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au milieu d'une pompe inouïe, dont un chroniqueur nous a conservé les détails surprenants.

L'église des Frères Prêcheurs était décorée luxueusement avec des draps d'or. Deux mille cinquante et une torches furent consumées; dix évêques, huit cents prêtres, quatre cents clercs, le corps presque entier de la noblesse béarnaise et fuxéenne, de nombreux délégués de la Guyenne et du Languedoc se pressaient à ces Honneurs. Le Comte était décédé deux ans avant et selon l'usage béarnais on célébrait las Haunous', qui donnaient lieu à fête religieuse et à fête profane. L'une fut aussi remarquable que l'autre, car, au repas servi, dans le château de Moncade, il fut consommé trente boeufs, cent moutons, deux cents poules, cinquante chevreaux et bu vingtcinq pipes de vin. « Il faut ajouter, dit M. Flourac, pour justifier dans une certaine mesure cette abondance peut-être exagérée, que des tables, dressées dans les cours du château, furent, pendant une journée entière, mises à la disposition de tous. »><

VII. RAMON DE GAYROSSE

Il succède à son frère Jean, en 1428, et prête son hommage à Jean Ier, comte de Foix, vicomte souverain de Béarn 2.

Le 5 janvier 1432, les états de Béarn, Marsan et Gavardan, se réunissent au château de Pau, pour délibérer sur la nature des relations à établir entre ces pays et les possessions anglaises de la Guyenne. Ramon de Gayrosse figure parmi les barons qui, avec tous les représentants des trois états des trois pays, prirent la résolution énergique, formulée dans les termes suivants, qui ne permettent pas de douter de leur patriotisme et de leur fidélité au Prince: «et edz a la deffention et conservation de las diites terres et de sa honor et senhorie, are per lasbetz et lasbetz per are, se presentaven et offeriven de meter cors et

1.- Les honneurs d'Archambaud. Document inédit du xve siècle publié et traduit par V. Lespy. Auch, imp. Foix, 1860. Voir aussi, L. Flourac, Jean Jer, p. 44. Archambaud était mort au commencement de l'année 1412. Arch. Dép., E. 321.

2.

bees aixi cum bous et leyaus omes deven et son tenguts de far a lor bon senhor1».

VIII. JEAN OU JOANNOT GAYROSSE

Il figure à la prestation de serment de Gaston X, comte de Foix, seigneur de Béarn, le 12 juillet 1436, sous le prénom de Joannot de Gayrossa.

La cérémonie eut lieu dans le réfectoire des Frères Prêcheurs d'Orthez. Dans les rangs du clergé, qui siège avant les barons, on voit Arnaud-Guilhem de Gayrosse, abbé de Larreule, à côté de << Mossen Pées, per la gracia de Diu Evesque d'Albani, Cardinal de Foux, administradour perpetual de l'Eglisia de Lascar; lo Reverend Pay en Diu Mossen André Evesque d'Oloron, et Mossen Joan de La Salle abbat de Sauvelade 2 ».

Les barons de Béarn sont au nombre de neuf.

Le 20 juillet 1436, il donne quittance d'une somme de 300 fr. à Espan du Lion, chevalier, troisième du nom, seigneur de Viane, et Viellesegure, abbé Lay d'Orthez, gouverneur des bois et forêts de Béarn. Cette somme avait été empruntée au baron de Gayrosse, par « feu noble et puissant homme Span (ou Espan) du Lion, père du chevalier 3 ».

Plus tard, le 17 août 1443, nous retrouvons En Johan de Gayrosse prenant part, dans le même célèbre réfectoire des Frères Prêcheurs d'Orthez, à la session de la Cour Majour, qui rédigea la fameuse sentence contre les Blasphémateurs, sentence qui se bornait à des peines fiscales et au pilori avec fers et ceps. Le 20 janvier 1455, « Mgr Gaston, par la grâce de

1.

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Arch. Dép., E. 322, et Flourac, Jean Ier, p. 291-295.

2. Compilation d'aucuns priviledges et réglamens du Pays de Béarn. A Orthez, Ch. Jacques Rouger, 1676, p. 3.

3. De Cauna: Armorial des Landes, t. III, p. 304.

4.

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Fors de Béarn, adjonctions VII. Rubrique des Blasphémateurs, édit. Mazure, pages 277-279. « Asso fo feyt en lo reffector deus frays predicadors d'Ortes, lo xvII jorns deu mes d'agost, l'an м II XLIII; les testimonis son desso lo mot haud et puxant senhor, Mossen Gaston, per la gracie de Diu, conte de Foix, vescompte de Béarn; los nobles Mossen

Dieu, comte de Foix, seigneur de Béarn et comte de Bigorre, de Castelbon, de Marsan, de Gavardan, seigneur et vicomte de Narbonne et Villemur, et captal du Buc », prête serment, à Pau, de tenir et observer les privilèges du Béarn, ajoutant que, s'il faisait autrement, « degun officier ni autre deu present Pays no sie tengut obedir ». Et parmi les témoins de cet engagement solennel figure, au milieu des barons de Béarn, « Joan seigneur de Gayrosse, seneschal de Béarn1».

En 1443, il soumet à la Cour Majour un différend avec Bou-garber, au sujet de la propriété des Landes 2, et, en 1472, il est imposé comme devant servir le vicomte à la guerre, pour sa personne et celle de deux archers3.

Il s'était marié en 1462 avec Marie de Luxe. Les témoins de son mariage étaient Bertrand, seigneur de Viella; ArnaudGuilhem, seigneur de Domezain; Archambaud de Samadet, juge de Béarn; Perarnaud de Larrandart, prieur de Harambels; Olivier, abbé de Barcus *.

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Il figure dans la séance des Etats qui furent réunis, à Pau, pour se prononcer sur le choix qui devait être fait parmi les prétendants à la main de Catherine, sœur de François Phoebus.

Ce prince, reconnu par les Etats comme souverain de Béarn le 24 novembre 1482, était mort le 29 janvier 1483.

Johan de Cramalh, senhor de Navalhas; Mossen Johan, senhor d'Andonhs; En Mathieu, senhor de Lascun; Mossen Ramon, senhor de Gerderest; En Johan de Béarn, senhor de Miussentz; En Pée, senhor d'Arros; En Johan de Gayrosse, judges de la dite cort. »

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4.

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Arch. Dép., E. 1768. A cette même époque, un mariage assez extraordinaire avait lieu dans la famille de Gayrosse: Marguerite, fille d'Arnaud Guilhem, abbé de Lareule, était mariée à Arnaud, fils de Louis, seigneur de Jasses. L'épouse avait 5 ans ; l'époux n'en avait guère plus. Marguerite procédait du consentement de sa tante Miramonde de Gayrosse. Chacune des parties affirment être consentes à ce que le mariage ait lieu quand elles seront en âge voulu « apres biengudes a estat parfyet ». Ibidem, E. 1767, f. 38.

Madeleine de France, sa mère, veuve du prince de Viane, fils de Gaston XII, se trouva fort embarrassée pour arrêter le choix de l'époux à donner à sa fille, qui recueillait la succession royale de François Phoebus. Les princes les plus puissants de France et de l'étranger aspiraient à la couronne de Navarre en même temps qu'à la main de Catherine.

Les Etats, réunis à Pau le 16 février 1483, optèrent pour Jean d'Albret, le candidat préféré du roi de France, Charles VIII. La princesse était tout enfant; Albret encore plus jeune. Le baron de Gayrosse opina en sa faveur1.

En 1487, la garde des villes principales du Béarn était remise aux personnages les plus qualifiés de la noblesse béarnaise. Les trois places les plus importantes de l'Etat furent confiées à de grands barons. Celui de Doumy fut nommé capitaine de Lescar, Arros capitaine de Nay et Gayrosse capitaine de la ville d'Orthez: les frais de garde furent liquidés à ces trois barons sur le pied de 24 écus chacun 2 pour deux mois de service avec douze compagnons.

-1511, vente par Auger, baron de Gayrosse, à Peyrolet de Florence jurat d'Oloron des droits seigneuriaux d'Osse, Aydius et Leez-Athas3.- 1512, vente d'un bois situé à Précillon, par Auger, baron de Gayrosse, à Peyrolet de Florence jurat d'Oloron". 1516, bail de la dime de Gerderest par Auger, baron de Gayrosse, tuteur de Françoise de Béarn, héritière de la Baronnie de Gerderest, en faveur de Jean de Capdeville ". Le 31 mars 1517, Auger, baron de Gayrosse, figure à son rang dans la cérémonie du serment prêté devant les Etats de Béarn, assemblés à Lescar par Alain, sire d'Albret, tuteur du jeune roi Henri de Navarre. En 1518, Auger de Gayrosse se livra à de telles exactions et violences sur les habitants de sa baronnie, que ceux-ci s'adres

1. — Compilation et règlements du pays de Béarn, p. 24: Le For ne permettait pas au prince de marier ses enfants sans le consentement des Etats.

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Arch. dép., C. 680 et Livre des syndics de Béarn, p. 52,
Arch. dép., E. 1912, Pau.

- Ibid., E. 1464, Monein.

Ibid., E. 1983, Pau.

6. — Ibid., E. 107 et Cadier, Les Etats de Béarn, p. 250.

sèrent au roi de Navarre qui leur donna une sauvegarde contre leur baron en les prenant sous sa protection 1.

Il épousa Marguerite de Béarn. En 1535, François de Béarn, seigneur de Gerderest, sénéchal de Béarn, fait saisir les fiefs d'Auger, baron de Gayrosse 2.

Par sa situation de capitaine de la ville d'Orthez, le baron de Gayrosse avait pris une importance nouvelle; aussi voulut-il, sans nul doute, s'en prévaloir aux États; les deux autres capitaines de Lescar et de Nay, les barons de Doumy et d'Arros émirent également des prétentions, et une lutte nouvelle de préséance éclata entre eux et le baron de Miossens, vers 1521 3. La discussion eut lieu; mais la solution présentant de grosses difficultés, on s'en remit à l'arbitrage du Roi. La sentence du Souverain n'a pu être retrouvée, mais on ne saurait douter qu'elle ait été rendue, puisque, en 1538, lors du premier dénombrement des biens nobles, dont il sera question à l'article consacré au douzième baron, l'on pourra constater que le baron déclare qu'il possède la troisième voix parmi les douze grands barons, et que tous les successeurs s'autorisèrent de ce précédent, demeuré incontesté, pour invoquer le privilège de la troisième place.

Auger de Gayrosse a joué le plus grand rôle dans les événements de la fin du xve et du commencement du XVIe siècles.

1. Archives du château de Gayrosse-Audėjos, fonds Gayrosse.

2.

-

Consignation faite pour ce procès, par Pierre de Castagnède ; les diverses monnaies sont réduites à leur valeur en écus; vaisselle : une tasse d'argent ornée d'un navire au fond; une autre avec un aigle et un écusson; une autre portant un St-Jean-l'Evangéliste; une autre ornée d'un loup; une autre avec un G et une rose; une autre avec un ange portant un écusson; une autre représentant un arbre et un ours; quatre ceintures d'argent ; une couronne d'argent doré.

3.

<< Item, car Moss. de Miucents et Moss. de Domii, Moss. d'Arros, Moss. de Gayrosse, aven different enter lor toquant los siegis et qui debe haver la prumero botz. Lo dit senhor de Miucentz protesta à l'encontre de Moss. de Gerderest et lo dit senhor de Domii contre lodt senhor de Miucentz et Mossenhor de Gayrosse contre Moss. de Domii. Et si ben agosse question enter las villes, fo concludit que fosse supplicat au Rey qui intersi et la prumere assemblade Sa Majestat y agosse probedit, determinat et judyat aixi que audit senhor fo supplicat et per Sa Majestat concedit appuentat et autreyat... » Arch. Dép., C. 681, fo XII, février, martz et april, mil ve xxII et XXIII.

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