Page images
PDF
EPUB

4

bon? n'y a-t-il rien de nouveau ? Et continuant de l'interroger: Quoi donc! n'y a-t-il aucune nouvelle'? cependant il y a des choses étonnantes à raconter. Et sans lui donner le loisir de lui répondre : Que dites-vous done? poursuit-il; n'avez-vous rien entendu par la ville? je vois bien que vous ne savez rien, et que je vais vous régaler de grandes nouveautés. Alors, ou c'est un soldat, ou le fils d'Astée le joueur de flûte 2 ou Lycon l'ingénieur, tous gens qui arrivent fraîchement de l'armée, de qui il sait toutes choses; car il allègue pour témoins de ce qu'il avance des hommes obcurs qu'on ne peut trouver pour le convaincre de fausseté : il assure donc que ces personnes lui ont dit que le roi et Polysperchon ont gagné la bataille, et que Cassandre, leur ennemi, est tombé vif entre leurs mains . Et lorsque quelqu'un lui dit: Mais en vérité cela est-il croyable? il lui réplique que cette nouvelle se crie et se répand par toute la ville, que tous s'accordent à dire la même chose, que c'est tout ce qui se raconte du combat, et qu'il y a eu un grand carnage. Il ajoute qu'il a lu cet événement sur le visage de ceux qui gouvernent'; qu'il y a un homme caché chez l'un de ces magistrats depuis cinq jours, qui revient de la Macédoine, qui a tout vu, et qui lui a tout dit. Ensuite, interrompant le fil de sa narration: Que pensez-vous de ce succès? demande-t-il à ceux qui l'écoutent pauvre Cassandre! malheureux

[ocr errors]

'Littéralement : « Et il l'interrompra en lui demandant: Comment! on ne dit

>> donc rien de plus nouveau? »

2

L'usage de la flute, très-ancien dans les troupes. (La Bruyère.)

Le grec porte: « Qui arrivent de la bataille mème. »

'M. Coray croit qu'il faut traduire : « car il a soin de choisir des autorités

» que personne ne puisse récuser. »

Aridée, frère d'Alexandre le Grand. (La Bruyère.)

6

Capitaine du même Alexandre. (La Bruyère.)

7

C'était un faux bruit; et Cassandre, fils d'Antipater, disputant à Aridée et à Polysperchon la tutelle des enfants d'Alexandre, avait eu de l'avantage sur eux.

(La Bruyère.)

* Littéralement : « Que le bruit s'en est répandu dans toute la ville, qu'il prend

>> de la consistance, que tout s'accorde, et que tout le monde donne les mêmes » détails sur le combat. »

"Le texte ajoute: « Qui en sont tout changés. >>

10

Au lieu de « Ensuite, etc., » le grec porte: « Et, ce qui est à peine

prince s'écrie-t-il d'une manière touchante: voyez ce que c'est que la fortune! car enfin Cassandre était puissant, et il avait avec lui de grandes forces. Ce que je vous dis, poursuit-il, est un secret qu'il faut garder pour vous seul; pendant qu'il court par la ville le débiter à qui le veut entendre. Je vous avoue que ces diseurs de nouvelles me donnent de l'admiration', et que je ne conçois pas quelle est la fin qu'ils se proposent; car, pour ne rien dire de la bassesse qu'il y a à toujours mentir, je ne vois pas qu'ils puissent recueillir le moindre fruit de cette pratique; au contraire, il est arrivé à quelques-uns de se laisser voler leurs habits dans un bain public, pendant qu'ils ne songeaient qu'à rassembler autour d'eux une foule de peuple, et à lui conter des nouvelles. Quelques autres, après avoir vaincu sur mer et sur terre dans le Portique 2, ont payé l'amende pour n'avoir point comparu à une cause appelée. Enfin il s'en est trouvé qui, le jour même qu'ils ont pris une ville, du moins par leurs beaux discours, ont manqué de dîner. Je ne crois pas qu'il y ait rien de si misérable que la condition de ces personnes: car quelle est la boutique, quel est le portique, quel est l'endroit d'un marché public où ils ne passent tout le jour à rendre sourds ceux qui les écoutent, ou à les fatiguer par leurs mensonges?

>>croyable, en racontant tout cela, il fait les lamentations les plus naturelles et » les plus persuasives. >>

1 « M'étonnent. >>

2 Voy. le chap. de la Flatterie. (La Bruyère,) chap. II.

[graphic][ocr errors][merged small]
« PreviousContinue »