La Satire ne fert qu'à rendre un Fat illustre. 200 C'est une ombre au tableau qui lui donne du luftre. En les blâmant enfin j'ai dit ce que j'en croy, 205 Et, tel, qui m'en reprend, en pense autant que moy. Il eft vrai, s'il m'euft creu, qu'il n'euft point fait de vers. Voilà ce que l'on dit. Et que dis-je autre chose? En blâmant fes Ecrits, ai-je d'un ftile affreux 210 Distilé sur sa vie un venin dangereux ? Ma Muse en l'attaquant, charitable & discrette, 215 Qu'il foit doux, complaifant, officieux, fincere: Mais que pour un modele on montre fes écrits, Quand un Livre au Palais fe vend & fe debite, REMARQUES. VERS 218. Qu'il foit le mieux renté de tous les beaux Efprits.] CHAPELAIN avoit de divers endroits 8000. livres de penfion. DESP. Le Roi lui donnoit une penfion de 1000. écus, & M. le Duc de Longueville une de 4000. francs, à caufe du Poëme de la Pucelle d'Orleans. VERS 222. J'irai creufer la terre &comme ce Barbier, &c.] Midas, Roi de Phrygie, poflédoit de grands tréfors: ce qui a donné lieu aux Poëtes de feindre que ce Prince changeoit en or, tout ce qu'il touchoit. Mais il avoit très peu d'efprit. Apollon & Pan s'étant défiés à chanter le prirent pour Juge. Il aju. P. Men' mutire nefas, , quam. Midas. Ce gea la préférence à Pan. Apol fit dans la terre un creux, tout haut: Midas a des oreilles d'Alne.. IMIT. Ibid. J'irai creufer la terre, &c.] Perfe, Satire I. Vers 119. nec clam, nec cum fcrobe? A. Nus P. Hic tamen infodiam, vidi, vidi ipfe, libelle : VERS 124. Midas, le Roi Mi- teur un crime d'Etat de ce Vers comme d'une maligne allufion au Roi. Voïés le Bolaana. Que Bilaine l'étale au deuxième Pilier : Le Public revolté s'obftine à l'admirer. 235 Mais lorsque Chapelain met une œuvre en lumiere, Qu'il s'en prenne à fa Muse Allemande en François. REMARQUES. VERS 229. Que Bilaine, &c.] Louis Bilaine avoit fa bouti- VERS 231. En vain contre le, M. Corneille aïant fait répré- reçut lui attira bien des Envieux, Leur parti fe trouva même fortifié par le Cardinal de Richelieu, qui força l'Académie Françoise à faire la Critique de cette Pièce. Cette Critique fut imprimée en 1637. fous le titre de Sentimens de l'Académie Françoife fur le Cid. VERS 236. -lui devient un Liniere. ] Auteur qui a écrit contre Chapelain. DESP. Avant que la Pucelle parut, il l'attaqua par cette Epigramme : Nous attendons de Chapelain, La Cabale en dit force bien : , Au fujet de Linière Voies pitre V. & celle fur le Vers 104. la Remarque fur le Vers 8. de l'Edu II. Chant de l'Art Poëtique. La Satire, dit-on, eft un métier funefte, Qui plaift à quelques gens, & choque tout le refte. 245 La fuite en eft à craindre. En ce hardi métier La peur plus d'une fois fit repentir Regnier. Quittez ces vains plaifirs, dont l'appas vous abufe: 250 Et fur quoi donc faut-il que s'exercent mes vers? REMARQUES. IMIT. Vers 243. La Satire dit-on, eft un métier funefte, &c.] Nôtre Auteur a bien enchéri fur ce que La Frefnaie Vauque lin dit dans la II. Satire de fon I. Livre. C'est un malheur que des Satires faire : Car on ne peut à toutes gens complaire. VERS 246. La peur plus d'une fois fit repentir Regnier. Et moi auffi, difoit quelquefois l'Au teur. Mathurin Regnier, né à Chartres le 21. de Decembre 1573. & mort à Rouen le 21. d'Octobre 1613. êtoit neveu de Philippe Desportes. La tradition à Chartres eft, qu'étant encore fort jeune, il fit des Vers contre diverfes per fonnes, qui lui attirèrent beaucoup d'ennemis. Ce qui força fon Père à l'en châtier fouvent. Il lui recommandoit ou d'imiter fon oncle & de fuir la médifance, ou de ne point écrire. VERS 249. Et laissez à Feuillet réformer l'Univers. ] Fameux Prédicateur fort outré dans fes Prédications. DESP. Nicolas Feuillet, Chanoine de faint Cloud & célèbre Miffionnaire, s'êtoit mis en poffeffion de reprendre très-librement les premières perfonnes de la Cour de leurs déreglemens. On lui a fait l'application de ce Verfet du Pfeaume CXVIII. Loquebar de teftimoniis tuis in confpetu Regum, & non confundebar. Il mourut à Paris le 7. de Septembre 1693. âgé de 71. ans. On a fon Portrait admirablement gravé par Edelinck. VERS 251. Irai-je dans une Ode en phrases de Malherbe, &c.] Charles Du Périer, Poëte qui vivoit alors, faifoit des Odes Francoifes, dans lefquelles il affectoir d'imiter Malherbe, & mêrne d'en copier les expreffions. Il avoit abandonné la Poëfie Latine dans laquelle il réudiffoit fort bien. 255 Ei paffant du Jourdain les ondes alarmées, Cueillir, mal-à-propos, les Palmes Idumées ? Viendrai-je, en une Eglogue, entouré de troupeaux. Au milieu de Paris enfler mes chalumeaux, Et dans mon cabinet affis au pied des heftres, 260 Faire dire aux échos des fottifes champestres ? Faudra-t'il de fens froid, & fans eftre amoureux Pour quelque Iris en l'air, faire le langoureux; Lui prodiguer les noms de Soleil & d'Aurore, Et toûjours bien mangeant mourir par métaphore à 265 Je laisse aux Doucereux ce langage affeté, Où s'endort un efprit de molleffe hébeté. REMARQUES. VERS 256. les Palmes Idumées. L'Idumée eft une Province voifine de la Judée, abondante en Palmiers. IMIT. Vers 261, Fandra-t-il de fens froid fans eftre amoureux, &c.] Il femble que dans ce Vers & les trois qui fuivent, nôtre Auteur fe foit propofe de rendre la penfée de Saint-Ge niez, natif d'Avignon, dont les Poëfies parurent à Paris in-4°. en 1654. chés Courbé. Il dit dans fon Idille III. intitulée: Enterpes five De Re Poetica; |