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C'EST à vous , mon Esprit , à qui je veux parler,
Vous avez des defauts que je ne puis celer.
Assez & trop long-temps ma lâche complaisance,

De vos jeux criminels a nourri l'insolence.
S Mais puisque vous poussez ma patience à bout ,
Une fois en ma vie il faut vous dire tout.

On croiroit à vous voir , dans vos libres caprices,
Discourir en Caron des vertus & des vices,

REM AR DU E S.

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VERS I.
C'est d vous

mon Ef. II. Liv. d'Horace, prit, &c. ] Cette Satire est en- VERS 7. On croiroit d vous tièrement dans le goût d'Horace, voir , &c.] Ce Vers & les trois & d'un Homme qui se fait son suivans , qui délignent les Sariprocez à soi-mesme

» pour le

res précédentes, particulièrement faire à tous les autres, DESP. la huitiéme , furent ajoûtés par

Cette Pièce est toute de l'in- l'Auteur : quand il voulut faire vention de l'Auteur , quant à imprimer cette Satire, qu'il avoit l'exécution ; mais on ne sau. faite avant la huitiéme. Il y

; roit douter , qu'il n'en ait pris avoit auparavant : Vous croyez l'idée , aussi-bien que de sa lepe çu'd couvert des traits de la Satire, tiéme Satire, de la première du Vous avez tout pouvoir , &c.

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Décider du merite & du prix des Auteurs , 10 Et faire impunément la leçon aux Docteurs,

Qu'estant seul à couvert des traits de la Satire,
Vous avez tout pouvoir de parler & d'écrire.
Mais moi , qui dans le fond sçais bien ce que j'en crois ,

Qui compte tous les jours vos defauts par mes doigts,
Is Je ris, quand je vous vois , fi foible & fi sterile,

Prendre sur vous le soin de reformer la Ville ,
Dans vos discours chagrins plus aigre, & plus mordant
Qu'une Femme en furie , ou Gautier en plaidant.

Mais répondez un peu. Quelle verve indiscrete, 20 Sans l'aveu des neuf Sæurs, vous a rendu Poëte?

Sentiez vous, dites-moi , ces violens transports,
Qui d'un esprit divin font mouvoir les ressorts?
Qui vous a pû souffler une fi folle audace ?

Phébus a-t'il pour vous applani le Parnasse ?
25 Et ne sçavez vous pas , que sur ce Mont sacré ,

Qui ne vôle au sommet tombe au plus bas degré :

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REMARQUES,

VERS 18. ou Gautier en réfléchi , ne font que de foibles plaidant. ] Avocat celebre & copies de leurs originaux. Il lotrès-mordant. DES P.

geoit dans la Cour du Palais , & Claude Gautier , êtoit surnom- mourut le 16. de Septembre mé au Palais , Gautier la Gueule. 1666. âgé de soixante & leize Quand un Plaidenr vouloit in: ans. timider sa partie, il la menaçoit VERS 21. Sentiez-vous, &c.] de lui lacher Gautier. Son éloquen. Dans les dernières Editions de ce n'étoit point reglée ; c'étoit l'an 1701, faites in.4o. & in-12. des faillies & des impétuosités l’Imprimeur mis : Sentez.vous ; fort inégales. Son feu s'êteignoit mais c'est une faute. même dans le repos , & il avoit IMIT. Vers 26. Qui ne vôle au besoin d'être animé par l'ađion. Sommet tombe au plus bas degré. ] De-là vient que ses Plaidoïers Horace dit dans son Art Poëti, imprimés , sur lesquels il avoit que , Vers 378.

Si paulùm à fummo disceßit, vergit ad imum,

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Et qu'à moins d'estre au rang d'Horace , ou de Voiture, On rampe dans la fange avec l'Abbé de Pure?

Que si tous mes efforts ne peuvent reprimer 30 Cet ascendant malin , qui vous force à rimer i

R E M A Rev E s.

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VERS 28. On rampe dans la malin , qui vous force d rimer. ] fange avec l'Abbé de Pure. ] Voïés Ce Vers & les douze suivans Satire II. Vers 17.

sont imités d'Horace Liv. II. IMIT. Vers 30, Cet ascendant Sat, 1. Vers 10.

Aut si tantus amor scribendi te rapit, aude
Cæfaris in vieti res dicere multa laborum
Præmia laturus. Cupidum , Pater optime , vires
Deficiunt , neque enim quivis horrentia pilis
Agmina , nec fractå pereuntes cuspide Gallos ,

Aut labentis equo defcribat vulnera Parthi.
La Fresnaie V auquelin, dont on d'Horace, qu'il tourne à la louan-
a parlé ci-devant à la tête de la ge du Roi Henri III. Liyre 1,
Sarire VII, a imité cet endroit Satire II.

Et si tu lens ton ame tant ardante
Après les vers;

d'une plume sçavante
Ose un ouvrage admirable tenter :
On les exploits de nojlre Roy chanter :

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Et pour mon Roy la force me defaut :
Car tout chacun n'a pas le cæur si haut
Que de chanter d'un tel preux les vaillances :
Ni de fon Camp tout herifé de lances
Les grands efforts , dont furent affaillis
Ses ennemis : ni les grands chamaillis
Des combatans , ni les cris effroyables
Des Alemans o Reitres redoutables
Tombants au choc de nos braves lanciers,
Et sous le hurt de nos rudes piquiers ,
Encouragez par la haute présence
De nostre Roy quasi des fon enfance :
Tant qu'à la fin revenu de l'Etour

France il rendit paisible à Moncontour. Le stile de La Fresnaie Vauquelin „doit estre, dit-il , d'un stile est par-tout le même & confor. ,, limple & bas,

imitant & me à l'idée , qu'il s'êroit formée réprésentant les choses natu. de celui de la Satire ; laquelle , relles, d'autant qu'il doit luf

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Sans perdre en vains discours tout le fruit de vos veilles ;
Ofez chanter du Roi les augustes merveilles.
Là, mettant à profit vos caprices divers,

Vous verriez tous les ans fructifier vos vers; 35 Et par l'espoir du gain vostre Muse animée ,

Vendroit au poids de l'or une once de fumée.
Mais envain, direz-vous, je pense vous tenter
Par l'éclat d'un fardeau trop pesant à porter.

Tout Chantre ne peut pas, sur le ton d'un Orphée , 40 Entonner en grands vers , la Discorde étouffée,

Peindre Bellone en feu tonnant de toutes parts,
Et le Belge effrayé fuiant sur sesramparts.
Sur un ton si hardi , sans estre temeraire,
Racan pourroit chanter au defaut d'un Homere,

RE MARQUE S.
fire au Satyrique de reprendre „, mun d'entre un ou deux devi-
,, ouvertement & sans artifice, „lants ensemble ,,.

les fautes & les vanitez d'au- On peut voir par ces échantil. », truy. C'est pourquoy ceux-là lons & par ce qu'on aura dans la

ne meritent de louange, qui suite occasion de rapporter de », cfcrivant des Satyres, usent ce Poëte, qu'il ne lui a manqué „ d'un stile trop élevé.. La que d'être né dans un tems,

Satyre ne demande que la ve- la Langue fut plus parfaite, & » rité simple & nue , & des pa- le Goût plus épuré. Seroit-il né

roles du cru du pays de celuy ceflaire d'avertir que dans ce 2, qui escrit sans s'élever ni ra- qu'on vient de lire le moc bas baifler trop en son propos. n'est pas emploié dans l'accepTelle est la maniere d'efcrire tion , où nous le prenons au.

d'Horace entre les Satyriques, jourd'hui, mais dans la lignih,, avec des vers li naïfs & libas, cation , que les Rhéteurs Latins , que bien souvent il n'y a point donnent au terme humilis. ,, autre différence entre eux & VERE 42. Et le Belge effrayé,&c.]

la prose , que la mesure & la Cette Sutire a esté faite dans le

quantité ; desorte qu’à grand temps que le Roi prit Lille en », peine ils semblent meriter le Flandres & plulieurs autres Vila » nom de Poësie. Aussi il a com- les. DES P. ,, pris ses Satyres sous le nom de Ce fut pendant la Campagne Sermons , pris du mot Latin de 1667.

qui n'est autre chose VERS 44. Racan pourroit chansi que le devis familier & cum. ter , &65.] Honorat de Beuil, Mar..

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رو

ou

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Sermo

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.

45 Mais pour Cotin & moi , qui rimons au hazard,

Que l'amour de blâmer fit Poëtes par art;
Quoi qu'un tas de grimauds vạnte nostre éloquence,
Le plus seur est pour nous de garder le silence.

Un Poëme insipide , & fortement flatteur,
So Deshonnore à la foi le Heros & l'Auteur.

Enfin de tels projers passent noftre foiblesse.
Ainsi parle un Esprit languissant de molleffe,
Qui, sous l'humble dehors d'un respect affecté,

Cache le noir venin de fa malignité.
35 Mais deussiez-vous en l'air voir vos aîles fonduës,

Ne valoit-il pas mieux vous perdre dans les nuës ,
Que d'aller sans raison, d'un stile peu Chrestien,
Faire insulte en rimant à qui ne vous dit rien,

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R E MARQUE S.

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quis de Racan, Poëte estimé. Il que l'Abbé Cotin avoit faites étoit de l'Académie Françoise, contre nôtre Auteur. Voïés Sa& mourut en 1670.

tire III. Vers 60. VERS

42. Mais pour Cotin e IMIT. Ibid, Alais pour Cotin moi , &c.] Allusion aux Satires moi , &c. ) Juvénal, Sat, I. v. 79.

Si natura negat , facit indignatio versum ,

Qualemcumque potest , quales ego , vel Cluvienus. IMIT. Vers 56. Ne valoit-il pas &c. ] Horace , Livre second , Sao mieux vous perdre dans les nues, tire I. Vers 21.

Quanto re&tius hoc, quàm trislilædere versus

Pantolabum scurram , Nomentanumque nepotem.
Ce que La Fresnaie Vauquelin, quels, comme dans tous ses Ou.
Livre premier , Satire deuxiéme vrages, il dit , attacher , pour
send par ces Ver's , dans les- attaquer.

Mais tu me dis, combien mieux ferois-tu
De nostre Roy d'escrire la vertu ,
Que d'attacher par sornettes piquantes
D'un Courtisan les rencontres plaisantes,
Ou d'inn Chiquot , naturel plaisanteur ?
Cull'ari mefcbant de quelque fin fiateur.

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