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un style pur, clair, d'un dessin ferme, et capable quelquefois d'énergie et de flamme. Ecoutons-la quand elle s'anime dans sa passion dominante, presque unique, qui est pour Saint-Cyr. L'imagination dans l'expression apparaît: « Rien ne m'est plus cher que mes enfants de Saint-Cyr; j'en aime tout, jusqu'à leur poussière. » Et encore : « Vive Saint-Cyr Prions Dieu pour qu'il vive autant que la France et la France autant que le monde! » Est-ce bien elle, associant son amour pour son troupeau à son amour pour le royaume, et, dans son zèle d'institutrice, laissant échapper un cri de reine! Quelles qu'aient pu être les fautes politiques de cette illustre femme, il lui a été sans doute beaucoup pardonné, parce qu'elle a beaucoup aimé Dieu, les enfants et Athalie.

LA BRUYÈRE

LA BRUYÈRE

I

SA VIE.

Jean de La Bruyèré naquit à Paris « dans la cité, près de Notre-Dame et de l'Hôtel-Dieu », le 16 août 1645. Il était fils de Louis de La Bruyère, contrôleur général des rentes de la ville. Il fut élève à l'Oratoire (point contesté), puis étudiant en droit, et après avoir pris sa licence à l'Université d'Orléans (1665), il devint avocat au Parlement de Paris. En 1673, il acheta un office de trésorier des finances dans la généralité de Caen. Il ne semble pas qu'il y ait résidé. Il vivait très obscurément à Paris, lisant, étudiant, observant beaucoup, grand promeneur, grand fureteur, habitué des boutiques de curiosités et des librairies. En 1684, Bossuet, qui le connaissait, on ne sait au juste par suite de quelles circonstances, et qui l'appréciait beaucoup, le présenta dans la maison des Condé et l'y fit agréer comme précepteur du duc de

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Bourbon, petit-fils du grand Condé et âgé alors de 16 ans (15 août 1684).

L'éducation de l'enfant terminée (11 décembre 1686, à la mort du vainqueur de Rocroy), La Bruyère, conformément aux habitudes du temps, resta dans la maison de Condé, à titre de « gentilhomme de Monsieur le Duc ». Il traduisit les Caractères de Théophraste. Il écrivit les « Caractères et les mœurs de ce siècle » et en publia neuf éditions, toujours revues et augmentées, dont la première est de 1688 et la dernière de 1695. Il se présenta une première fois à l'Académie française en 1691, et Pavillon lui fut préféré. Candidat une seconde fois en 1693, il fut élu. Il écrivait dans les derniers temps de sa vie des Dialogues sur le quiétisme, qu'il laissa inachevés, et qui ont été publiés en 1699.

Il mourut à Versailles, subitement, d'une attaque d'apoplexie, le 10 mai 1696. Le 28 mai, Bossuet écrivait «Toute la cour l'a regretté, et Monsieur le Prince plus que tous les autres ».

II

LA PHILOSOPHIE DE LA BRUYÈRE,

La Bruyère n'a aucune originalité ni aucune profondeur comme philosophe. Il a très peu d'idées

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