Les caractères: ou, Les moeurs de ce siècle : suivis du discours à l'Académie et de la traduction de Théophraste

Front Cover
Morizot, 1864 - Character sketches - 488 pages

From inside the book

Other editions - View all

Common terms and phrases

Popular passages

Page 3 - Tout est dit : et l'on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu'il ya des hommes, et qui pensent. Sur ce qui concerne les mœurs, le plus beau et le meilleur est enlevé : l'on ne fait que glaner après les anciens et les habiles d'entre les modernes.
Page xvii - Entre toutes les différentes expressions qui peuvent rendre une seule de nos pensées, il n'y en a qu'une qui soit la bonne. On ne la rencontre pas toujours en parlant ou en écrivant; il est vrai néanmoins qu'elle existe, que tout ce qui ne l'est point est foible, et ne satisfait point un homme d'esprit qui veut se faire entendre.
Page 12 - ... nouveauté et semblent être faits seulement pour l'usage où elles les mettent. Il n'appartient qu'à elles de faire lire dans un seul mot tout un sentiment et de rendre délicatement une pensée qui est délicate; elles ont un enchaînement de discours inimitable, qui se suit naturellement et qui n'est lié que par le sens. Si les femmes étaient toujours correctes, j'oserais dire que les lettres de quelques-unes d'entre elles seraient peut-être ce que *nous avons dans notre langue de mieux...
Page 116 - ... tempéré, la situation en est riante, un bois sacré l'ombrage du côté du couchant ; les dieux de Syrie qui habitent quelquefois la terre, n'y auraient pu choisir une plus belle demeure; la campagne autour est couverte d'hommes qui taillent et qui coupent, qui vont et qui viennent, qui roulent ou qui charrient le bois...
Page 118 - Phédon a les yeux creux, le teint échauffé, le corps sec et le visage maigre ; il dort peu, et d'un sommeil fort léger ; il est *abstrait, rêveur, et il a avec de l'esprit l'air d'un stupide : il oublie de dire ce qu'il sait, ou de parler d'événements qui lui sont connus ; et s'il le fait quelquefois, il s'en tire mal, il...
Page 130 - Le bel et le judicieux usage, que celui qui, préférant une sorte d'effronterie aux bienséances et à la pudeur, expose une femme d'une seule nuit sur un lit comme sur un théâtre , pour y faire pendant quelques jours un ridicule personnage, et la livre en cet état à la curiosité des gens de l'un et de l'autre sexe, qui, connus ou inconnus, accourent de toute une ville à ce spectacle pendant qu'il dure ! Que manque-t-il à une telle coutume , pour être entièrement bizarre et incompréhensible...
Page 19 - Corneille nous assujettit à ses caractères et à ses idées , Racine se conforme aux nôtres : celui-là peint les hommes comme ils devraient être , celui-ci les peint tels qu'ils sont.
Page 11 - ... politique , qui ont tenté vainement de le détruire ; il a réuni en sa faveur des esprits toujours partagés d'opinions et de sentiments, les grands et le peuple : ils s'accordent tous à le savoir de mémoire , et à prévenir au théâtre les acteurs qui le récitent. Le Cid enfin est l'un des plus beaux poèmes que l'on puisse faire ; et l'une des meilleures critiques qui aient été faites sur aucun sujet, est celle du Cid.
Page 310 - La théorie en est obscure, les principes vagues, incertains, et qui approchent du visionnaire ; mais il ya des faits embarrassants, affirmés par des hommes graves qui les ont vus ou qui les ont appris de personnes qui leur ressemblent. Les admettre tous ou les nier tous paraît un égal inconvénient, et j'ose dire qu'en cela, comme dans toutes les choses extraordinaires et qui sortent des communes règles, il ya un parti à trouver entre les âmes crédules et les esprits forts.
Page 189 - Quand vous voyez quelquefois un nombreux troupeau qui , répandu sur une colline vers le déclin d'un beau jour, paît tranquillement le thym et le serpolet, ou qui broute dans une prairie une herbe menue et tendre qui a échappé à la faux du moissonneur, le berger soigneux et attentif est debout auprès de ses brebis; il ne les perd pas de vue, il les suit...

Bibliographic information