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Chap. III. ORATORICAL DELIVERY, Section I. OF THE VOICE.

les formes, tout est nouveau pour moi. Je vais parler une langue étrangère; et l'unique grâce que je vous demande, c'est d'être attentifs à mes raisons plutôt qu'à mes paroles; car votre devoir est de discerner la justice, le mien de vous dire la vérité.

"On me reproche de ne pas honorer les divinités d'Athènes, cependant j'ai souvent offert des sacrifices dans ma maison, souvent aussi j'en ai offert pendant les fêtes, sur les autels publics, j'ai fréquenté les temples, &c. tout le monde en a été témoin, et Melitus lui-même, s'il a daigné y faire attention. On prétend que je corromps la jeunesse d'Athènes: qu'on cite donc un de mes disciples que j'aie entraîné dans le vice. J'en vois plusieurs dans cette assemblée, qu'ils se lèvent, qu'ils déposent contre leur corrupteur. S'ils sont retenus par un reste de considération, d'où vient que leurs pères, leurs frères, leurs parents, n'invoquent pas dans ce moment la sévérité des lois d'où vient que Mélitus a négligé leur témoignage? C'est que loin de me poursuivre, ils sont eux-mêmes accourus à ma défense."-BARTHELEMY, Voyage du Jeune Anacharsis, Défence de Socrate.

"En voyant l'Angleterre, en secret il admire

Le changement heureux de ce puissant empire,
Où l'éternel abus de tant de sages lois

Fit long-temps le malheur et du peuple et des rois.
Sur ce sanglant théâtre où cent héros périrent,
Sur ce trône glissant où cent rois descendirent,
Une femme à ses piés enchaînant les destins,
De l'éclat de son règne étonnait les humains.
C'était Elizabeth; elle dont la prudence
De l'Europe à son choix fit pencher la balance,
Et fit aimer son joug à l'Anglais indompté,
Que ne peut ni servir, ni vivre en liberté.

Ses peuples sous son règne ont oublié leurs pertes;
De leurs troupeaux féconds, leurs plaines sont couvertes,
Les guérets de leurs bleds, les mers de leurs vaisseaux.
Ils sont craints sur la terre, ils sont rois sur les eaux.
Leur flotte impérieuse asservissant Neptune,
Des bouts de l'univers appelle la fortune.
Londres jadis barbare est le centre des arts,
Le magasin du monde, et le temple de Mars.

Chap. III. ORATORICAL DELIVERY, Section I. OF THE VOICE.

Aux murs de Wesminster on voit paraître ensemble
Trois pouvoirs étonnés du nœud qui les rassemble,
Les députés du peuple, et les grands, et le roi,
Divisés d'intérêt, réunis par la loi ;

Tous trois membres sacrés de ce corps invincible;
Dangereux à lui-même, à ses voisins terrible.
Heureux, lorsque le peuple, instruit dans son devoir,
Respecte, autant qu'il doit, le souverain pouvoir !
Plus heureux, lorsqu'un roi, doux, sage et politique,
Respecte, autant qu'il doit, la liberté publique !
Ah! s'écria, Bourbon, quand pourront les Français
Réunir comme vous la gloire avec la paix?
Quel exemple pour vous, monarques de la terre!
Une femme a fermé les portes de la guerre ;
Et renvoyant chez vous la discorde et l'horreur
D'un peuple qui l'adore elle a fait le bonheur."

VOLTAIRE, Henriade, Chant.

VII.-COMBINED EXERCISES ON RHETORICAL PAUSES, INFLECTIONS, AND EMPHASIS.

The learner will make use of the following four signs in the course of the following exercise; 1st, Rising Inflection'; 2d, Falling Inflection; 3d, Pause; 4th, Emphasis The first three signs are to be put between words, but the last under them.

Example.

"Grand Dieu! | dont la seule présence soutient la nature', [ et maintient l'harmonie des lois de l'univers'; | vous qui, | du trône immobile de l'empirée', | voyez rouler sous vos pieds | les sphères célestes' sans choc et sans confusion'; | qui, | du sein du repos, reproduisez à chaque instant | leurs mouvements immenses, et seul régissez, dans une paix profonde', ce nombre infini de cieux et de mondes: | rendez, | rendez, | enfin le calme | à la terre agitée': | qu'elle soit dans le si! | qu'à votre voix', | la discorde et la guerre' | cessent

lence!

Chap. III. ORATORICAL DELIVERY, Section I. OF THE VOICE. de faire retentir | leurs clameurs orgueilleuses! | Dieu de bonté, auteur de tous les êtres, vos regards paternels' embrassent tous les objets de la création'; mais l'homme est votre être de choix'; | vous avez éclairé son âme' | d'un rayon de votre lumière immortelle`; | comblez vos bienfaits`, | en pénétrant son cœur' | d'un trait de votre amour': ce sentiment divin❘ se répandant partout', | réunira les natures ennemies."-BUFFON, Invocation à l'Auteur de la Nature.

Exercise in Prose.

"L'ambition le rend donc malheureux; mais de plus, elle l'avilit et le dégrade. Que de bassesse pour parvenir ! il faut paraître, non pas tel qu'on est, mais tel qu'on nous souhaite. Bassesse d'adulation; on encense et on adore l'idole, qu'on méprise bassesse de lâcheté ; il faut savoir essuyer des dégoûts, dévorer des rebuts, et les recevoir presque comme des grâces bassesse de dissimulation; point des entiments à soi, et ne penser que d'après les autres: bassesse de déréglement ; devenir les complices, et peut-être les ministres des passions de ceux de qui nous dépendons et entrer en part de leurs désordres, pour participer plus sûrement à leur grâces: enfin, bassesse même d'hypocrisie; emprunter quelquefois les apparences de la piété ; jouer l'homme de bien pour parvenir : et faire servir à l'ambition, la réligion même qui la condamne. Ce n'est point là une peinture imaginée; ce sont les mœurs des Cours, et l'histoire de la plupart de ceux qui y vivent." -MASSILLON, Petit Carême, Tentations des Grands, l'Ambition.

Exercise in Poetry.

"EGISTHE. J'en atteste le ciel ; il sait mon innocence. Aux bords de la Pamise, en un temple sacré,

Où l'un de vos aïeux, Hercule, est adoré,

J'osais prier pour vous ce Dieu vengeur des crimes:
Je ne pouvais offrir ni présents, ni victimes;
Né dans la pauvreté j'offrais de simples vœux,
Un cœur pur et soumis présent des malheureux.

Chap. III. ORATORICAL DELIVERY, Section I. OF THE VOICE.

Il semblait que le Dieu touché de mon hommage
Au-dessus de moi-même élevât mon courage.
Deux inconnus armés m'ont abordé soudain,
L'un dans la fleur des ans, l'autre vers son déclin.
Quel est donc, m'ont-ils dit, le dessein qui te guide?
Et quels vœux formes-tu pour la race d'Alcide?
L'un et l'autre à ces mots ont levé le poignard?
Le ciel m'a secouru dans ce triste hasard.
Cette main du plus jeune a puni la furie ;
Percé de coups, madame, il est tombé sans vie :
L'autre a fui lâchement, tel qu'un vil assassin.
Et moi, je l'avouerai, de mon sort incertain,
Ignorant de quel sang j'avais rougi la terre,
Craignant d'être puni d'un meurtre involontaire,
J'ai traîné dans les flots ce corps ensanglanté.
Je fuyais, vos soldats m'ont bientôt arrêté :
Ils ont nommé Mérope et j'ai rendu les armes."
VOLTAIRE, Mérope.

SECTION II.-GESTURE.

GESTURE is the expression of ideas by the motions of the body. The ancients possessed this elegant talent to such a degree, that it was difficult to say which was most expressive, a speech expressed by the voice, or by gesture. It appears that the famous Roscius did not scruple to challenge Cicero, to express his ideas, by means of his vocal powers, with more perspicuity and rapidity than the former could do by his gestures. This need not be wondered at, if we reflect on the close connection existing between the affections of the mind and the motions of the body.

Gesture, considered as the exclusive property of the orator, is the natural companion of the voice, and its numerous propensities consist in all the attitudes that are required to represent the different meanings of a speech. The chief parts of the body used to express the ideas of the mind, are the head, the arms, and the hands.

Chap. III. ORATORICAL DELIVERY, Section II. OF THE GESTURE.

The head, says Quintilian,* occupies the first rank in gesture, as it does in the body. It ought to be held upright, and in a natural position. The passions are wonderfully well expressed by the different motions of the head, provided they be not too frequent. When the head is raised, it expresses admiration, pride, and self-love; when turned on either side, whether right or left, it expresses fear, indignation, refusal, and disdain; when a little inclined, it expresses compassion, solicitation, and expectation; when firm and immoveable, affirmation, exhortation, and threats.

The part of the head which is the most active and impressive, is the face, on which the passions are so clearly delineated, that the most eloquent discourse cannot convey so much to the heart, as the features denoting love, hatred, joy, fear, pride, humility do, when distinctly pourtrayed on it.

But the face, says Quintilian again,t has a part which predominates over all the rest,-it is the eyes. They may be called the mirror of the soul. The eloquent power of this acute sense is such, that without the least motion of the body, all the different passions agitating the mind are depicted in an unequivocal

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Præcipuum vero in actione, sicut in corpore ipso, caput est, cum ad illum, de quo dixi, decorem, tum etiam ad significationem decoris." -QUINT. Inst. Ora. lib. xi. c. 3.

Translation.

Or comme la tête tient le premier rang entre les parties du corps, aussi le tient-elle dans l'action, contribuant plus qu'aucune autre, et à la grâce dont j'ai parlé, et aux autres agréments de la prononciation. -L'ABBÉ GEDOYN.

"Sed in ipso vultu plurimum valent oculi per quos maxime animus emanat, ut citra motum quoque, et hilaritate enitescant, et tristitia quoddam nubilum ducant."-QUINT. Inst. Ora. Lib. xi. c. 3. Translation.

Mais le visage a lui-même une partie dominante, qui sont les yeux. C'est par eux surtout que notre âme se manifeste, jusque là que, sans même qu'on les remue, la joie les rend vifs, et la tristesse les couvre comme d'un nuage.-L'ABBÉ GEDOYN.

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