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de l'ouest. Exhortons l'ouest à les articuler avec modération, mais avec une inébranlable persévérance. Recommandons par-dessus tout aux départements de l'ouest de se tenir étroitement unis pour réclamer ce qui leur est dû, ce à quoi le trésor peut suffire; car le succès d'une requête aussi juste ne sera pas douteux, lorsque les populations des quarante-trois départements de l'ouest la présenteront avec une imposante unanimité. Qu'ils s'entendent pour imposer silence à de mesquins intérêts de petite ville; qu'ils demandent avec une imperturbable insistance la canalisation générale de l'ouest, et ils obtiendront infailliblement cette satisfaction à laquelle ils ont un droit -sacré. Cinquante départements sont plus certains, de réussir lorsqu'ils s'accordent à vouloir une dépense de trois cents millions, que ne peuvent l'être trois ou quatre ou même dix départements qui sollicitent une allocation de trente millions ou de quarante.

II.

CONDITIONS AUXQUELLES DOIT SATISFAIRE UN SYSTÈME DE TRAVAUX DE NAVIGATION DANS LA FRANCE DE L'OUEST.

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Il faut dans l'ouest une grande artère du nord au sud, sans solution de continuité. - Service des villes les plus peuplées et les plus industrieuses. - Nécessité d'une communication avec Paris. - Liaison avec les canaux et les rivières canalisées qui actuellement existent dans l'ouest; canaux de Bretagne, canalisation du Lot. Embranchements dirigés vers les ports, vers les principales villes, vers les mines de houille et autres grands foyers de production. — Jonction avec les lignes de l'est. — D'une certaine condition imposée par une saine économie publique. Métropoles industrielles à créer dans l'intérieur; Toulouse, Angers et Limoges, pris pour exemple.

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Il est urgent d'employer les loisirs de la paix et du calme intérieur à élever les quarante-trois départements de l'ouest au niveau de ceux de l'est, sans, encore un coup, négliger ceux-ci. Et à quel meilleur usage pourrait-on appliquer les ressources que la condition florissante de nos finances laisse disponibles? Quel plus sûr moyen d'enraciner la liberté en France, que d'en associer la cause à celle du progrès matériel que tous appellent de leurs vœux? Quoi de mieux à faire dans l'intérêt de l'ordre que d'effacer des inégalités choquantes contre lesquelles les populations seraient maintenant promptes à protester, et que d'anéantir des sujets de mécontentement qui pourraient devenir

formidables! Car nos griefs politiques d'avant 1830 et nos inquiétudes profondes de 1851 et 1832, du 5 juin et d'avril, de Lyon et de la Vendée, ont cessé d'exister; et les imaginations françaises, libres désormais de ce qui jusqu'ici les avait tenues absorbées, mais toujours empressées à se préoccuper, semblent aujourd'hui dans l'attente ou mème en quête de quelques nouveaux transports. N'oublions pas qu'hier encore, pour quelques pieds de plus ou de moins dans l'élévation du tablier d'un pont suspendu, l'une des permières villes du royaume, notre premier port de l'Océan, s'est vu sur le point de recommencer le scandale des émeu

tes.

Quoi de plus opportun et de plus sage enfin que de prouver aux plus incrédules que la dynastie de juillet, qui a su clore l'abîme des révolutions que l'impéritie de la restauration était parvenue à rouvrir, a puissance aussi de réparer toutes les erreurs et toutes les injustices des gouvernements ses devanciers! C'est par là, c'est en étendant ainsi ses bienfaits sur toutes les classes et sur tous les coins du territoire, qu'elle s'assurera à jamais son titre de nationale.

Mais s'il est aisé de démontrer que l'ouest n'a point obtenu ce qu'il était fondé à attendre, il ne l'est pas autant d'indiquer les moyens de rendre à l'ouest bonne et prompte justice. Pour que l'ouest pût faire valoir ses droits avec cette unanimité qui est le gage du succès, il faudrait qu'il fût d'accord sur le système des canaux à exécuter chez lui. Pour que l'administration et les Chambres donnent pleinement à l'ouest la satisfaction qu'ils n'ont certainement point la pensée de lui

refuser, il faut que, du dédale des pétitions présentées par les diverses localités en faveur d'une myriade de lignes navigables, l'on parvienne à extraire un système de travaux qui soit propre à satisfaire aux intérêts de l'ouest tout entier, sans avoir une étendue démesurée et sans exiger de la part des départements intéressés une trop longue patience, de la part du trésor des sacrifices trop grands. Or, c'est un problème d'une complication peu commune que de tracer, en s'imposant les deux clauses d'une dépense et d'un développement comparativement limités, un plan de naviga tion de nature à donner le branle aux progrès matériels dans cette belle moitié de la France, qui s'appuie sur les Pyrénées, de Bayonne à Perpignan, et se termine sur la Manche, des îles d'Ouessant au Havre; et pourtant il y aurait imprudence à voter de nouveaux travaux de navigation dans l'ouest avant d'avoir résolu ce problème, au moins dans son expression générale.

Il existe dans l'est, avons-nous dit, plusieurs grandes voies navigables qui le traversent du nord au midi et qui unissent la Méditerranée à la Manche et à la mer du Nord. Provisoirement au moins, et même dans l'intérêt bien entendu de l'ouest, il ne convient pas de songer à doter ces provinces occidentales, jusqu'ici déshéritées, de plus d'une artère qui les traverse de la Manche aux Pyrénées, sauf cependant à y souder des ramifications qui, d'espace en espace, la quitteraient pour se jeter tantôt à droite, tantôt à gauche. Mais quelle est donc cette artère qu'il serait si urgent d'ouvrir dans les départements de l'ouest d'une extrémité à l'autre de la France? Quels sont les points privilé

giés par où elle devrait passer? Par quels embranchements y rattacher les principaux centres d'agriculture, d'industrie manufacturière et de commerce intérieur ou extérieur?

Pour arriver à une solution, il est indispensable de tenir compte à la fois des nombreuses explorations plus ou moins complètes faites par nos savants ingénieurs, et que l'administration continue tous les jours avec activité; des projets des compagnies, qui ont le plus frappé l'attention publique; des plans en faveur desquels se sont le plus chaudement prononcés et l'instinct des populations, et la haute sagacité des habiles administrateurs et des hommes d'État qui, depuis Sully, et même auparavant, dès François Ier, ont consacré leurs réflexions au moins à la canalisation du territoire. Il ne suffirait pourtant pas de combiner tous ces éléments, sans en négliger aucun. Pour déterminer les traits les plus essentiels d'un système qui, une fois étendu sur l'ouest, eût la puissance de la métamorphoser, il faudrait en outre satisfaire à un assez grand nombre de conditions d'administration et d'économie publique.

Voici, par exemple, une série de conditions que doit remplir le réseau des voies navigables à creuser dans l'ouest.

1o Traverser l'ouest tout entier, du nord au sud, par une grande ligne, en ne négligeant aucune des provinces, en se tenant autant que possible au milieu des districts agricoles les plus fertiles, sans pour cela présenter aucun détour exagéré. Cette ligne mère devrait être exempte des moindres solutions de continuité;

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