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Babyloniens, l'usage de diviser le jour en douze parties (1). Les Romains prirent ensuite cet usage des Grecs; il ne fut introduit chez les Romains qu'après la première guerre punique ce fut vers ce tems-là que par une autre extension l'on dona le nom d'heures aux douze parties du jour et aux douze parties de la nuit, celles-ci étoient divisées en quatre veilles dont chacune comprenoit trois heures.

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>Dans le langage de l'Eglise, les jours de la se maine qui suivent le Dimanche, sont apelés féries par extension.

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Il y avoit parmi les anciens des fêtes et des féries: les fêtes étoient des jours solemnels où l'on faisoit des jeux et des sacrifices avec pompe; les féries étoient seulement des jours de repos où l'on sabstenoit du travail. Festus prétend que ce mot vient à feriendis victimis.

L'année chrétienne començoit autrefois a■ jour de Pâques; ce qui étoit fondé sur ce passage de S. Paul. Quomodò Christus resurrexit à mortuis ita et nos in novitate vitæ ambulemus(2),

L'empereur Constantin ordona que l'on s'abstiendroit de toute œuvre servile pendant la quin zaine de Pâques, et que ces quinze jours seroient féries: cela fut exécuté du moins pour la premièse semaine; ainsi tous les jours de cette première semaine furent féries. Le lendemain du dimanche d'après Pâques fut la seconde férie, ainsi

(1) Pline, L. VII. c.60.

(a). Rom. c. vi, 49.

des autres. L'on dona ensuite par extension, par imitation, le nom de férie seconde, troisième, quatrième, etc., aux autres jours des semaines suivantes, pour éviter de leur doner les noms profanes des Dieux des païens. si at 1557

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C'est ainsi que chez des Juifs le nom de saba [sabatum qui signifie repos, fut donné au sep tième jour de la semaine, en mémoire de ce qu'en ce jour Dieu se reposa, pour ainsi dire, en cessant de créer de nouveaux êtres : ensuite par extension on dona le même nom à tous les jours de la semaine, en ajoutant premier, second, troisieme, ete., prima, secunda, etc. sabbatorum. Sabatum se dit aussi de la semaine. On dona en: core ce nom à chaque septième année, qu'on apela année sabatique, et enfin à l'année qui arivoit après sept fois sept ans, c'étoit le jubilé des Juifs tems de remission, de restitution, où chaque particulier rentroit dans ses anciens héritages aliénés, ou les esclaves devenoient libres,

Notre verbe aler, signifie dans le sens propre, se transporte d'un lieu à un autre ; mais ensuite dans combien de sens figurés n'est-il pas employé par extension? Tout mouvement qui aboutit à quelque fin; toute manière de procéder, de se conduire, d'ateindre à quelque but ; enfin tout ce qui peut être comparé à des voyageurs qui vont ensemble, s'exprime par le verbe aler, je vais pu je vas ; aler à ses fins aler drois an but: il ira loin, c'est-à-dire, il fera de grands

progrès, aler étudier, afer lire, etc. pika) Devoir, veut dire dans le sens propre, être

obligé

u'on

bligé par les lois à payer ou à faire quelque chose : on le dit ensuite par extension de tout ce qu' doit faire par bienséance , par politesse, nous devons aprendre ce que nous devons aux autres, et ce que les autres nous doivent.

Devoir se dit encore par extension de ce qui arrivera, come si c'étoit une dette qui dût être payée: je dois sortir: instruisez-vous de ce que vous êtes, de ce que vous n'êtes pas, et de ce que vous devez être, c'est-à-dire, de ce que vous serez, de ce à quoi vous êtes destiné.

Notre verbe auxiliaire avoir, que nous avons pris des Italiens, vient dans son origine du verbe habere, avoir, posséder. César a dit (1) qu'il envoya au devant de toute la cavalerie qu'il avoit assemblée de toute la province, quem coactum habebat. Il dit encore dans le même sens, avoir les fermes tenues à bon marché, c'est-à-dire, avoir pris les fermes à bon marché, les tenir à bas prix. Dans la suite on s'est écarté de cette signification propre d'avoir, et on a joint ce verbe par métaphore et par abus, à un supin, à un participe ou adjectif, ce sont des termes abstraits dont on parle come de choses réelles : amavi, j'ai aimé, habeo amatum; aimé est alors an-supin, un nom qui marque le sentiment que le verbe signifie; je possède le sentiment d'aimer,

(1) Cæsar præmisit equitatum omnem, quem ex omni provincia coactum habebat. Cæsar, de bello Gallico. L. 1. Vectigalia parvo pretio redempta habere. Idem ibib. Nostram adolescentiam habent despicatam, Ter, Eum. Act. a. sc. 3. v. 92.

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come un autre possède sa montre. On est si fort accoutumé à ces façons de parler, qu'on ne fait plus atention à l'anciène signification propre d'avoir; on lui en donne une autre qui ne signifie avoir que par figure, et qui marque en deux mots le même sens que les Latins exprimoient en un seul mot. Nos Grammairiens qui ont toujours raporté notre Grammaire à la Grammaire latine, disent qu'alors avoir est un verbe auxiliaire parce qu'il aide le supin ou le participe du verbe marquer le même tems que le verbe latin signifie en un seul mot.

Etre, avoir, faire, sont les idées les plus simples, les plus comunes, et les plus intéressantes pour l'home: or, les homes parlent toujours de tout par comparaison à eux-mêmes, de-là vient que ces mots ont été le plus détournés à des usages diférens : être assis, être aimé, etc., avoir de l'argent, avoir peur, avoir honte, avoir quelque chose faite, et en moins de mots avoir fait.

De plus, les homes réalisent leurs abstractions; ils en parlent par imitation, come ils parlent des objets réels: ainsi ils se sont servis du mot avoir en parlant de choses' inanimées et de choses abstraites. On dit cette ville a deux lieues de tour, cet ouvrage a des défauts ; les passions ont leur usage; il a de la vertu et ensuite par imitation et par ahus, il a aimé, il a lu, etc.

Remarquez en passant que le verbe a est alors au présent, et que la signification du prétérit n'est que dans le supin ou participe.

On a fait aussi du motil un terme abstrait,qui représente une idée genérale, l'être en général. Il y a des homes qui disent, illud quod est, ibi habet homines qui dicunt : dans la bone latinité, on prend un autre tour, come nous l'avons remarqué ailleurs.

Notre il dans ces façons de parler, répond au res des Latins:Propiùs métum res fuerat (1), la chose avoit été proche de la crainte, c'est-à-dire, il y avoit eu sujet de craindre. Res ita se habet, il est ainsi. Res tua agitur : il s'agit de vos intérêts,

etc.

Ce n'est pas seulement la propriété d'avoir, qu'on a atribuée à des êtres inanimés et à des idées abstraites, on leur a aussi atribué celle de vouloir : on dit cela veut dire, au lieu de cela signifie; un tel verbe veut un tel cas; ce bois ne veut pas brûler; cette clé ne veut pas tourner,etc. Ces façons de parler figurées sont si ordinaires, qu'on ne s'aperçoit pas même de la figure.

La signification des mots ne leur a pas été donée dans une assemblée générale de chaque peuple, dont le résultat ait été signifié à chaque particulier qui est venu dans le monde; cela s'est fait insensiblement et par l'éducation: les enfans ont lié la signification des mots aux idées que l'usage leur a fait conoître que ces mots signifioient.

1. A mesure qu'on nous a doné du pain, et qu'on nous a prononcé le mot de pain; d'un côté le pain a gravé par les yeux son image dans

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