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atribut; par exemple: Un père est toujours père, cela veut dire qu'un père est toujours tendre pour ses enfans, et que malgré les mauvais procédés, il a toujours des sentimens de père à leur égard; alors ces substantifs se construisent come de véritables adjectifs. « Dieu est »notre ressource, notre lumière, notre vie, ›› notre soutien, notre tout. L'home n'est qu'un » néant. Etes-vous prince? Etes - vous roi ? » Etes-vous vous avocat ? Alors prince, roi, sont adjectifs.

avocat,

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Cette remarque sert à décider la question que font les Grammairiens, savoir si ces mots roi, reine, père, mère, etc. sont substantifs ou adjectifs ils sont l'un et l'autre, suivant l'usage qu'on en fait. Quand il sont le sujet de la proposition, ils sont pris substantivement; quand ils sont l'atribut de la proposition, ils sont pris adjectivement. Quand je dis le roi aime le peuple, la reine a de la piété : roi, reine, sont des substantifs qui marquent un tel roi et une telle reine en particulier; ou, come parlent les philosophes, ces mots marquent alors un individu qui est le roi mais quand je dis que Louis XV est roi, roi est pris alors adjectivement, je dis de Louis qu'il est revêtu de la puissance royale.

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Il y a quelques noms substantifs latins qui sont quelquefois pris adjectivement, par métonymie, par synecdoque ou par antonomase. Scelus, crime, se dit d'un scélérat, d'un home qui est, pour ainsi dire, le crime même :

Scelus

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- celus quemnam hic laudat ? (1) Le scélérat de qui parle-t-il ? Ubi illic est scelus qui me = perdidit (2)? Où est ce scélérat qui m'a perdu ? où vous voyez que scelus se construit avec illic qui est un masculin; car selon les anciens Grammairiens, on disoit autrefois illic, illæc, illuc, au lieu de ille, illa, illud : la construction se fait alors selon le sens, c'est-à-dire, par raport à la persone dont on parle, et non selon le mot qui est neutre.

Carcer, prison, se dit aussi par métonymie, de celui qui mérite la prison. Ain tandem carcer (3)? Que dis-tu, malheureux ? C'est peutêtre dans le même sens qu'Enée, dans Virgile, parlant des Grecs à l'ocasion de la fourberie de Sinon, dit, et crimine ab uno disce omnes (4). Ce que nous ne saurions rendre en français en conservant le même tour, un seul fourbe, une seule de leurs fourberies, vous fera conoître le caractère de tous les Grecs. Térence a dit unum cognoris, omnes noris (5).

Noxa, a, est un substantif, qui dans le sens propre, signifie faute, peine, domage: de nocere. Il est dit dans les instituts de Justinien, que ce mot se prend aussi pour l'esclave même qui a fait le domage. Noxa (6) autem

(1) Ter. And. act. V. sc. VI. v. 3.
(2) Ibid. act. III. sc. V. v. I.

(3) Ter. Phorm. act. II. sc. III. v. 26.
(4) Æn. II. v. 65.

(5) Phorm. act. II. sc. I. v. 35.

(6) Inst. 1. IV. Tit. VIII. §. I.

est ipsum corpus quod nocuit, id est servus (noxius). Ce mot n'est pourtant pas d'un usage ordinaire en ce sens dans la langue latine.

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Un adjectif se prend aussi quelquefois substantivement; c'est-à-dire, qu'un mot qui est ordinairement atribut est quelquefois sujet dans une proposition; ce qui ne peut ariver que parce qu'il y a alors quelqu'autre nom sous-entendu qui est dans l'esprit ; par exemple : le vrai persuade, c'est-à-dire, ce qui est vrai, l'être vrai, ou la vérité. Le tout puissant vengera les foibles qu'on oprime, c'est-à-dire ; Dieu, qui est tout puissant, vengera les homes foibles.

Nous avons vu dans les préliminaires de la syntaxe, que l'adverbe est un mot qui renferme la préposition et le nom qui la détermine. La préposition marque une circonstance générale, qui est ensuite déterminée par le nom qui suit la préposition selon l'ordre dest idées or, l'adverbe renfermant la préposition et le nom il marque une circonstance particulière du sujet, ou de l'atribut de la proposition sapienter, avec sagesse, avec jugement; sapè, souvent, en plusieurs ocasions; ubi, où, en quel lieu, en quel endroit; ibi, là en cet endroit-là.

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Il y a quelques noms substantifs qui sont pris adverbialement, c'est-à-dire, qu'ils n'entrent dans une proposition que pour marquer que circonstance du sujet ou de l'atribut, en

Vertu de quelque préposition sous-entendue ; par exemple domi, à la maison, au lieu de la demeure. Videt nuptias domi apparari (1), elle voit qu'on se prépare chez nous à la noce; domi marque la circonstance du lieu où l'on se préparoit à la noce on sous-entend, in ædibus domi, dans les apartemens de la maison, de la demeure; ou bien in aliquo loco domi. Plaute a exprimé ædes; onines domi per ædes (2), de chambre en chambre, d'apartement en apar→

tement.

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Quand domi est opposé à belli ou militiæ; on sous-entend in rebus; Cicéron l'a exprimé quibuscumque rebus vel belli, vel domi (3); alors domi se prend pour la patrie, la ville, et selon notre manière de parler, pour la paix, le tems de la paix. Nous avons parlé ailleurs de ces sortes d'ellipses.

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Oppido se prend aussi adverbialement, come nous l'avons remarqué plus haut. Quand on sait une fois la raison des terminaisons de ces mots, on peut se contenter de dire que ce sont des substantifs pris adverbialement,

Les adjectifs se prènent aussi fort souvent adverbialement, come je l'ai remarqué en parlant des adverbes ;. par exemple : parler haut, parler bas, parler grec et latin, græcè et latinè loqui penser juste, sentir bon, sen

(1) Ter. And. act. III, sc. II v. 34.
(2) Plaute, Casina, act. V,. sc. V, V.:
(3) Cic. de Offic. 1. II, n. 85, aliter XXIV.

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tir mauvais, marcher víte, voir clair, fraper fort, etc.

Ces adjectifs sont alors au neutre et c'est une imitation des Latins: Transvers tuentibus hircis; hircis tuentibus ad negotia transversa (1). Recens est très-usité dans les bons auteurs, au lieu de recenter, qui ne se trouve que dans les auteurs de la moyène latinité : Sole recens orto: Puerum recens (2) natum reperire (3). Dans des ocasions il faut sousentendre la préposition ad, ou juxta, ou in; juxta recens negotium, ou tempus, come nous disons, à la française, à la mode, à la renverse, à l'improviste, à la traverse etc. Horace a dit ad plenum pour plenè, pleinement, abondament, à plein: manabit ad plenum (4). On trouve aussi in pour ad; lætus in præsens animus Jactis in altun molibus (5).

Exit in immensum fecunda licentia vatúm (6).

Ainsi quand Saluste a dit, mons immensum editus (7), il faut sous-entendre in; et avec ces adjectifs on sous-entend un mot générique, negotium, spatium, tempus, avum, etc.

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(4) L. I, Ode XVII, Hor. l. II, Ode XVI, v. 29

(5) Hør. 1. III, Ode I. v. 34.

(6) Ovid. Amor. 1. III, Eleg. XII, v. 4L, (7) Jugurt. sub fin;

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