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gie serait considérable. Le cas, en effet, est extrêmement grave et exige les plus prompts secours.

Les fumigations émollientes, ou simplement d'eau chaude, dirigées vers les parties sexuelles, en faisant cesser le spasme utérin, donnent lieu à une hémorrhagie plus ou moins grave et par conséquent à une inertie de la matrice. M. Dubreuilh, à la page 39 de son mémoire, en rapporte un exemple bien concluant.

Passons maintenant à des causes plus directes de l'inertie de la matrice.

Si, après la délivrance, le sang qui avait afflué vers l'utérus continue à s'y porter par le fait d'un stimulus quelconque, il devra en résulter une hémorrhagie ou tout au moins une disposition fluxionnaire hémorrhagique vers la matrice qu'elle congestionnera, et, partant, la rétraction de l'organe sera trop difficile pour qu'il n'en résulte pas une hémorrhagie immédiate ou secondaire, selon le degré de résistance offert par l'état d'engorgement des parois plus ou moins imbibées du fluide sanguin.

Une hémorrhagie peut s'être présentée pendant la parturition et continuer après la délivrance. Cette hémorrhagie peut être l'effet d'une déchirure de l'utérus lui-même, ou bien d'une lacération du col. Cette hémorrhagie de cause traumatique est accompagnée de l'inertie de l'utérus. Je ne m'occuperai point ici de la première de ces lésions; quant à la seconde, celle du col, le flux sanguin ne saurait persister, si le col se contractait; or, c'est ce qui arriverait, je suis très-porté à le croire, sous l'effet du liquide de l'injection baignant la plaie à sa sortie de l'utérus.

« Si, après la délivrance, » dit M. Cazeaux, « l'hémorrha» gie a lieu spontanément, on devra supposer qu'une » parcelle du placenta, des lambeaux de membranes,

» un caillot, un corps étranger enfin, est cause de » l'inertie de la matrice. Ces causes auront d'autant >> plus d'action qu'elles agiront sur un organe très» affaibli par l'effet du travail pénible qu'il vient » d'exécuter. »

Bien qu'une partie du placenta, demeurée dans la cavité utérine, puisse, on le sait, donner lieu à une hémorrhagie, je dois cependant faire observer qu'il n'en est pas toujours ainsi; car on a vu le placenta séjourner, tout entier, des jours et même des semaines dans l'utérus, sans donner lieu à des flux sanguins. Je fus appelé, il y a une quarantaine d'années, lorsque j'habitais Puerto-Rico, auprès d'une femme de la campagne, accouchée depuis seize jours; elle n'avait pas rendu le délivre; l'accoucheuse, peu experte, avait arraché le cordon à la suite des tractions faites dans le but d'entraîner le placenta, lequel, malgré ces tiraillements, était resté dans la cavité.

L'odeur infecte qui s'exhalait de la malade et les symptômes d'une infection putride me firent croire à une fin très-prochaine; la malade, en effet, mourut dans la nuit, malgré les injections et les boissons antiseptiques qui lui furent administrées. Ce que je tiens à faire connaître, en rapportant ce cas, c'est qu'il n'y eut pas d'hémorrhagie.

Ceci me conduit à énoncer que, pour qu'un corps étranger stationnant dans l'utérus provoque l'inertie de cet organe, il faut qu'il y ait une disposition particulière. On doit bien comprendre que la présence d'un corps étranger dans une cavité de l'économie produit une excitation qui pousse l'organe à se débarrasser de ce corps. Si l'utérus conservait ses facultés, des contractions auraient lieu, et le corps étranger serait expulsé, comme il arrive assez souvent des caillots.

Si la présence d'un corps étranger dans l'utérus ne produit pas toujours une hémorrhagie, il ne faudrait cependant pas se fier à l'absence immédiate du flux sanguin, pour croire ce danger écarté; l'accident pourrait, en effet, se présenter quelques heures plus tard, même après que la matrice paraissait s'être rétractée.

Pendant la durée d'une métrorrhagie qui a commencé aussitôt après la délivrance, il peut arriver que le flux sanguin s'arrête presque subitement, quoique l'utérus ne soit pas encore revenu sur lui-même. Ceci est souvent dû à un spasme qui a contracté le col de manière à beaucoup diminuer la capacité de l'orifice, ce qui a permis au sang de s'y arrêter et d'y former un caillot qui, en l'obstruant presque entièrement, ne livre plus passage au sang. L'exsudation n'en continue pas moins à l'intérieur de la cavité utérine; d'externe qu'elle était, l'hémorrhagie est simplement devenue interne. L'utérus, alors, peut prendre un développement considérable, auquel ses parois se prêteront bien plus facilement que lorsqu'il s'agissait du développement du foetus, par la raison que les fibres musculaires, distendues pendant toute la durée de la gestion, n'ont pas encore repris leur ressort. Il est bon de savoir que, dans cet état de distension, l'utérus peut présenter au toucher un certain degré de fermeté qui fasse croire qu'il est uniformément contracté. Cette particularité éloignerait la pensée de l'existence d'une inertie utérine, si d'autres symptômes n'indiquaient que l'hémorrhagie persiste. L'état de fermeté dont je viens de parler peut être dû à la dureté des caillots contenus dans la matrice.

Il est encore une particularité qui mérite d'arrêter quelques instants notre attention je veux parler de ces hémorrhagies internes, effet d'une occlusion presque complète de l'orifice. Elles se révèlent par des symp

tômes de grande faiblesse chez la malade. En palpant l'hypogastre, on est très-surpris de trouver que l'utérus n'a pas le volume qu'il devrait avoir dans un cas d'épanchement sanguin, tel que celui qui devrait exister d'après la gravité des symptômes. On le trouve dur et peu volumineux, on est porté à croire qu'il est rétracté sur luimême; mais, en même temps, on reconnaît qu'il s'écoule par le vagin une grande quantité de sérosité, qui n'est autre chose que celle qui s'est séparée des caillots, devenus en conséquence plus fermes et plus circonscrits. Les caillots, dans ce cas, occupent un moindre volume que celui qu'ils exigeraient, si la partie fluide qui s'en est séparée existait dans la cavité utérine. Ainsi s'explique le faible développement de l'utérus dans cette grave complication, ainsi que sa dureté au toucher.

Une faiblesse générale chez l'accouchée qui paraît être sortie heureusement de son accouchement, peut donner lieu à une inertie de la matrice qui pourra ne se manifester que quelques heures après la délivrance. Ce phénomène, qui amène un flux sanguin qu'on serait disposé à prendre pour des lochies abondantes, se traduit chez la malade par une certaine anxiété, par une grande faiblesse, et encore par des tranchées plus ou moins vives qui cessent et se reproduisent alternativement. Les moyens habituels employés pour faire contracter l'utérus réussissent parfois, et alors une certaine quantité de caillots sont expulsés. L'organe peut alors se maintenir contracté, mais ceci est l'exception; d'ordinaire de nouvelles manoeuvres sont nécessaires pour combattre l'inertie qui se présente à nouveau. Il sera toujours prudent de n'abandonner les moyens employés qu'après s'être assuré de la permanence de la rétraction, si surtout cela se produit chez certaines femmes qui,

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après chaque délivrance, présentent les mêmes phénomènes.

Pour peu que le praticien veuille se reporter à ce qui se passe, chez les femmes multipares, après chaque accouchement, il se rappellera que chaque jour, pendant au moins une semaine, la femme éprouve, de temps à autre, des tranchées qui sont suivies bien souvent de la sortie de quelques caillots de faible dimension, lesquels témoignent de la lenteur avec laquelle l'utérus revient sur lui-même. Cet état de choses n'inspire d'ordinaire aucune crainte, parce qu'on le considère comme tout naturel. Telle n'est pas ma manière de voir.

Dans la description assez étendue que je viens de faire des causes prédisposantes, occasionnelles, directes et indirectes de la métrorrhagie puerpérale résultant de l'inertie de la matrice, j'ai mentionné bien des signes qui m'exposent à des répétitions dans ce qui me reste à dire. Je compte, toutefois, sur l'indulgence de mes confrères, si je réussis à les convaincre de l'efficacité et de l'innocuité du moyen que j'emploie dans tant de circonstances pour arrêter, et mieux encore, pour prévenir ces hémorrhagies si souvent fatales aux accouchées.

SYMPTÔMES QUI INDIQUENT LES MÉTRORRHAGIES.

Il est des signes précurseurs des hémorrhagies utérines; mais, dans bien des cas, ces signes font défaut, ou ils sont tellement faibles, qu'ils risquent d'être confondus avec le malaise qui est la conséquence naturelle de la parturition. Je vais rapporter ceux qu'il m'a été donné d'observer dans ma longue pratique :

Malaise général, surtout dans la région du bassin ; état d'agitation; douleurs qui, partant de l'utérus, s'irra

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