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Les Latins ont fait le même usage de saltare, qui répond à danser. Saluste a dit de Sempronia, qu'elle savoit mieux chanter et danser qu'une honête femme ne doit le savoit Psallere et saltare elegantiùs, quam necesse est proba (1): (supple) docta erat psallere et saltare; saltare est pris alors dans un sens neutre mais lorsqu'Horace à dit saltare Cyclopa (2), danser le Cyclope; saltare est pris alors dans un sens actif. « Les Grecs (3) » et les Latins, dit monsieur Dacier, ont dit » danser le Cyclope, danser le Glaucus, dan » ser Ganymède, Leda, Europe, etc.» c'està-dire, représenter en dansant les aventures du Cyclope, de Glaucus, etc.

Le même poëte a dit: Fusius ebrius Ilionam edormit (4), le comédien Fusius, en représentant Ilione endormie s'endort lui-même come un home ivre qui cuve son vin. Térence a dit (5) edormiscam hoc villi, je cuverai mon vin et Plaute (6) edormiscam hanc crapulam, et dans l'Amphitrion, il a dit, edormiscat unum somnum (7), come nous (1) Sallust. Catil.

(2) Hor. 1. I. Sat. V. v. 63.

(2) Remarq. ibid.

(4) Hor. 1. II. sat. III. v. 61.

(5) Ter. Adel. act. V. sc. IX. v. II.

(6) Plaut. Rud. act. II. sc. VII. v. 28.

(7) Id. Amph. act. II. sc. II. v. 65. Et Vossius s'exprime en ces termes verba accusativum habent su originis vel cognatæ significationis prioris generis apsd

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disons dormir un some. Vous voyez que dans ces exemples, edormire et edormiscere se prènent dans un sens actif.

Cette remarque sert à expliquer ces façons de parler itur, favetur, etc. ces verbes neutres se prènent alors en latin dans un sens passif, et marquent que l'action qu'ils signifient est faite, iter, itur, l'action d'aler se fait. Voyez ce que nous en avons dit dans la syntaxe : l'action que le verbe signifie, sert alors de nominatif au verbe même, selon la remarque des anciens Grammairiens (1).

I V.

SENS ABSOLU, SENS RELATIF.

UN mot est pris dans un sens absolu, lorsqu'il exprime une chose considérée en elle-même sans aucun raport à une autre. Absolu vient

Terentium est ludere ludum. Eun. act. III. sc. V. v. 39. Apud Maronem furere furorem. Æn. 1. XII. v. 680.

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Donatus Archaisinum vocat, mallem Atticismum dixisquia sic locutos constat modo qui desita et obsoleta amant, sed optimos quosque optimi ævi scriptores, etc. Vossius de Constructione, p. 409.

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(1) Ut curritur à me pro curro; vel statur à te, pro stas: sedetur ab illo, pro sedet ille in eis potest ipsa res intelligi voce passiva; ut curritur cursus bellatur bellum Priscianus, lib. XVII. c. de Pronominum constructione.

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d'absolutus, qui veut dire achevé, acompli, qui ne demande rien davantage; par exemple; quand je dis que le soleil est lumineux, cette expression est dans un sens absolu; celui à qui je parle n'entend rien de plus, par raport au sens de cette phrase.

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Mais si je disois que le soleil est plus grand que la terre alors je considérerois le soleil par raport à la terre, ce seroit un sens relatif ou respectif. Le sens relatif ou respectif est donc lorsqu'on parle d'une chose par raport à quelqu'autre: c'est pour cela que ce sens s'apèle aussi respectif, du latin respiregarder; parce que la chose dont on parle, en regarde, pour ainsi dire, une autre; elle en rapèle l'idée, elle y a du raport, elle s'y raporte; de-là, vient relatif, de referre, raporter. Il y a des mots relatifs, tels que père, fils, époux " etc.: nous en avons parlé ailleurs.

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COLLECTIF vient du latin colligere, qui veut dire recueillir assembler. Distributif vient de distribuere qui veut dire distribuer, partager.

La femme aime à parler cela est vrai em

parlant des femmes en général; ainsi le mot de femme est pris là dans un sens collectif : mais la proposition est fausse dans le sens distributif; c'est-à-dire, que cela n'est point vrai de chaque femme en particulier.

L'home est sujet à la mort; cela est vrai dans le sens collectif, et dans le sens distributif.

Au lieu de dire le sens collectif et le sens distributif, on dit aussi, le sens général et le sens particulier.

Il y a des mots qui sont collectifs, c'està-dire, dont l'idée représente un tout en tant que composé de parties actuèlement séparées, et qui forment autant d'unités ou d'individus particuliers tels sont armée, république, régiment.

V I.

SENS ÉQUIVOQUE, SENS LOUCHE.

Il y a des mots et des propositions équivoques. Un mot est équivoque, lorsqu'il signifie des choses diférentes: come chœur, assemblée de plusieurs persones qui chantent; caur, partie intérieure des animaux : autel, table sur quoi l'on fait des sacrifices aux Dieux; hôtel, grande maison. Ces mots sont équivoques, du moins dans la prononciation, Lion, nom d'un

animal; Lion, nom d'une constellatoin, dra signe celeste; Lyon nom d'une ville; coin, sorte de fruit; coin, angle, endroit; coin, instrument avec quoi l'on marque les monois et les médailles; coin, instrument qui sert à fendre du bois coin, est encore un terme de manège, etc.

De quelle langue (1) voulez-vous vous servir avec moi? dit le docteur Pancrace, parlant i Sganarèle de la langue que j'ai dans ma boyche, répond Sganarèle; où vous voyez que par langue, l'un entend langage, idiome; et l'autre entend, come il le dit, la langue que nous avons dans la bouche.

on deit

Dans la suite d'un raisonnement, toujours prendre un mot dans le même sens qu'on l'a pris d'abord, autrement on ne raisonneroit pas juste; parce que ce seroit ne dire qu'une même chose de deux choses diférentes car, quoique les termes équivoques se ressemblent quant au son, ils signifient pourtant des idées diférentes; ce qui est vrai de l'une n'est donc pas toujours vrai de l'autre.

Une proposition est équivoque quand le sujet ou l'atribut présente deux sens à l'esprit; ou quand il y a quelque terme qui peut se raporter ou à ce qui précède, ou à ce qui suit : c'est ce qu'il faut éviter avec soin, afin de s'acou tumer à des idées précises.

Il y a des mots qui ont une construction (1) Molière, mariage forcé, sc. IV.

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