La Satire en leçons, en nouveautez fertile, Et d'un vers qu'elle épure aux rayons du bon fens, Et fouvent fans rien craindre, à l'aide d'un bon mot, Va venger la Raifon des attentats d'un Sot. 275 C'eft ainfi que Lucile, appuyé de Lélie, Fit juftice en fon tems des Cotins d'Italie, Et qu'Horace, jettant le fel à pleines mains, Se jouoit aux dépens des Pelletiers Romains. C'est elle, qui m'ouvrant le chemin qu'il faut suivre, 280 M'inspira dès quinze ans la haine d'un fot Livre, Et fur ce Mont fameux, où j'ofay la chercher, & m'apprit à marcher. Fortifia mes pas, C'est pour elle, en un mot, que j'ai fait vœu d'écrire. REMARQUES. CHANG. Vers 270. Détromper les Elprits, &c.] On lit, Détrompe, dans toutes les Editions qui ont êté faites avant l'Edition po. fthume de 1713. VERS 275. C'est ainsi que Lusile, &c.] Poëte Latin Satiri que. DESP. · Lélie ] Conful Romain. DESP. Lucilius, inventeur du Poëme appellé Satire, êtoit fort ami de Scipion l'Africain & de Lélius. IMIT. Ibid. C'est ainsi que Lu. cile, &c.] Perfe, Sat. I. v. 114. Secuit Lucilius Urbem, Te Lupe, te Muti, & genuinum fregit in illis. IMIT. Vers 284. Toutefois, s'il le faut, je veux bien m'en dédig 285 Et pour calmer enfin tous ces flots d'Ennemis, Perrin..... Bon: mon Esprit, courage, poursuivez REMARQUES. re, &c.] Cet endroit eft imité de Perfe, qui dit Sat. I. Vers 110. Hoc juvat? TIER. Voïés Difcours au Roi,v.54. Nicolas Perrot d'Ablancourt, célèbre par les Traductions qu'il a données êtoit de l'Académie Françoife, & mourut en 1664. Olivier Patru, de l'Académie Françoise, a êté un des plus célèbres Avocats du Parlement de Paris. Nôtre Poëte a joint ici ces deux illuftres Ecrivains Ablancourt & Patru; parce qu'ils êtoient unis d'une étroite amitié. VERS 291. Cotin à fes Sermons, &c.] Voïés Sat. III. vers 60. VERS 293. & 294. Saufal, Perrin.] Auteurs médiocres. Desp. Sur Saufal, c'est-à-dire, Sauvalle. Voïés Sat. VII. v. 40. Sur Perrin, Ibid. v. 43. Yous Vous les verrez bien-toft, féconds en impoftures, 300 Amaffer contre vous des volumes d'injures, Traiter en vos écrits chaque vers d'attentat, Et d'un mot innocent faire un crime d'Etat. Vous aurez beau vanter le Roi dans vos Ouvrages Et de ce nom facré sanctifier vos pages. 305 Qui méprife Cotin, n'eftime point fon Roi, Et n'a, felon Cotin, ni Dieu, ni foi, ni loi. Mais quoi? répondrez-vous: Cotin nous peut-il nuire ? Et par fes cris enfin que fçauroit-il produire? Interdire à mes vers, dont peut-eftre il fait cas, 310 L'entrée aux penfions, où je ne prétens pas ? Non, pour louer un Roi que tout l'Univers loiie, Ma langue n'attend point que l'argent la dénoüe ; REMARQUES. VERS 302. Et d'un mot innocent fait un crime d'Etat. ] COTIN, dans un de fes Ecrits, m'accufoit d'être criminel de leze-majefté divine & humaine. DESP. M. le Duc de Montaufier avoit auffi voulu faire un crime d'Etat à nôtre Satirique, de ce qu'il avoit traité ce Siècle, de Siécle de fer, dans la Satire I. M. PéLiJon piqué contre l'Auteur, vouloit infinuer que, dans le Vers 224. de cette Satire IX. Midas, le Roi Midas, &c. M. Defpréaux avoit eu à l'égard du Roi, le même deflein, que Perfe avoit eu contre Néron dans ce Vers: Auriculas Afini Mida Rex habet; deffein extrèmement éloigné de la penfée de nôtre Auteur. VERS 306. Et n'a, felon Cotin, ni Dieu, ni foi, ni loi] L'Ouvrage de Cotin, que l'Auteur a en vue dans cet endroit, eft la Critique défintéressée des Satires du temps. VERS 307. Cotin nous peutil nuire?] Voici la neuviéme fois que le nom de Cotin se préfente dans cette Satire. Les ainis de nôtre Auteur craignirent que cette fréquente répétition ne parut affectée, & ne déplût aux Lecteurs. Il faut voir, dit-il : Je confens d'ôter tout ce qui fera de trop. On s'affembla, on lut la Satire entière; mais on trouva par tout le nom de Cotin si bien placé, qu'on ne crut pas qu'il y eût aucun de ces endroits qui dût être retranché. VERS 310. L'entrée aux penfions, où je ne prétens pas. ] LE Roi donnoit des Penfions aux Gens de Lettres; & Cotin êtoit un des Penfionnaires. Et fans efperer rien de mes foibles écrits, L'honneur de le louer m'eft un trop digne prix. 315 On me verra toûjours, fage dans mes caprices, De ce mefme pinceau, dont j'ai noirci les vices, Et peint, du nom d'Auteur tant de Sots revêtus, Lui marquer mon respect & tracer ses vertus. Je vous croi, mais pourtant on crie, on vous menace. 320 Je crains peu, direz-vous, les braves du Parnaffe. Hé, mon Dieu, craignez tout d'un Auteur en courroux, REMARQUES. IMIT. Vers 322. Qui peut. caie fait avec lui-même au com- Sifle labrum. Quare? Cupies tacuiffe. Tacendum eft, Le véritable nom de Merlin êtoit de Mantouë, & mourut en 1643. 163 AVERTISSEMENT SUR LA X. SATIRE. VOICI enfin la * Satire qu'on me demande depuis fi long-temps. Si j'ai tant tardé à la mettre au jour, c'eft que j'ai efté bienaise qu'elle ne paruft qu'avec la nouvelle édition qu'on faifoit de mon Livre, où je voulois qu'elle fuft inférée. Plufieurs de mes Amis, à qui je l'ai leuë, en ont parlé dans le monde avec de grands éloges, & ont publié que c'eftoit la meilleure de mes Satires. Ils ne m'ont pas en cela fait plaifir. Je connois le Public. Je fçay que naturellement il fe revolte contre les louanges outrées qu'on donne REMARQUES. M. DESPRE AUX avoit formé le deflein de faire une Sat. contre les Femmes long temps avant que de l'exécuter. Mais il avoit en quelque forte abandonné la Poëfie, lorfqu'il avoit êté chargé d'écrire l'Hiftoire du Roi. Ce fut le Poëme de M. Perrault, intitulé: le Siècle de Louis le Grand, & fon Parallèle des Anciens & des Modernes, qui ra menèrent M, Delpréaux à la Poës |