au vrai Moliest aisé de voir que ce Guide 'im- nozisme. ] Le Quiétisme fut intro. posteur est le Nominatif de toute duit à Rome par Miguel Molinos, La Phrase ; & qu'il, qui com- Prêtre Espagnol , & célèbre Dis

il VERS 622.

taxe

« PreviousContinue »