C'eft ainfi qu'à fon fils un Ufurier habile Trace vers la richeffe une route facile : Et fouvent tel y vient, qui fçait pour tout secret, REMARQUES. C'eft de lui que la Bruyère a dit, difformes; ou s'il a de la laideur, L'argent dans le ménage a certaine fplendeur, VERS 214. Cing & quatre font neuf, ôtez deux, refie fept. ] Ce Vers eft remarquable en ce qu'il contient les deux premières regles de l'Arithmétique, qui font, Addition & la Soustraction. Dans les premières Editions il y avoit, Cinq & quatre font neuf; & dans un autre Vers qui a êté retranché de la Satire I. Prêche que trois font trois. Mais il faut toûjours dire; Cing & quatre font neuf, Dix & cinq font quinze &c. BROSSETTE. Le Commentateur ne devoit pas prononcer fi décisivement. On dit auffi-bien felon l'Ufage, & peut-être beaucoup mieux fe lon la Regle; Cing & quatre font neuf,Trois font trois;& rien n'êtoit moins néceffaire que le change. ment, que le Poëte a fait ici. Et prenant deformais un emploi falutaire, Mets-toi chez un Banquier ou bien chez un Notaire : 230 Et conclus avec moi, qu'un Docteur n'eft qu'un fot. Si tous ces vains confeils, loin de la reprimer, REMARQUES. VERS 229. Laiffe là faint Tho-cueil qu'il ne l'aille choquer.] Après mas s'accorder avec Scot.] Les ce Vers, le Poëte avoit deffein difputes des Thomiftes & des Sco- de rimer cette penfée. Que ditifles font fameufes dans les Eco- rois-tu, Docteur, d'un homme qui les. Jean Duns (Scotus), vulgaire- feroit au milieu d'un bois pendant ment appellé Scot , parce qu'il l'obscurité de la nuit ; & qui aïant êtoit Ecoffois, fut furnommé le un flambeau pour s'éclairer, ne laifDocteur Subtil, Ses opinions font feroit pas de s'écarter du chemin fouvent oppofées à celles de S. pour s'aller jetter dans des préciThomas. pices? Il est à plaindre, dirois VERS 238. Il ne voit point d'é tu: Il a perdu l'efprit, & demain dès l'aurore V. 60. VERS 239. Et que fert à Cotin la raifon qui lui crie. ] Il avoit écrit contre moi & contre Molière. Ce qui donna occafion à Molière de faire les Femmes Sça Tous les jours de fes vers, qu'à grand bruit il recite, Et dans tout ce qu'il fait, n'a ni raison ni sens. REMARQUES. vantes & d'y tourner Cotin en IMIT. Vers 244. Il met chez lui Voifins, Parens, Amis en fui- fugat recitator acerbus. CHANG. Vers 258. Défait, refait, augmente, &c.] Première manière, ôte, augmente & détruit. Horace, I. Ep. 1. vers 100. Diruit, adificat, mutat quadrata rotundis. VERS 261. 262. Plus de douze attroupex craindre le nombre im pair, Ou croire qu'un corbeau les menace dans l'air.] Bien des gens Jamais l'Homme, dis-moi, vit-il la Befte folle 265 Lui venir, comme au Dieu des faifons & des vents, croyent que lorfqu'on fe trouve chofe de finiftre. DES P. CHANG. Ibid. Au lieu des deux Vers que l'on a à préfent ici, il y avoit dans les premières Editions: De Fantomes en l'air combattre leurs defirs, Et de vains argumens chicaner leurs plaifirs. Le fens de ces deux Vers êtant un peu libertins, M. Arnaud le Docteur, donna le confeil à M. Defpréaux de les changer. Il leur fubftitua ceux qui font ici, lefquels ne tombent que fur des fuperftitions frivoles & populaires. VERS 267. l'homme hypocondre. ] PRAPON dans fes Remarques fur toutes les Oeuvres du fieur D*** & Defmarêts dans fa Deffenfe du Poëme Héroïque, Dialogue III. ont critiqué cette expreffion. Il fuffira de raporter ici les paroles de Defmarêts. C'eft fort mal parler (dit un des In terlocuteurs de fes Dialogues) ,, que de dire, l'homme hypocon2, dre, pout dire, hypocondriaque; ,, car s'il (M. Despréaux ) est fi favant en Grec comme il veut ,, qu'on le croie, il doit favoir », que le mot hypocondre ne fignifie pas l'homme malade, mais la partie malade, ou pluftôt la rate & les entrailles, qui font contenues dans cette partie du ventre, qu'on appelle les bypocondres, Il doit parler دو ., comme les Savans & non " locuteur ajoute :,, Cela est inep,, te, de dire, l'homme hypocondre. C'eft comme qui diroit, un homme poumon, pour dire, pulmonique " Si cette Critique offroit quelque ombre de vérité dans le tems que Defmareis l'écrivoit, elle eft aujourd'hui totalement fauffe. L'Usage a décidé qu'hypocondriaque ne s'emploieroit qu'au fens propre, pour fignifier une perfonne malade des hypocondres; & qu'il refteroit terme d'art & de l'apanage de la Médecine. Le même Ufage veut auffi qu'au fens figuré l'on dife, un hypocondre, en parlant d'un Fow mélancolique, d'un Atrabilaire, C'eft ainfi que ce mot s'emploie tous les jours dans la converfation, & qu'il s'y emploïoit apparemment déja, lorfque nôtre Auteur compofa cette Satire. Nous avons une Comédie fatirique faite A vû dans un pays les timides Mortels 270 Trembler aux pieds d'un Singe affis fur leurs autels ; Et fur les bords du Nil les peuples imbecilles, L'encenfoir à la main, chercher les Crocodiles. Mais pourquoi, diras-tu, cet exemple odieux; Que peut fervir ici l'Egypte & fes faux Dieux? 275 Quoi? me prouverez-vous par ce difcours profane, Que l'Homme, qu'un Docteur eft au deffous d'un Afne? Un Afne, le jouet de tous les animaux, Un ftupide animal fujet à mille maux; Dont le nom feul en foi comprend une satire? 280 Oui d'un Afne : & qu'a-t'il qui nous excite à rire? Nous nous moquons de lui; mais s'il pouvoit un jour, Docteur, fur nos defauts s'exprimer à son tour : Si pour nous reformer le Ciel prudent & sage, De la parole enfin lui permettoit l'ufage : REMARQUES. contre Molière, dans un tems exemple dans La Fontaine, Fab. XVIII. Liv. II. Son hypocondre de mari. IMIT. Vers 269. A vû dans un pays les timides Mortels, &c.] Ce Vers & les trois fuivans font imités de Juvenal, qui commence ainfi fa XV. Satire. Qui nefcit, Volufi Bithinice, qualia demens des Oeuvres de nôtre Auteur, |