templiffoit le monde; il déployoit une âme fublime dans le bonheur et dans l'adverfité, dans fes camps, dans fes palais, dans les cours de l'Europe et de Afie: les terres et les mers rendoient témoignage à fa munificence, et les plus petits objèts, fi-tôt qu'ils avoient à lui quelque rapport, prenoient un nouveau caractère, et recevoient l'empreinte de fa grandeur. L'autre protege des empereurs et des rois, fubjugue des provinces, interrompte le cours de fes conquêtes pour aller fécourir fes tujèts et y vole du fein de la mort, dont il eft à peine échappé. il remporte des victoires; il fait les plus grandes chofes avec une fimplicité, qui feroit penfer que ce qui étonne le reste des hommes, et pour lui dans l'ordre le plus commun et le plus ordinaire. Il cache la hauteur de fon,âme, fans s'étudier même à la cacher; et il ne peut en affoiblir les rayons, qui en perçant malgré lui le voile de fa modeftie, y prennent un éclat plus durable. Louis XIV. fe fignala par des monumens admirables, par l'amour de tous les arts, par les encouragemens qu'il leur prodiguoit. O VOUS SON AUGUSTB SUCCESSEUR, vous l'avez déjà imité, et vous n'attendez que cette paix que vous cherchez par des victoires, pour remplir tous vos projets bienfaifants, qui demandent des jours tranquilles. Vous avez commencé vos triomphes dans la même province où commencèrent ceux de votre bifayeul, et vous les avez étendus plus loin. Il regretta de n'avoir pu dans le cours de fes glorieufes compagnes forcer un ennemi digne de lui, à mefurer fes armes avec les fiennes en bataille rangée. Cette gloire qu'il défira, vous en avez joui. Plus heureux que le grand Henri, qui ne ramporta prefque des victoires que fur fa propre nation, vous avez vaincu les éternels et intrépides ennemis de la vôtre. Votre file, après vous, l'objet de nos vœux et de notre crainte, apprit à vos côtés à voir le danger et le malheur même fans être troublé, et le plus beau triomphe fans être éblouï. Lorfque nous tremblions pour vous dans Paris, vous étiez au milieu d'un champ de carnage, tranquille dans les momens d'horreur et de confufion, tranquille dans la joie tumultucufe de vos foldats victorieux: vous émbraffiez ce Général qui n'avoit fouhaité de vivre que pour vous voir triompher; cet homme que vos vertus et les fiennes ont fait votre fujèt, que la France comptera toujours parmi fes enfans les plus chers et les plus illuftres. Vous récompenfiez déjà par votre témoignage et par vos éloges tous ceux qui avoient contribué à la victoire: et cette récompenfe eft la plus belle pour François. Mais ce qui fera confervé à jamais dans les faftes de l'Académie, ce qui eft précieux à chacun de vous, Meffieurs, ce fut l'un de vos confrères qui fervit le plus votre protecteur et la France dans cette journée: ce fut lui, qui, après avoir volé de brigade en brigade, après avoir combattu en tant d'endroits différents, courut don ner et exécuter ce confeil fi prompt, fi salutaire, fi avide. ment reçu par le Roi, dont la vue difcernoit tout dans des momens où elle peut s'égarer fi aifément. Jouiffez, Meffieurs, du plaifir d'entendre dans cette affemblée ces propres paroles, que votre protecteur dit au neveu de votre fondateur fur le champ de bataille: Je n'oublierai jamais le fervice important que vous m'avez rendu. Mais fi cette gloire particulière vous eft chère, combien font chères à toute la France, combien le feront un jour l'Europe, ces démarches pacifiques que fit Louis XV. après fes victoires! I fes fait encore, il ne court à ses ennemis que pour les défarmer, il ne veut les vaincre pour les fléchir. S'ils pouvoient connoître le fond de fon cœur, ils le feroient leur arbitre au lieu de le combattre; et ce feroit peut-être le feul moyen d'obtenir fur lui des avantages. Les vertus qui le font craindre, leur ont été connues, dès qu'il a commandé: celles qui doivent ramener leur confiance, qui doivent être le lien des nations, demandent plus de tems pour être approfondies par des ennemis. que Nous plus heureux, nous avons connu fon âme dès qu'il a régné. Nous avons penfé, comme penferont tous les peuples et tous les fiècles; jamais amour ne fut ni plus vrai, ni mieux exprimé; tous nos cœurs le fentent, et vos bouches éloquentes en font les interprètes. Dès médailles dignes des plus beaux tems de la Grèce, éternifent fes triomphes et notre bonheur. Puiffai-je voir dans nos places publiques, ce Monarque humain, fculpté des mains de nos Praxiteles, environné de tous les fymboles de la félicité publique! Puiffai-je lire aux pieds de fa ftatue ces mots qui font dans nos cœurs, Au Père de la patrie. Ac TEURS. A THA L I E. T TRAGEDIE. Joas, roi de Juda, fils d'Ocofias. ZACHARIE, fils de Joad et de Jofabet. SALOMITH, fœur de Zacharie. ABNER, l'un des principaux Officiers des Roi Et les trois autres Chèfs des Prêtres et des MATHAN, Prêtre Apoftat, Sacrificateur de NABAL, confident de Mathan. AGAR, femme de la fuite d'Athalie. Suite d'ATHALIE. La NOURRICE de Joas. CHOEUR de jeunes filles de la tribu de Lévi. La fcene eft dans le Temple de Jérufalem, dans un veftibule de l'appartement du Grand-Prêtre ACTE PREMIER. SCENE PREMIERE. JOAD, ABNER. ABNER. UI, je viens dans fon temple adorer l'Eternel. Où fur le Mont Sina la loi nous fut donnée. Du temple orné par tout de feftons magnifiques, De leurs champs dans leurs mains portant les nouveaux fruits Au Dieu de l'Univers confacroient ces prémices. Et blafphème le nom qu'ont invoqué leurs pères. ment? Abner. Pensez-vous être faint et juste impunément? Dès longtems elle hait cette fermeté rare Qui rehauffe en Joad l'éclat de la tiare. Des longtems votre amour pour la religion Eft traité de révolte et de fédition. Du mérite éclatant cette Reine jaloufe, Hait fur-tout Jofabet votre fidelle épouse. Si du grand-prêtre Aaron Joad eft fucceffeur. De notre dernier roi Jofabet eft la fœur. Mathan, d'ailleurs, Mathan, ce prêtre facrilege, Plus méchant qu'Athalie, à toute heure l'affiege, Mathan de nos autels infâme déferteur, Et de toute vertu zélé perfécuteur. C'eft peu que le front ceint d'une mitre étrangère, Pour vous perdre, il n'eft point de refforts qu'il n'in vente; Quelquefois il vous plaint, fouvent même il vous vante, Et par-la de fon fiel colorant la noirceur, Dieu cachoit un vengeur armé pour fon fupplice. Ne vienne attaquer Dieu jufqu'en fon fanctuaire. Je crains Dieu, chèr Abner, et n'ai point d'autre crainte. Qui fur tous mes périls vous fait ouvrir les yeux. Le Ciel en foit béni. Mais ce fécrèt courroux, |